Aller au contenu principal
Comment s'effectuait le traitement du mildiou dans les vignes en 1969 ?

Comment s'effectuait le traitement du mildiou dans les vignes en 1969 ?

L'été 2023, humide et chaud, est propice au développement du mildiou, une maladie qui ravage les vignobles. Le président du syndicat des AOC Bordeaux a lancé un appel à la solidarité nationale alors que les vignes sont touchées par ce champignon meurtrier dont il est difficile de se débarrasser.

Par Florence Dartois - Publié le 10.08.2023
 

L'ACTU.

Dans le Bordelais, l'année 2023 restera comme une année à mildiou, avec une majorité de vignes touchées par ce champignon qui détruit tout ou partie des récoltes. En cause : le changement climatique générant des conditions climatiques chaudes et humides propices à la diffusion du champignon responsable de la maladie. Or le mildiou n'est pas reconnu comme catastrophe naturelle. À l'approche de la période des vendanges, les viticulteurs bordelais, particulièrement touchés, demandent à ce que le gouvernement reconnaisse l'état de calamité agricole pour que les assureurs puissent lancer les indemnisations.

Le mildiou est une maladie causée par des champignons (Peronospora, Plasmopara, Bremia, Phytophtora...). Elle provoque l'apparition de taches plus ou moins brunes sur les feuilles qui s'étendent peu à peu. Le sarment finissant par se dessécher complètement.

L'ARCHIVE.

Cette maladie est connue des viticulteurs depuis toujours, l'archive en tête d'article date de 1969, elle montre comment ils s'organisaient déjà pour lutter contre cette calamité. Ce reportage des Actualités régionales de Montpellier était consacré aux travaux de prévention de la station d'avertissement viticole et à la lutte contre le mildiou. Monsieur Bernon, le directeur de la station, expliquait au journaliste les causes de cette grave maladie touchant les vignobles : « Le mildiou est une maladie de la vigne qui cause certaines années de graves dégâts, il peut même emporter la totalité de la récolte », prévenait-il.

Il rappelait que c'était un phénomène récurrent, évoquant des années catastrophiques (1930/32/48/57) restées dans les mémoires. Dans son laboratoire, il décrivait ensuite comment la maladie s'installait. C’était un mal discret qui apparaissait à l’automne, les feuilles se couvrant d’une mosaïque d’œufs qui permettaient aux champignons de passer l’hiver. Au printemps, ils se réactivaient et contaminaient les sarments, c’était cette « contamination primaire » qui causaient des catastrophes.

Le directeur expliquait aussi dans quel contexte météorologique se développait le mildiou : « il faut de la chaleur et de l’humidité pour assurer les premières contaminations, il faut de l’eau liquide, de la pluie pour le mildiou », soulignait-il.

Le reportage se poursuivait dans une vigne attaquée où les symptômes du mildiou étaient déjà visibles : la déformation des branches, des tâches. « À la prochaine pluie, tout cela va s’étendre », avertissait le directeur de la station d'études. La seule solution, c'était de traiter, affirmait-il : « Il ne faut pas attendre. C’est le seul conseil à donner. Il vaut mieux traiter trop maintenant que d’attendre que la récolte soit partie ». Le viticulteur présent, touché par le mildiou, venait justement de pratiquer « cinq traitements à base de sulfate et de fongicides ».

Le reportage s'achevait à la station d’avertissement viticole fondée en 1919 et établie à Bel-Air. Monsieur Bernon présentait les travaux réalisés dans le laboratoire où ils étudiaient les germes actifs du mildiou. Ils assuraient alors une surveillance des vignes dans 120 postes d’observation.

Le sulfatage

Comme expliqué dans l'archive, le sulfatage des cépages est le traitement principal contre le mildiou. L'archive ci-dessous, sur un air de jazz, montre un traitement réalisé par avion en 1961.

La bouillie bordelaise

Un remède ancestral incontournable : la bouillie bordelaise, un mélange de sulfate de cuivre, de chaux, le tout arrosé d'eau. En 2002, les pluies sur le vignoble bordelais avaient déclenché une attaque du mildiou. Ce sujet revenait sur l'origine de la bouillie bordelaise et ses points négatifs. La maladie était contrée par le fongicide, mais au château Haut-Brion, on utilisait désormais un autre fongicide à base de cuivre, car la bouillie bordelaise ne se dissolvait pas et le cuivre se stockait dans le sol. Le viticulteur utilisait un produit moins dosé en cuivre.

Et en biodynamie ?

Ce reportage de 2008 explique comment les viticulteurs bio traitent le mildiou. Ils utilisent également le cuivre. Alors quid de sa toxicité ?

Haro sur le cuivre

C'était jusqu'à présent l'un des fongicides les plus utilisés dans l'agriculture biologique : la bouillie bordelaise, mais elle contient, comme vu plus haut, trop de cuivre. Inquiète de l'accumulation de ce produit dans le sol, l'Union européenne a voulu réduire en 2019 les doses autorisées.

S'orienter dans la galaxie INA

Vous êtes particulier, professionnel des médias, enseignant, journaliste... ? Découvrez les sites de l'INA conçus pour vous, suivez-nous sur les réseaux sociaux, inscrivez-vous à nos newsletters.

Suivre l'INA éclaire actu

Chaque jour, la rédaction vous propose une sélection de vidéos et des articles éditorialisés en résonance avec l'actualité sous toutes ses formes.