L'ACTU.
Il y a 40 ans, en janvier 1983, le VIH était isolé par des chercheurs français parmi lesquels Willy Rozenbaum et Jean-Claude Chermann de l'équipe de Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier. Ces deux derniers reçurent, en 2008, le prix Nobel de Médecine pour cette découverte.
LES ARCHIVES COMMENTÉES.
« C’est l’une des maladies nouvelles de cette fin du 20e siècle. On l’appelle le Sida ou syndrome immuno-déficitaire. » Au début des années 80, les journaux télévisés alertaient sur l'apparition d'un nouveau virus. Dans le montage ci-dessus, Yves Lévy, professeur d’immunologie et chercheur d'un vaccin préventif au VIH, revient sur 40 ans de recherche : « On a toujours couru après le virus. On commence à avoir de l’avance sur lui. Il a fallu 30, 40 ans. »
Il ajoute : « Moi, je me rappelle à cette époque, ce qui m’a bouleversé, c’était l’impact social, sociétal, géopolitique. Rappelez-vous les débats sur les enfants. Est-ce qu’on peut laisser des enfants séropositifs à l’école avec les autres ? Est-ce qu’il y a des médecins qui peuvent exercer s’ils sont séropositifs ? Ça m’a bouleversé complètement et ça posé des questions extrêmement fortes et politiques. »
L'équipe de Françoise Barré-Sinoussi isola le VIH
Janvier 1983, il y a 40 ans, une équipe de chercheurs français parvient à isoler le virus. Parmi eux, Françoise Barré-Sinoussi, qui se montrait encourageante : « Ça évolue très très bien et très vite. Le travail marche très bien. » Yves Lévy se souvient de son travail précurseur : « C’est Françoise Barré-Sinoussi qui est une chercheuse Inserm à l’Institut Pasteur dont l'équipe a été la première à avoir vu le virus dans un microscope électronique d’un ganglion de malade que Willy Rozenbaum a prélevé, a amené. »
La course contre la montre était engagée. Dès le départ, la mission des scientifiques était de trouver un vaccin. En 1985, Jean-Claude Chermann, chef de laboratoire de l’Institut Pasteur faisait le point sur le sujet : « Le vaccin actuellement n’est pas encore trouvé pour la simple et bonne raison que le virus change et que nous sommes obligés d’identifier la partie constante. Quand nous l’aurons identifié, le vaccin sera pour demain. »
Des recherches en réalité nouvelles raconte Yves Lévy : « Le Sida, c’est un défi très particulier. Il rentre par les muqueuses, il mute. Il y a plusieurs souches du virus dans le monde. Ce n'est pas les mêmes virus qui circulent en Europe et aux États-Unis, qui circulent en Afrique ou en Afrique du Sud. Donc, quand on utilise un vaccin, il faut espérer qu'il protège contre l'ensemble. »
Les scientifiques cherchent toujours
L’une des premières pistes de vaccin, c’était en 1986 aux États-Unis. « Une équipe américaine d'Harvard vient d'annoncer qu'elle avait pu produire des anticorps capables de neutraliser l'action du virus du Sida », pouvait-on entendre à la télévision. Depuis, les scientifiques cherchent toujours à les reproduire chez l’humain.
« Ce qui est absolument terrible, c’est que vous pourriez avoir le même reportage aujourd’hui. C’est la même démarche », indique Yves Lévy. Et de poursuivre : « La technologie a avancé, mais c’est la même démarche ! L’idée, comme le virus rentre à partir des muqueuses, c’est d’avoir des anticorps neutralisants qui le bloquent et qui l’empêchent de rentrer. Le problème, c’est qu’on ne sait pas induire ces anticorps neutralisants. »
Aujourd’hui, 40 ans après la découverte du virus, il n’existe toujours pas de vaccin contre le Sida. « Je pense que ça va être très difficile de se débarrasser du Sida. Je pense qu’on va vivre avec, qu’on va le contrôler, qu’on va arriver à casser l’épidémie, ce qui est déjà le cas grâce à des mesures de prévention. Il n’y aura pas qu’une seule arme. Le vaccin est une arme fondamentale. » En 2021, 38,4 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde selon l’ONU.