L'ACTU.
« Les maladies sexuellement transmissibles sont en recrudescence chez les jeunes » a expliqué Emmanuel Macron, en annonçant que les préservatifs seraient gratuits pour les jeunes de 18 à 25 ans à partir de janvier 2023. Le ministre de la Santé François Braun a expliqué que ce serait « un remboursement à 100% par la Sécurité sociale. » Et « sans ordonnance. » Les préservatifs étaient déjà remboursés, mais seulement en partie et sur prescription.
L'ARCHIVE.
Avant les années 80, la démocratisation des méthodes de contraception hormonales à destination des femmes, comme la pilule ou le stérilet, avait participé à faire tomber en désuétude l'usage du préservatif. Avec l’apparition du virus du sida, les choses changèrent et à partir de 1987, l'État français s'engagea dans des campagnes de prévention à destination du grand public. Entre 1985 et 1996, le préservatif est passé « de 10 % à 85 % d'utilisation au premier rapport ».
Le préservatif se démocratisait, mais son prix demeurait trop élevé pour les plus jeunes. D'autant qu'en demander le financement par un proche adulte pouvait s'avérer difficile, du fait d'un tabou entourant la sexualité.
« Oui au préservatif dans les lycées », citait dans l'archive de janvier 1992, en tête d'article, le présentateur du 20 h d'Antenne 2. Ces mots étaient ceux de la secrétaire d'État aux droits de la femme, Véronique Neiertz. Elle lançait en parallèle une campagne d’information sur la contraception auprès des jeunes. « Le spectre du sida y est évidement pour quelque chose. Les lycéens que nous avons rencontrés en sont parfaitement conscients pour la plupart » expliquait le commentaire de reportage sur l'installation de distributeurs de préservatifs dans les lycées.
Le prix trop élevé des préservatifs
Un jeune homme présentait sa boite de préservatif à la caméra. « 24.50 francs [environ 5.50 € aujourd'hui] la boite de six préservatifs en pharmacie, c'est cher, bien cher, pour le porte-monnaie des étudiants », commentait la journaliste.
La secrétaire d'État, contrairement au gouvernement actuel, y répondait avec modération : « je crois effectivement qu'il faudra faire baisser le prix des préservatifs. Peut-être pas le rendre gratuit parce que sinon on a tendance à ne plus accorder de valeur à ce qui ne coûte rien. » Véronique Neiertz proposait le préservatif à un franc. Une politique publique qui avait été mise en place une année plus tard, alors que celle-ci n'était plus au gouvernement, en 1993.
Dans ce reportage, les étudiants se montraient en faveur de l'installation de distributeur. « Il faut aller dans les pharmacies. On a honte presque, il y a beaucoup de gens qui ont honte alors que c'est quelque chose qui doit devenir courant. C'est important hein, il faut se protéger ! » affirmait une jeune fille avec assurance.
Se protéger des IST, un tabou persistant
Un autre ajoutait : « C'est la prévention qui est mal faite surtout, acheter des capotes tout ça. C'est pour nous qu'ils la font, ce n'est pas pour les vieux. Et ça touche absolument personne, je sais bien qu'on n'en parle jamais, ni entre nous ni entre personne. Ça nous arrive jamais de parler du sida ni d'autres choses. » Et pour cause, pour la journaliste : « les jeunes utilisent le préservatif plus souvent comme contraceptif que contre le sida. Ils ne se sentent pas toujours concernés par la maladie et le risque à leurs yeux ne vaut pas toujours la dépense. »
« À mon avis, ça devrait être remboursé par la sécu, les capotes ! » proposait un étudiant dans le reportage. Un peu trop tard pour lui, désormais la quarantaine, ce sera cependant chose faite pour les jeunes à partir de janvier 2023.
Salouël : une thèse sur le préservatif
1991 - 02:17 - vidéo