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Pierre Goldman, Malik Oussekine, Marie Trintignant : trois grandes affaires de Georges Kiejman

Pierre Goldman, Malik Oussekine, Marie Trintignant : trois grandes affaires de Georges Kiejman

L'avocat pénaliste et ancien ministre sous François Mitterrand, Georges Kiejman, est mort à l'âge de 90 ans. Il avait notamment défendu le militant Pierre Goldman, la famille de Malik Oussékine ou encore celle de de Marie Trintignant.

Par Romane Sauvage - Publié le 09.05.2023
Maître Kiejman - 1979 - 02:00 - vidéo
 

Georges Kiejman, avocat pénaliste et ancien ministre, est mort mardi 9 mai à l'âge de 90 ans. Né en 1932, il était d'abord spécialiste du droit d'auteur. Avocat pour Gallimard il défendit Eugène Ionesco ou Henri de Montherlant, proche des Cahiers du Cinéma il plaida pour Jean-Luc Godard ou Jacques Demy. Brillante figure du barreau, il participa aussi à plusieurs procès médiatiques, celui de Pierre Goldman, de Charlie Hebdo sur les caricatures de Mahomet ou de Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Il fut l'avocat de la famille de Malik Oussekine et de celle de Marie Trintignant.

Entre 1990 et 1993, sous François Mitterrand, il fut également ministre délégué à la Justice, puis à la Communication puis à la Coopération internationale et au Développement.

La défense du militant Pierre Goldman

Pierre Goldman, militant et intellectuel d'extrême-gauche, avait été accusé du meurtre de deux pharmaciennes en 1969, boulevard Richard-Lenoir à Paris, et condamné à la réclusion à perpétuité en 1974. Le verdict fut cassé quelques mois plus tard. En 1976, lors d'un deuxième procès, Georges Kiejman était son avocat. Pierre Goldman fut finalement acquitté des deux meurtres. En septembre 1979, Pierre Goldman (par ailleurs demi-frère ainé du chanteur Jean-Jacques Goldman) fut assassiné, près de son domicile, dans le 13e arrondissement de Paris. À l'annonce de sa mort, comme on l'entend dans l'archive en tête d'article, son avocat Georges Kiejman dénonçait un crime fasciste. « Je ne lui connais pas d'ennemi particulier. Goldman était d'une nature extrêmement complexe, mais généreuse, dominante de sa personnalité. Je dois dire que je ne crois en tout cas pas du tout à une vengeance policière. Goldman a eu des incidents qui l'ont opposé à tel ou tel policier (...) il n'y avait pas de contentieux entre la police et lui. »

Le meurtre de Malik Oussekine

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, un jeune étudiant, Malik Oussekine, était tué par la police à Paris. Georges Kiejman fut l'avocat de sa famille. Dans l'archive ci-dessus, il intervenait au journal de 20h du 7 décembre. « Il est très possible que l'état de santé du jeune Oussekine ait fait qu'il soit mort alors qu'un garçon en bonne santé aurait pu résister à ses coups. Mais en matière judiciaire et en matière de coups mortels, ça n'est pas ça le problème, la vraie question est de savoir si sans les coups, Oussekine serait mort et nous savons bien que non. » Il dénonçait le fait que la famille avait été empêchée de « se constituer aussitôt partie civile dès samedi soir » et avait été « écartée pendant plusieurs jours de l'accès au dossier ». Il concluait : « Ça ne me parait pas le fonctionnement normal d'une justice démocratique comme l'est habituellement la nôtre. »

La défense de la famille de Marie Trintignant

Affaire Trintignant, maître Kiejman
2003 - 02:09 - vidéo

Quelques années plus tard, en 2003, Georges Kiejman fut l'avocat de la famille de Marie Trintignant, tuée sous les coups du chanteur Bertrand Cantat alors qu'ils se trouvaient en Lituanie. Au cours du procès, comme le notait l'archive ci-dessous, l'avocat s'était déclaré « indigné » et avait réfuté la version du chanteur lors de son audition à Vilnius. Version dans laquelle il avançait que Marie Trintignant avait porté le premier coup. « Il est parfaitement invraisemblable de penser que cette frêle jeune femme d'1m65, moins de 60 kg ait pu bousculer, renverser à terre un gaillard qui est un véritable athlète d'1m90, 85kg et entraîné à plusieurs disciplines sportives », s'exclamait, face aux dizaines de micros tendus, l'avocat. Qui ajoutait avec force : « Je ne m'étendrais pas sur l'hystérie prétendue de Marie, c'est une excuse classique des hommes qui frappent. »

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