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Les mots de Georges Kiejman sur la Shoah : «Pardon d’avoir survécu»

Les mots de Georges Kiejman sur la Shoah : «Pardon d’avoir survécu»

PODCAST - Le 9 mars 2006, Georges Kiejman a participé au recueil des témoignages «Mémoires de la Shoah» initié par l’INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Avocat célèbre, connu pour avoir fait basculer de grands procès du XXe siècle, il fut aussi Ministre délégué sous François Mitterrand. Georges Kiejman est toujours resté discret sur son enfance. Ce jour-là, c’est l’enfant de déporté, meurtri par la guerre, qui se souvient. «Pardon d’avoir survécu» est un podcast original produit par l’INA et un livre co-édité par Flammarion.

Par l'INA - Publié le 13.09.2023

Georges Kiejman au collège de Saint-Armand-Montrond (Cher) en 1945. Crédits : collection personnelle.

Après «Seul l’espoir apaise la douleur», le podcast issu du témoignage exclusif de Simone Veil enregistré dans nos locaux de Bry-sur-Marne en 2006, l’INA poursuit son travail de mise en avant des entretiens patrimoniaux «Mémoires de la Shoah» menés en partenariat avec la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. «Pardon d’avoir survécu» donne à entendre pour la première fois le témoignage de Georges Kiejman, enregistré le 9 mars 2006 à l'INA.

Né le 12 aout 1932, Georges Kiejman a 7 ans quand le conflit mondial éclate. En quatre épisodes, la série nous plonge dans ces années de guerre qu'il vit dans un petit village du Berry. Apparemment insouciantes, ces années renferment en réalité une fracture profonde, provoquée par la déportation du père. Ce bouleversement laissera des traces intactes, comme on l’entend dans l’émotion qui étrangle par instants la voix de Georges Kiejman.

Ce podcast est à écouter en intégralité ci-dessous, ainsi que celui avec Simone Veil :

«Pardon d'avoir survécu» est également un livre du même nom, édité par Flammarion et également disponible à partir du 13 septembre 2023.

La couverture du livre Pardon d'avoir survécu édité par Flammarion et l'INA.

La couverture du livre Pardon d'avoir survécu édité par Flammarion et l'INA.

Les épisodes du podcast

1er épisode : le refuge
Georges Kiejman est né en 1932 dans une famille d’immigrés juifs polonais. Il est le petit dernier des trois enfants, et le seul à être né à Paris. Lorsque la guerre est déclarée, Georges a sept ans. Ses parents sont divorcés. Dans une France partiellement occupée, la fratrie s’installe avec le père près de Toulouse. La mère, quant à elle, trouve refuge dans un petit village du Berry. Georges l’y rejoint un peu plus tard.

2e épisode : le trauma
Novembre 1942 : toute la France est occupée. Les Juifs sont de plus en plus nombreux à être arrêtés et déportés. La vie de Georges n’en est pas immédiatement bouleversée : il est un élève brillant dans l’école du petit village du Berry où il vit réfugié avec sa mère. Alors qu’à des centaines de kilomètres de là, près de Toulouse, son père et sa sœur sont arrêtés et déportés, Georges et sa mère échappent de peu à un massacre perpétré contre les Juifs dans la région où ils se trouvent.

3e épisode : la découverte
Printemps 1945. Georges a 13 ans, il est interne au collège de Saint Amand Montrond, dans le Berry. La Libération arrive, il se précipite à Paris. On lui dit que c’est à l’hôtel Lutetia qu’arrivent les rescapés des camps nazis. Il y retrouve sa grande sœur Liliane. Son père, lui, ne revient pas. À travers cette disparition, Kiejman prend conscience de l’extermination des Juifs.

4e épisode : la fracture
Après-guerre, Georges Kiejman revient à Paris. Il vit seul avec sa mère dans un studio à Belleville. Il obtient son baccalauréat et commence ses études de droit. Il bâtit peu à peu une brillante carrière d’avocat et devient même trois fois ministre sous François Mitterrand. Il passe son histoire sous silence. Mais un jour, son passé d’orphelin de Guerre et d’enfant de déporté le rattrape lors d’une visite officielle.

À propos de «Mémoires de la Shoah»

Afin de préserver et restituer leur mémoire, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et l'Institut national de l'audiovisuel se sont associés à partir de 2005 pour réaliser une série d'entretiens filmés de témoins de la déportation des Juifs de France.

La présidente de la Fondation (de 2001 à 2007), Simone Veil, a souhaité lancer un large programme d'enregistrements audiovisuels de ces témoignages, afin de permettre aux futures générations de les écouter et de les voir, et qu'ils puissent être utilisés en classe par les élèves et professeurs, dans des émissions par des journalistes et cinéastes, dans des laboratoires de recherche par des historiens, dans des expositions et des commémorations. Elle a confié à Dominique Missika – éditrice, journaliste et historienne, alors membre de la commission « Pédagogie et Transmission » de la Fondation – la mise en œuvre de ce projet.

L'Institut national de l'audiovisuel a mis à disposition ses moyens de captation, de traitement documentaire et informatique et a diffusé progressivement sur le site ina.fr ces témoignages afin de les rendre accessibles à un large public.
La collection est composée de 110 entretiens sur la déportation des Juifs filmés en 2005 et 2006. La parole est donnée à d'anciens déportés, enfants de déportés et enfants cachés, monitrices de maisons d'enfants, de Justes et résistants. La Fondation pour la Mémoire de la Shoah, guidée par un comité scientifique, a procédé aux choix des témoins, avec la volonté d’illustrer une diversité d’expériences.

Les 110 témoignages sont accompagnés d'entretiens de 5 acteurs de la mémoire (dont Serge Klarsfeld ou Annette Wieviorka) qui mettent en perspective la parole des témoins.

La durée de ces entretiens est de 2 à 7 heures. Plus de 300 heures d'entretiens ont été ainsi enregistrées. 104 entretiens sont accessibles en ligne.