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Une alerte au mercure dans les aliments a déjà été lancée en 1975

Une alerte au mercure dans les aliments a déjà été lancée en 1975

Le 29 octobre 2024, deux ONG non gouvernementales Bloom et Foodwatch ont alerté sur la contamination généralisée au mercure relevée dans des boîtes de thon en Europe. Il y a 50 ans, une association de consommateurs alertait déjà sur les dangers du mercure dans l'alimentation.

Par Florence Dartois - Publié le 30.10.2024
 

L'ACTU.

Le 29 octobre 2024, les organisations non gouvernementales (ONG) Bloom et Foodwatch ont alerté sur la contamination généralisée au mercure relevée dans des boîtes de thon en Europe et sur le danger que cela représente. Par exemple, Bloom dévoile que sur les 148 boîtes de thon testées, la totalité était contaminée par du mercure. La teneur en mercure dépassant la limite maximale fixée pour les autres espèces de poissons, soit 0,3 mg/kg. À titre d'exemple, la concentration de mercure la plus importante a été relevée dans une boîte de thon provenant d'une entreprise française Petit Navire, achetée en France (jusqu'à 3,9 mg de mercure/ kg de thon).

Quelques jours plus tôt, le 24 octobre, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) avait également publié une alerte, déclarant : « A haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance. » Sur son site internet, l'Anses conseillait de ne consommer du poisson que deux fois par semaine maximum, en diversifiant les espèces consommées.

De fait, le mercure est neurotoxique, il affecte principalement les fonctions cérébrales, rénales, voire endocriniennes. Il est suspecté d'avoir une incidence sur la maladie d’Alzheimer.

Alain Boudou, écotoxicologue de l'université Bordeaux I : « Quand on contamine un mammifère à de très faibles doses, on voit apparaitre des impacts tout à fait importants sur le système nerveux et sur énormément de fonctions qui sont dépendantes ou indépendantes du système nerveux. »
 

En réactions aux alertes des ONG, les professionnels de la filière du thon ont dénoncé une enquête « partiale et alarmiste », expliquant que la consommation du thon en boite n'était pas dangereuse pour la santé. « Les produits proposés aux consommateurs respectent scrupuleusement la réglementation française et européenne », assure la Fédération des industries d'aliments conservés (Fiac).

L'ARCHIVE.

Quoi qu'il en soit, la présence du mercure est avérée dans l'alimentation depuis plusieurs décennies. Nous avons retrouvé dans nos archives un communiqué émanant de « 50 Millions de consommateurs » en avril 1975. Il fut diffusé dans le magazine d'information et de conseils pratiques destiné aux consommateurs. Son contenu était sans équivoque. Il dénonçait déjà la présence de mercure dans le poisson, mais également dans d'autres aliments issus de l'élevage.

« Dans une récente émission, nous avons appelé votre attention sur les dangers de la pollution mercurielle et en particulier sur les taux croissants de mercure dans les poissons de la Méditerranée. Mais il importe de savoir que ce danger n'est pas limité aux produits de la mer. Outre les cas d'empoisonnement observés au Japon chez les pêcheurs qui se nourrissent de poissons contaminés, d'autres cas d'intoxication par le mercure se sont déjà produits en Irak, aux États-Unis, en Suède, au Danemark », était-il expliqué.

Les cas cités étaient provoqués soit par l'absorption de blé traité au mercure, soit par la consommation de viande d'animaux nourris de grains traités au mercure. « Dans la plupart des cas, cette intoxication est provoquée par l'ingestion d'animaux ayant accumulé dans leur organisme des dérivés du mercure qui n'existaient qu'à dose minime dans leur environnement ». Etait-il expliqué.

En France, la contamination au mercure était clairement imputée à l'industrie et le communiqué s'achevait sur un constat et une demande : « En France également, on peut s'inquiéter des rejets industriels de toutes sortes. Par exemple, n'a-t-on pas déjà noté des concentrations importantes de mercure dans les moules de haute mer ? Les associations de consommateurs s'inquiètent d'un danger qui devient chaque jour plus concret. Il importe que soient prises d'urgence des mesures sévères dans ce domaine et surtout qu'elles soient appliquées avec vigilance avant qu'il ne soit trop tard. »

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