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Visite (guidée) du musée de la Maison Gainsbourg

Visite (guidée) du musée de la Maison Gainsbourg

Partenaires de la Maison Gainsbourg, nous sommes allés à la rencontre de Sébastien Merlet, commissaire du Musée de la Maison Gainsbourg. Ce fin connaisseur de «l'homme à la tête de chou» nous fait découvrir plusieurs objets insolites de la collection : un trésor de plus de 400 objets qui retrace la vie et l’œuvre de l’auteur du «Poinçonneur des Lilas». Visite guidée.

Par Benoît Dusanter - Publié le 16.11.2024
Visite du Musée de la Maison Gainsbourg - 2024 - 09:05 - vidéo
 

La vidéo en tête de cet article propose une visite guidée du Musée de la Maison Gainsbourg par son commissaire, Sébastien Merlet.

Arts mineurs et arts majeurs

Parmi les objets emblématiques de la collection, Sébastien Merlet nous propose d’abord un focus sur une toile de Serge Gainsbourg offerte à Juliette Gréco en 1959. « Avant de se destiner à la musique, Gainsbourg se vouait à une carrière de peintre. Il existe très peu de toiles de Serge Gainsbourg tout simplement parce qu’il les détruisait au fur et à mesure », nous explique le commissaire du musée. Gainsbourg a toujours considéré la peinture comme l’art suprême. On connaît son accrochage avec Guy Béart sur le plateau d’« Apostrophes » en 1986. Un épisode célèbre dans lequel Serge Gainsbourg explique que « tout art nécessite une initiation », ce qui n’est pas le cas, à ses yeux, de la chanson.

La toile peinte dans un style assez naïf, représente deux jeunes enfants jouant dans un bac à sable. On est bien loin de la peinture torturée de Francis Bacon qu’admirait Serge Gainsbourg. « On imagine une peinture sans concession pour Gainsbourg, quelque chose d’assez cru (…). En fin de compte, on voit à travers les œuvres qu’il a laissées une personnalité très délicate, des tons pastel, pas du tout criards » souligne Sébastien Merlet. Il ajoute : « Il y a un regret. Évidement qu’il aurait voulu être peintre. Il s’était fixé comme objectif de réussir dans la peinture avant ses 30 ans. Et que s’il n’y parvenait pas, il ferait autre chose. C’est exactement ce qu’il a fait. »

« Les Enfants au square », toile peinte par Serge Gainsbourg dans les années 50 et offerte à Juliette Gréco. Crédits : Maison Gainsbourg.

« Les Enfants au square », toile peinte par Serge Gainsbourg dans les années 50 et offerte à Juliette Gréco. Crédits : Maison Gainsbourg.

B.B. et le scandale de « Je t’aime moi non plus »

En octobre 1967, une histoire d’amour démarre entre Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot autour de la conception de la chanson « Harley Davidson » . Cette idylle aussi intense que courte (deux mois) va être « une période extrêmement créative pour Gainsbourg. C’est à ce moment-là qu’il compose pour elle Harley Davidson, Bonnie and Clyde et Je t’aime moi non plus », poursuit Sébastien Merlet.

Peu avant Noël 1967, les deux amants se retrouvent dans le plus grand secret en studio pour enregistrer « Je t’aime moi non plus ». Quelques jours plus tard, l’information fuite dans la presse et fait la Une des journaux : « Le disque scandaleux de B.B. 4:35 minutes de râles et de cris amoureux. » Mariée avec le millionnaire allemand Gunter Sachs, Brigitte Bardot cherche à éviter le scandale. Elle écrit le 21 décembre 1967 à la maison de disques Phillips pour ne pas sortir le disque. Le lendemain, Serge Gainsbourg confirme à son tour par écrit sa volonté de ne pas sortir le titre. Le disque acétate original ainsi que les deux lettres manuscrites sont exposées au musée de la Maison Gainsbourg. « Cette version de Je t’aime moi non plus va rester inédite plus de 20 ans », ajoute le conservateur. En 1969, Gainsbourg enregistre une nouvelle version avec Jane Birkin. Le titre est numéro un des charts au Royaume-Uni.

La lettre manuscrite de Brigitte Bardot à Philipps pour interdire la sortie du sulfureux Je t’aime moi non plus. Une version passée sous silence plus de 20 ans. Crédits : INA.

La lettre manuscrite de Brigitte Bardot à Philipps pour interdire la sortie du sulfureux Je t’aime moi non plus. Une version passée sous silence plus de 20 ans. Crédits : INA.

« Aux armes et caetera », La Marseillaise reggae

Dix ans plus tard, en 1979, Serge Gainsbourg rencontre son premier grand succès en tant qu’interprète avec son adaptation de La Marseillaise en reggae : Aux armes et caetera. Une appropriation de l’hymne national qui ne plait pas à tout le monde. « Peu à peu une polémique s’installe en France au sujet de cette Marseillaise que certains jugent choquante » explique Sébastien Merlet. Le 4 janvier 1980, un groupuscule d’extrême droite et une association d’anciens parachutistes contraignent le chanteur à annuler son concert à Strasbourg.

Gainsbourg monte finalement seul sur scène pour interpréter La Marseillaise a cappella. Un an et demi plus tard, accompagné de sa compagne Bambou et de son garde du corps Phify, il achète aux enchères l’un des deux seuls manuscrits de La Marseillaise connus de la main de Rouget de Lisle. « L’un est à la Bibliothèque Nationale de France, il est consultable, mais il n’est pas exposé, l’autre est ici au Musée de la Maison Gainsbourg. Ce que je trouve assez savoureux : si l’on veut voir l’original de La Marseillaise en vrai, il faut venir à la Maison Gainsbourg », conclut Sébastien Merlet.

« On dansait bien sur la Carmagnole, on dansera sur La Marseillaise ». L'original de La Marseillaise conservée au Musée de la Maison Gainsbourg. Crédits : Maison Gainsbourg.

« On dansait bien sur la Carmagnole, on dansera sur La Marseillaise ». L'original de La Marseillaise conservée au Musée de la Maison Gainsbourg. Crédits : Maison Gainsbourg.

MAISON GAINSBOURG

Rue de Verneuil, Paris 07 :

  • au 5 bis : la maison historique dans laquelle Serge Gainsbourg a vécu pendant 22 ans, intérieur légendaire conservé intact depuis sa disparition en 1991.
  • en face, au numéro 14 : un musée retraçant la vie et la carrière de l’artiste, une librairie-boutique et le Gainsbarre, café et piano-bar, permettent de prolonger la visite.

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