Une photo de Ginette Kolinka avant sa déportation. Crédits : collection personnelle.
Le 3 décembre 2022, Ginette Kolinka, 97 ans, la toute dernière rescapée de la Shoah à participer à la collecte initiée par l'INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, est venue dans les studios de l’INA pour témoigner.
Issue d’un milieu populaire, juif athée et communiste, sa famille se sait en danger dès le début de l’Occupation. Malgré la fuite à Avignon à la veille de la rafle du Vel d’Hiv, Ginette, son père, son frère et son neveu sont arrêtés à la suite d’une dénonciation le 13 mars 1944. C’est le début d’un long périple qui l’amènera de la prison des Baumettes à Drancy jusqu’au camp d’extermination d'Auschwitz-Birkenau où elle côtoie Simone Veil.
Après avoir longtemps gardé le silence, Ginette Kolinka s'engage ardemment pour la mémoire de la Shoah au début des années 2000. Elle se déplace sans relâche dans les établissements scolaires pour témoigner auprès des jeunes générations. Ce podcast de 4 épisodes va permettre qu’on l’entende plus largement encore.
Ce podcast est à écouter en intégralité ci-dessous, ainsi que celui avec Simone Veil et Georges Kiejman :
Les épisodes du podcast
1er épisode : avant Birkenau
Ginette Kolinka est née Ginette Cherkasky à Paris, en 1925. Son père, Léon, s’occupe d’un petit atelier de confection d’imperméables dans le quartier du Faubourg du Temple, près de la place de la République. Issue d’un milieu populaire, juif athée et communiste, la famille Cherkasky se sait en danger et rejoint la zone libre, à Avignon. Mais en mars 1944, à la suite d’une dénonciation, Ginette, son père, son frère et son neveu y sont arrêtés. Elle a tout juste 19 ans et va passer sa première nuit en détention.
2e épisode : arriver à Birkenau
C’est en avril 1944 que Ginette, 19 ans, arrive dans le camp de Birkenau, en Pologne. Elle qui pensait se retrouver une fois de plus dans un camp de transit ou de travail, découvre avec horreur la réalité d’un camp d’extermination. Lorsque les SS poussent les gens faibles ou fatigués à prendre les camions, elle conseille à son père et à son frère d’y aller. Ça leur fera moins à marcher. Les camions les emmènent en réalité directement à la chambre à gaz. Ginette, elle, est dirigée vers les baraques où les déportés arrivants vont être dépouillés, rasés, tatoués, humiliés.
3e épisode : survivre à Birkenau
D’avril à octobre 1944, Ginette survit au sein du camp de Birkenau. Comme elle n’a que 19 ans, elle fait partie des prisonnières aptes à travailler. Elle se souvient de la façon dont chaque journée était organisée. Chaque tâche, chaque geste du quotidien devient une source de souffrance et d’humiliation, voire un danger de mort. Alors que la Libération approche, à l’automne 1944, Ginette tient grâce à de rares moments d’amitié et de solidarité. Elle a pourtant perdu presque la moitié de son poids, et n’a plus eu aucun signe de vie de son père, de son neveu ni de son frère depuis leur arrivée.
4e épisode : rentrer de Birkenau
A la fin de l’année 1944, l’Europe est progressivement libérée. Ginette a 19 ans et demi et elle se retrouve embarquée dans le plan d’évacuation de Birkenau par les nazis. C’est ainsi qu’elle est envoyée, par train, au camp de Bergen-Belsen, sans comprendre réellement ce qu’il se passe. Là-bas, le statut de travailleuse lui permet d’être nourrie, contrairement aux autres détenues. Après un nouveau transfert et après avoir vu des femmes mourir jour après jour, Ginette regagne enfin la France. Elle rentre à Paris, son esprit et son corps marqués par le traumatisme.
À propos de «Mémoires de la Shoah»
Afin de préserver et restituer leur mémoire, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et l'Institut national de l'audiovisuel se sont associés à partir de 2005 pour réaliser une série d'entretiens filmés de témoins de la déportation des Juifs de France.
La présidente de la Fondation (de 2001 à 2007), Simone Veil, a souhaité lancer un large programme d'enregistrements audiovisuels de ces témoignages, afin de permettre aux futures générations de les écouter et de les voir, et qu'ils puissent être utilisés en classe par les élèves et professeurs, dans des émissions par des journalistes et cinéastes, dans des laboratoires de recherche par des historiens, dans des expositions et des commémorations. Elle a confié à Dominique Missika – éditrice, journaliste et historienne, alors membre de la commission « Pédagogie et Transmission » de la Fondation – la mise en œuvre de ce projet.
L'Institut national de l'audiovisuel a mis à disposition ses moyens de captation, de traitement documentaire et informatique et a diffusé progressivement sur le site ina.fr ces témoignages afin de les rendre accessibles à un large public.
La collection est composée de 110 entretiens sur la déportation des Juifs filmés en 2005 et 2006. La parole est donnée à d'anciens déportés, enfants de déportés et enfants cachés, monitrices de maisons d'enfants, de Justes et résistants. La Fondation pour la Mémoire de la Shoah, guidée par un comité scientifique, a procédé aux choix des témoins, avec la volonté d’illustrer une diversité d’expériences.
Les 110 témoignages sont accompagnés d'entretiens de 5 acteurs de la mémoire (dont Serge Klarsfeld ou Annette Wieviorka) qui mettent en perspective la parole des témoins.
La durée de ces entretiens est de 2 à 7 heures. Plus de 300 heures d'entretiens ont été ainsi enregistrées. 104 entretiens sont accessibles en ligne.