« N’ayant pas l'âge d'aimer Bernadette, nous décidâmes de la haïr et de tourmenter ses amours. »
C’était quelques mois avant Les 400 coups, à une époque où ne savait pas la Nouvelle Vague allait déferler sur le cinéma mondial… Pour son tout premier court-métrage, François Truffaut, qui est alors un critique féroce et redouté aux Cahiers du Cinéma et à Arts, adapte une nouvelle de Maurice Pons. Les Mistons en question, ce sont cette bande de gamins gouailleurs et jaloux qui, pour tuer le temps, perturbent la vie de deux amoureux (Gérard Blain et Bernadette Lafont, dont voici la première apparition à l’écran). Des salles gosses qui, en rendant la vie impossible aux deux tourtereaux, rencontrent aussi leurs premiers émois amoureux… Dans un Nîmes ensoleillé qui inaugure les tournages en décors naturels, bien loin des studios d’antan, François Truffaut pose déjà les prémices d’un esprit frondeur fait de tendresse et d’irrévérence qui annonce la saga Antoine Doinel. Un film d’une liberté alors inédite dans le cinéma français, très peu écrit, élaboré au jour le jour, en fonction de la météo, de l’humeur, des disponibilités de chacun… Et qu’on aurait tort de résumer à un simple brouillon d’une œuvre en devenir.