En mars 2021, à l'occasion des 30 ans de la mort de son père, Charlotte Gainsbourg annonçait sur son compte Instagram l'ouverture d'un musée dans le légendaire hôtel particulier de l'artiste. Plus deux ans plus tard, nous y sommes ! L'ouverture a lieu le 20 septembre.
Recouverte de nombreux graffitis, la façade de la rue de Verneuil était l'une des plus célèbres du 7e arrondissement de Paris. Le chanteur a vécu dans cette demeure de 1968 jusqu’à sa mort en 1991. Ce refuge, il le préservait pour lui et sa famille. Pourtant, en avril 1979 pour l'émission «L'invité du jeudi», l'artiste organisait une visite privée de son hôtel particulier à destination des téléspectateurs. L'archive en tête d'article nous plonge donc dans l'intimité de Serge Gainsbourg, une visite qui débute dans son vaste salon aux murs peints en noir regorgeant d'objets hétéroclites.
«Ici c'est chez moi, je ne sais pas ce que c'est : un sitting-room ? Une salle de musique ? Un bordel ? Un musée ?» Deux pianos trônent dans la pièce, Serge Gainsbourg précise qu'il s'agit de pianos «électriques et classiques d'où sortent toutes mes chansons, celles qui m'ont données une certaine notoriété». Sur la table basse en verre trônent des objets variés, reliquats de ses études d'architecture et de peinture, un joyeux bric-à-brac pas si désorganisé que ça : «C'est un désordre apparent mais tout est organisé selon des rythmiques particulières, des diagonales, des courbes. Jamais de parallèles, c'est impossible.» L'environnement sombre est ponctué de lignes d'acier.
Visite guidée
L'artiste partageait sa vie depuis 1969 avec Jane Birkin, sa fille Kate, née d'un premier mariage et Charlotte, leur fille commune. En commentaire off, Serge Gainsbourg précisait qu'elles étaient «la touche jeunesse» de sa maison. Il ajoutait que Jane était «une mère très maternelle mais très copine aussi… et moi j'interviens pour gueuler». Ajoutant comme pour se dédouaner : «Mais quand je suis un peu pété, je fais le clown, je les amuse beaucoup. C'est le côté secret que l'on ne connaît pas de moi, le clown. Je fais des pitreries, des grimaces, je mets du rouge à lèvres, j'amuse les enfants». Tout en précisant qu'à table, il souhaitait qu'elles se tiennent bien "très ancienne école comme quand j'étais petit".
Le reportage se poursuit au premier étage, dans la bibliothèque, où il écrivait entouré de livres. Avant un retour dans son salon encombré ou devant une grande statue de l'Homme à la tête de chou... Le reportage s'achève au piano, sur «deux harmonies : do majeur, sol» et le refrain de la célèbre Marseillaise, «qu'il écoutera à saturation, puis plus jamais».
Serge Gainsbourg a vécu pendant 22 ans au 5 bis, dont l'intérieur est resté intact depuis sa disparition en 1991.
L'hôtel particulier de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil (Crédit : Martin Bureau / AFP)
L'hôtel particulier de Serge Gainsbourg, rue de Verneuil (Crédit : Martin Bureau / AFP)