Le 5 juin 1958, le journaliste Pierre Desgraupes a eu le « redoutable et intime honneur de recevoir » Robert Oppenheimer, physicien et père de la bombe atomique en visite à Paris. Une interview au ton grave et solennel diffusée sur l’ORTF, 13 ans après Hiroshima et Nagazaki.
C'est l'archive préférée d'Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences.
Ce qui l'interpelle d’abord dans cette archive, c’est l’apparence de Robert Oppenheimer. Il décrit un homme maigre fumant la pipe et prenant le temps de la réflexion avant de répondre « dans un français presque impeccable ». Il insiste sur « l’intensité du regard » de Robert Oppenheimer, « un regard que l’on ne retrouve pas chez le personnage incarné dans le film de Christopher Nolan ».
Sur le fond, Étienne Klein souligne la manière dont Robert Oppenheimer fait l’éloge de la connaissance et de la vulgarisation scientifique, « la vérité scientifique doit être connue de tous ». Mais ce qui l’intéresse surtout dans cette archive, c’est « le nouveau statut du physicien » incarné par Robert Oppenheimer. À l’instar du mythe de Prométhée, cette interview pose la question de la responsabilité du scientifique face à sa création, des doutes et des incertitudes auxquels il doit faire face.
Cet entretien de Pierre Desgraupes et Robert Oppenheimer est à retrouver ci-dessous :