Charles Aznavour aurait eu 100 ans le 22 mai 2024. On le voit ici, sublime, le micro à la main sur le plateau l'émission «Palmarès des chansons» en 1968. Crédits : Georges Galmiche.
Né à Paris en 1924 de parents arméniens, le jeune Charles Aznavour manifeste très tôt une passion pour le chant et la comédie. Comme beaucoup d’artistes de music-hall, il fait ses débuts dans les bals musette et interprète des reprises de ses idoles. Peu à peu, son écriture interpelle mais sa voix nasillarde est d’abord perçue comme un handicap. Pour autant, le jeune artiste persévère et, tel un Rastignac des temps modernes, se voit en haut de l’affiche des cabarets parisiens.
Le feutre taupé, Boule de gum, Tant de monnaie, Départ express : accompagné par le pianiste Pierre Roche, Charles Aznavour s’illustre d’abord dans un répertoire fantaisiste. Grand admirateur de Charles Trenet, il se fait remarquer par Édith Piaf qui l’embarque pour sa tournée aux États-Unis en 1947. C’est le début d’une grande amitié et l’acte de naissance d’une immense carrière. « Édith c’était un orage d’été. Une femme qui surprenait toujours » explique-t-il dans une archive de 1965. Pour Piaf, il adapte le succès populaire Jézabel de Wayne Shanklin et écrit sept chansons dont le mélancolique Je hais les dimanches. Au début des années 50, Charles Aznavour est reconnu pour son talent d’écriture (il écrit notamment plusieurs titres pour Gilbert Bécaud dont Je t’attends) et rencontre ses premiers succès d’interprète.
« Le métier, c’est une manière de voir et d’organiser ses sentiments ». Charles Aznavour ici en compagnie de Juliette Gréco et Paulette Rollin. 1956. Crédits : Daniel Fallot.
« Le métier, c’est une manière de voir et d’organiser ses sentiments ». Charles Aznavour ici en compagnie de Juliette Gréco et Paulette Rollin. 1956. Crédits : Daniel Fallot.
« Il nous a montré que l’on pouvait faire autre chose que la chanson qui ne voulait pas dire grand-chose ». Charles Aznavour en compagnie de son idole Charles Trenet. 1957. Crédits : Daniel Fallot.
« Il nous a montré que l’on pouvait faire autre chose que la chanson qui ne voulait pas dire grand-chose ». Charles Aznavour en compagnie de son idole Charles Trenet. 1957. Crédits : Daniel Fallot.
À partir des années 60, son registre musical se fait plus dramatique. Je m’voyais déjà, For me formidable, La bohème, Hier encore, Emmenez-moi, en moins de 10 ans Charles Aznavour va marquer pour toujours la chanson française. Boulimique de travail (« En s’amusant on travaille mieux que si l’on s’ennuie à travailler » affirme-t-il en 1970), il enchaîne les projets cinématographiques lorsqu’il n’est pas sur scène. On le retrouve ainsi devant la caméra de Jean-Pierre Mocky, Henri Verneuil, Julien Duvivier ou Jean Cocteau et aux côtés de Lino Ventura dans Taxi pour Toubrouk de Denys de La Patellière. Mais c’est son rôle dans Tirez sur le pianiste de François Truffaut en 1960 qui va lancer sa carrière internationale. Celui qui se plait à faire rayonner la langue française se définit volontiers comme « produit d’exportation ». En quelques années, il boucle cinq tours du monde et partout ses spectacles font salle comble. Adulé au Japon, son titre La mamma y remporte même un prix. En parallèle, Charles Aznavour n’oublie pas son travail d’auteur et signe deux titres emblématiques de la scène yéyé : Retiens la nuit pour Johnny Halliday et La plus belle pour aller danser pour Sylvie Vartan.
« Emmenez-moi au pays des merveilles ». La gestuelle charismatique de Charles Aznavour devant les caméras de l’ORTF. 1958. Crédits : Philippe Bataillon.
« Emmenez-moi au pays des merveilles ». La gestuelle charismatique de Charles Aznavour devant les caméras de l’ORTF. 1958. Crédits : Philippe Bataillon.
Pause détente pour Charles Aznavour et le journaliste François Chalais lors du festival de Cannes 1963. Crédits : Jean-Claude Pierdet.
Pause détente pour Charles Aznavour et le journaliste François Chalais lors du festival de Cannes 1963. Crédits : Jean-Claude Pierdet.
Ambassadeur de la France à l’étranger, Charles Aznavour n’hésite pas à jouer de sa célébrité pour soutenir des actions humanitaires, notamment auprès du peuple arménien, berceau de ses parents dont il défend les racines culturelles. Ainsi, en décembre 1988, après le violent séisme qui touche la région de Spitak en Arménie, il réunit plus de 80 personnalités pour chanter Pour toi Arménie, une chanson de sa composition dont les profits de la vente sont destinés aux victimes.
Jusqu’à la fin de sa vie, Charles Aznavour n’a cessé de défendre son amour pour les mots et pour la scène. Il décède le 1er octobre 2018 à l’âge de 94 ans, laissant derrière lui un héritage musical aussi riche que dense qui continue d’inspirer les générations.
«J'ai une admiration pour l'homme et pour l'oeuvre». Charles Aznavour et Léo Ferré sur le plateau de «Numéro Un» en 1978. Crédits : Robert Picard.
«J'ai une admiration pour l'homme et pour l'oeuvre». Charles Aznavour et Léo Ferré sur le plateau de «Numéro Un» en 1978. Crédits : Robert Picard.