Dissolution : c’est la menace brandie par Emmanuel Macron faute de majorité absolue pour gouverner. Car le président de la République le sait bien : les seconds mandats finissent mal… en général. Usés, De Gaulle, Mitterrand et Chirac ont tous fini par sombrer dans l’immobilisme.
De Gaulle : de fractures en démission
En 1965, pour De Gaulle, l’élection était une formalité, les Français savaient ce qu’ils lui devaient. Il s'adressait ainsi avec confiance aux citoyens et citoyennes : « Chacun de vous, aura l’occasion de prouver son estime et sa confiance. »
Pourtant, il fut mis en ballottage face au jeune Mitterrand, avant d’être élu. Quelque chose se cassa dans sa relation avec le peuple. Au cours de ce second mandat, la principale fracture fut mai 1968. Et ce slogan hostile au général de Gaulle : « 10 ans, ça suffit ».
En 1969, il personnalisa le référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat : en cas de rejet, il partira. « Si je suis désavoué par une majorité d’entre vous solennellement sur ce sujet capital. (...) Ma tâche actuelle de chef de l’État deviendra évidemment impossible et je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions. » Sa prédiction se réalisa et De Gaulle alla s’isoler à Colombey-les-Deux-Églises sans même faire ses adieux au peuple français.
Mitterrand : révélations et deux cohabitations
1988, 2e mandat de Mitterrand. Mais avec une majorité relative à l’Assemblée. Puis lors des législatives suivantes de 1993, la droite l'emporta, ce qui donna lieu à une nouvelle cohabitation. « Mes chers compatriotes, en élisant une majorité nouvelle, très importante, à l’Assemblée nationale, vous avez marqué votre volonté d’une autre politique. »
Il était affaibli par la maladie et les coups durs s’enchaînaient. Son ancien chef du gouvernement, Pierre Bérégovoy, se suicida dans des circonstances troubles. La presse révéla l’existence de sa fille naturelle : Mazarine Pingeot, puis son passé Croix-de-Feu et Vichyssois. Il dut se défendre publiquement : « Je n’ai jamais été, par tempérament, par habitude, et aussi par l’enseignement de mon père et de ma mère, je n’ai jamais été hostile comme ça instinctivement, jamais sensible au racisme. »
Chirac : l'immobilisme et la montée de Sarkozy
2002, Jacques Chirac. Après sa victoire en trompe-l'œil face à Jean-Marie Le Pen, il nomma Jean-Pierre Raffarin Premier ministre qui fut taclé pour son immobilisme. Et le président assista impuissant à la montée d’un ministre qui fut élu après lui : un certain Nicolas Sarkozy. « Il n’y a pas de différent entre le ministre des Finances et moi. Pour une raison simple, c'est que notamment s’agissant de la dépense, je décide et il exécute. » Il termina son mandat sur l’échec de son référendum sur la Constitution européenne. Il ne s’en remit pas : « C’est votre décision et j’en prends acte. »