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Une sélection d'archives pour retracer la vie de Serge Gainsbourg for ever

Une sélection d'archives pour retracer la vie de Serge Gainsbourg for ever

À la fois timide et séducteur, poète et provocateur, Serge Gainsbourg est mort le 2 mars 1991. Incontournable par son talent, il a marqué la chanson française de son empreinte indélébile. La maison où il a vécu à Paris est désormais le Musée Gainsbourg. Portrait.

 

Par la rédaction de l'INA - Publié le 28.03.2008 - Mis à jour le 18.09.2023
Serge Gainsbourg - 2010 - 01:54 - vidéo
 

Serge Gainsbourg s'est imposé comme une figure incontournable de la chanson française. Artiste dans l'âme, il a su se mêler à toutes les tendances et à dénicher les mélodies les plus justes.

Époque yéyé, influence funk, un peu de pop, de rock, initiation au reggae : Serge Gainsbourg c'est tout ça. Un mélange détonnant d'inspiration, de travail et d'extravagance.

Avec un père pianiste de jazz, féru de peinture, le petit Lucien Ginsburg de son vrai nom, ne pouvait pas manquer la voie paternelle. Ses parents, des immigrés russes, se sont installés à Paris en 1917 et ont élevé leurs trois enfants dans cette ambiance un peu bohème des familles où la chanson s'invite à chaque repas.

Né le 2 avril 1928, Lucien a 18 ans quand il commence à jouer lui aussi du piano dans les bars. Mais sa véritable passion reste la peinture : étudiant aux Beaux-arts, il travaille d'arrache-pied pour réussir un véritable chef-d'œuvre. Le sien. Éternel insatisfait de son travail pictural, il délaisse peu à peu les pinceaux au profit des partitions musicales.

La plume des autres

Lucien Ginsburg enchaîne les cabarets, les bars, les troquets, jusqu'à ce qu'il rencontre Boris Vian : un déclic ! Las de ce «prénom pour coiffeur», le jeune auteur emprunte désormais le prénom de Serge, pour souligner ses origines russes, et le nom de Gainsbourg, une variante légère pour ne pas froisser ses parents. De Boris Vian, Serge Gainsbourg emprunte l'humour cynique et le sens de la dérision : désormais il écrit et chante ses propres textes, arborant dès le départ un style qui ne laisse personne indifférent.

Du chant à la une est son premier disque. L'album, qui comporte le désormais classique Poinçonneur des Lilas, reçoit en 1959 le Grand Prix de l'Académie Charles Cros.

Comme tout auteur novateur, Serge Gainsbourg possède ses amateurs et ses détracteurs. Juliette Gréco, par exemple, le choisit pour renouveler son répertoire. Avec elle, il composera l'une des plus belles chansons : La Javanaise.

Serge Gainsbourg "La Javanaise"
1966 - 02:27 - vidéo

Son deuxième album, Claqueur de doigt, est un échec, tout comme le troisième et le quatrième. Serge Gainsbourg n'a pas encore trouvé un style qui le définisse et qui fidéliserait son public. Il mettra donc sa plume au service des autres. Michèle Arnaud, Mireille Darc, Serge Reggiani, Anna Karina, Régine, Petula Clark et beaucoup d'autres le sollicitent. Des femmes surtout, sa principale source d'inspiration. Puis vint France Gall, en 1965, elle remporte l'Eurovision avec Poupée de cire, poupée de son. Un an plus tard, Serge Gainsbourg lui compose un second morceau qui fera couler beaucoup d'encre : Les sucettes.

Gainsbourg et BB

En route pour la célébrité, le poète en vogue croise le chemin d'une femme admirée de tous, Brigitte Bardot. Une rencontre unique, une passion intense.

Icône des années soixante, Brigitte Bardot est mariée au milliardaire Gunther Sachs. Serge Gainsbourg, lui, sort à peine de son deuxième mariage. Mais pendant plusieurs mois, les deux tourtereaux ne vont plus se quitter.

Une émission de télévision consacrée à la star est en préparation. Dans cette émission, chaque titre donnera lieu à une mise en scène particulière. Serge signe alors de futurs grands succès : Harley Davidson, Comic Strip ou bien encore le duo Bonnie and Clyde. Il ajoute un dernier titre à cette liste de tubes : Je t'aime moi non plus. Mais la maquette est à peine enregistrée que la chanson provoque déjà un tollé général. La presse à scandale s'affole. Bardot hésite. Elle demande à Gainsbourg de ne pas sortir la chanson. Un souhait qu'il respecte.

Brigitte Bardot "Harley Davidson"
1968 - 02:27 - vidéo

Le séducteur

À la fin de leur liaison, Gainsbourg poursuit une petite carrière dans le cinéma qu'il avait déjà entamée en 1967, avec Ce sacré grand-père ou Le Pacha, aux côtés de Jean Gabin. En 1968, il tourne Slogan. Ce film ne lui apporte que peu de crédit dans le monde cinématographique mais il lui permet de rencontrer sa nouvelle muse : Jane Birkin.

Quelques mois plus tard, la jeune comédienne anglaise enregistre quatre titres de Serge Gainsbourg : l'Anamour, 69 année érotique, Jane B et surtout une nouvelle version de Je t'aime moi non plus. À nouveau, le scandale éclate mais le disque est commercialisé. Désormais, Serge Gainsbourg se consacre à sa compagne qui lui inspire le meilleur de son talent.

En 1971, il sort un nouvel album, Melody Nelson, un énorme succès. Enfin, la critique parle de «chef d'œuvre» ! Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, Jane met au monde Charlotte, née le 21 juillet 1971. Papa heureux, artiste reconnu, Serge Gainsbourg a tout pour être comblé. Malheureusement ses excès l'emportent, ils fragilisent son cœur. En 1973, il fait une première crise cardiaque. Il continue pourtant de boire et de fumer, fidèle au personnage dans lequel il se conforte. Gainsbourg devient Gainsbarre.

Gainsbarre le provocateur

C'est sous cet aspect d'un homme mal rasé, buveur, hâbleur et fumeur, qu'il sort son nouvel album, Vu de l'extérieur. Comme toujours, les ventes décollent difficilement mais cet opus comporte un tube : Je suis venu te dire que je m'en vais.

Puis, bravant tous les a priori, Gainsbourg innove : il réalise son premier long métrage, Je t'aime moi non plus. Il conçoit un album aux influences reggae, L'homme à la tête de chou, puis un autre inspiré du funk new-yorkais, Love on the beat. Quelques-uns de ses tubes font encore scandale : Lemon Incest, interprété en duo avec sa fille Charlotte, ou bien Aux armes et caetera, une reprise reggae de la Marseillaise.

Et Gainsbarre étonne. Devenu excessif en tout, il lasse Jane Birkin. Elle le quitte, il s'enfonce. Dans la dépression, dans la provocation. En 1984, sur le plateau de 7 sur 7, il brûle en direct un billet de 500 francs, pour illustrer la taxation des impôts. Chacun de ses gestes suscitent désormais l'intérêt des médias. Comme celui où, invité de Patrick Sabatier, il signe un chèque de 100 000 francs pour Médecins sans frontières.

Face à Whitney Houston, dans «Champs-Elysées», Serge Gainsbourg fait une proposition indécente à la chanteuse américaine.

Chez Bernard Pivot, dans «Apostrophes», il soulève la polémique en affirmant que «la chanson n'est qu'un art mineur» : les insultes fusent avec le deuxième invité, Guy Béart.

En vérité, Serge Gainsbourg s'autorise tout car il se sait en sursis : «Mon deal avec la mort ne regarde personne, que je reboive et que je refume, c'est mon problème.» En couple depuis 1981 avec Bambou, il aura un fils, Lucien. Et c'est elle qui le découvrira inanimé dans son appartement de la rue de Verneuil.

Le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg est en effet victime d'une nouvelle crise cardiaque. Pendant plusieurs jours, les hommages se multiplient et le public défile devant le domicile de l'artiste. Finalement très aimé, Serge Gainsbourg a fait l'unanimité.

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