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«On arrive dans la nuit» : le témoignage de Marceline Loridan-Ivens sur sa déportation

«On arrive dans la nuit» : le témoignage de Marceline Loridan-Ivens sur sa déportation

INA PODCAST - Après les récits de Simone Veil, Georges Kiejman et Ginette Kolinka, l'INA et Flammarion s’associent à nouveau pour porter celui de Marceline Loridan-Ivens. Figure incontournable du Paris des arts et des lettres, Marceline était adolescente au moment de sa déportation à Auschwitz-Birkenau. Son témoignage hors du commun est désormais disponible sur toutes les plateformes d’écoute et en librairie.

Par l'INA - Publié le 11.01.2024

Marceline Loridan-Ivens adolescente. Crédits : collection personnelle.

6 septembre 2005, Bry-sur-Marne. Marceline Loridan-Ivens arrive dans les studios de l’INA. Elle demande de la vodka et des harengs, puis dit dans un sourire un peu ironique que quelques cigarettes suffiront peut-être. En réalité, elle fumera beaucoup au cours des cinq heures de témoignage, si éprouvantes, qui s’apprêtent à commencer pour elle. Ce jour-là, elle a raconté sa vie pour les entretiens intitulés «Mémoires de la Shoah», un projet à l'initiative de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et de l’INA.

Il y a de la rage, de la colère, une douleur - et il y a quelque chose de l’adolescence aussi - dans le témoignage de Marceline Loridan-Ivens. À son retour d'Auschwitz-Birkenau, elle sera actrice, scénariste, cinéaste, activiste, écrivaine. Très engagée dans la lutte contre l’antisémitisme, elle fera vivre le souvenir du sort tragique des victimes du nazisme. Car elle a vécu l’horreur : elle a toujours 16 ans, parce qu’elle a toujours l’âge de sa déportation.

Ce podcast est à écouter en intégralité ci-dessous, ainsi que ceux avec Simone Veil, Georges Kiejman et de Ginette Kolinka.


Les épisodes du podcast

1er épisode. Être arrêtée
Marceline est née Rozenberg au mois de mars 1928. Elle aime à répéter qu’elle est née « rousse, gauchère et juive ». Elle est le troisième enfant d’une fratrie de cinq. Ses parents sont des Juifs polonais arrivés en France après la Première Guerre. Après l’exode de 1940, la famille se réfugie dans le Vaucluse où le père a acquis un vieux château en ruine. C’est là que la Gestapo, accompagnée des miliciens, vient arrêter Marceline et son père. Nous sommes au soir du 29 février 1944, trois semaines exactement avant que Marceline ne fête ses 16 ans.

2e épisode. Être déportée
Fin avril 1944. Depuis son arrestation à Bollène aux côtés de son père, Marceline a déjà connu un mois et demi d’internement et de transports dans des conditions terrifiantes. De la prison Ste Anne à Avignon jusqu’à celle des Baumettes à Marseille, ils ont rejoint Drancy, d’où ils ont été emmenés à la gare de Bobigny pour gagner le convoi numéro 71. Après plusieurs jours et plusieurs nuits dans des wagons bondés, supportant la proximité, la faim, et surtout la soif, Marceline et son père arrivent en pleine nuit sur la rampe de Birkenau.

3e épisode. Être transférée
À la fin de l’année 1944, ne pouvant plus nier l’avancée des Alliés, les nazis commencent à évacuer le camp d’Auschwitz-Birkenau. Les sélections s’accélèrent, ainsi que le fonctionnement des chambres à gaz et des fours crématoires. Marceline subit une dernière sélection. Elle se retrouve de nouveau dans un train dont la destination lui est inconnue. Il s’agit du premier transport de Birkenau vers Bergen-Belsen, un autre camp plus à l’Ouest.

4e épisode. Être rentrée
Début de l’été 1945. Marceline arrive à l’hôtel Lutetia, à Paris, où sont rassemblés tous les déportés qui reviennent. La mère de Marceline, restée dans le sud de la France, parvient finalement à joindre sa fille et lui demande de rentrer. Mais ce retour sera de courte durée : dans les années d’après-guerre, c’est à Saint-Germain-des-Près que Marceline trouve refuge. Elle a à peine vingt ans, dans ce quartier en pleine ébullition intellectuelle et artistique, Marceline vit pleinement son désir de liberté, de libération.

La transcription de ce témoignage coup de poing fait également l'objet d'un livre, On arrive dans la nuit, édité par Flammarion et l'INA. À retrouver en librairies.

À propos de «Mémoires de la Shoah»

Afin de préserver et restituer leur mémoire, la Fondation pour la mémoire de la Shoah et l'Institut national de l'audiovisuel se sont associés à partir de 2005 pour réaliser une série d'entretiens filmés de témoins de la déportation des Juifs de France.

La présidente de la Fondation (de 2001 à 2007), Simone Veil, a souhaité lancer un large programme d'enregistrements audiovisuels de ces témoignages, afin de permettre aux futures générations de les écouter et de les voir, et qu'ils puissent être utilisés en classe par les élèves et professeurs, dans des émissions par des journalistes et cinéastes, dans des laboratoires de recherche par des historiens, dans des expositions et des commémorations. Elle a confié à Dominique Missika - éditrice, journaliste et historienne, alors membre de la commission « Pédagogie et Transmission » de la Fondation - la mise en œuvre de ce projet.

L'Institut national de l'audiovisuel a mis à disposition ses moyens de captation, de traitement documentaire et informatique et a diffusé progressivement sur le site ina.fr ces témoignages afin de les rendre accessibles à un large public.

La collection est composée de 110 entretiens sur la déportation des Juifs filmés en 2005 et 2006. La parole est donnée à d'anciens déportés, enfants de déportés et enfants cachés, monitrices de maisons d'enfants, de Justes et résistants. La Fondation pour la mémoire de la Shoah, guidée par un comité scientifique, a procédé aux choix des témoins, avec la volonté d’illustrer une diversité d’expériences.

Les 110 témoignages sont accompagnés d'entretiens de 5 acteurs de la mémoire (dont Serge Klarsfeld ou Annette Wieviorka) qui mettent en perspective la parole des témoins.

La durée de ces entretiens est de 2 à 7 heures. Plus de 300 heures ont été enregistrées. 104 entretiens sont accessibles en ligne.