Solenn de Royer, grande reporter au Monde, raconte dans "Le dernier secret" (Editions Grasset) une période inconnue de la vie de François Mitterrand : sa relation amoureuse avec une très jeune femme durant les huit dernières années de sa vie.
Le Monde écrit, en publiant les bonnes feuilles de ce livre, que "le récit souvent stupéfiant qu’en fait la journaliste dit beaucoup de cette époque particulière au palais de l’Elysée."
À cette occasion, nous revenons donc dans cet article sur les deux septennats de l'ancien président.
10 mai 1981 : le second tour des présidentielles oppose Valéry Giscard d'Estaing à François Mitterrand. 23 heures passées, sur les écrans de télévision, c'est le visage du candidat socialiste qui s'affiche : François Mitterrand remporte les élections avec 51,8 % des suffrages. Premier président de gauche de la Ve République, il débute son septennat par un hommage symbolique, le jour de son investiture, il dépose une rose rouge sur chaque tombeau des héros de la résistance au Panthéon. Puis il nomme Pierre Mauroy à la tête de son premier gouvernement et dissout l'Assemblée Nationale. lors du premier conseil des ministres, six femmes apparaissent sur le perron de l'Elysées.
Conseil des ministres
1981 - 02:49 - vidéo
Les élections anticipées lui assurent une majorité absolue au Parlement. Il peut alors mettre en place une politique de mesures inédites, qu'il poursuivra jusqu'après 1988, année de sa ré-élection à la présidence.
La polémique de la peine de mort
Dès 1981, François Mitterrand applique l'une de ses principales promesses de campagne : abolir la peine de mort. Si la majorité des Français (62%) ne souhaitaient pas remiser la guillotine, le candidat Mitterrand s'était publiquement prononcé pour sa suppression.
François Mitterrand "Je suis contre la peine de mort"
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Élu, il nomme son ministre de la justice : Robert Badinter, avocat qui a fait de la suppression de la peine capitale un combat permanent.
Robert Badinter à l'Assemblée nationale sur la peine de mort
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A l'Assemblée, devant les Sénateurs, le nouveau Garde des Sceaux milite avec ferveur. Son action est couronnée de succès le 9 octobre 1981 : la peine de mort est officiellement abolie en France. Aujourd'hui, 71% des Français considèrent cette mesure comme le plus grand événement de la présidence de Mitterrand. 66 % d'entre eux se souviennent aussi du Président Mitterrand comme l'homme des réformes sociales.
Les mesures sociales
101 propositions constituent son programme de campagne : dès 1982, il s'engage à les respecter. Son gouvernement instaure la semaine des 39 heures, la 5e semaine de congés payés et la retraite à 60 ans.
En 1988, le RMI (revenu minimum d'insertion) est créé sous le gouvernement de Michel Rocard.
Plateau Michel Rocard
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Puis la CSG, la cotisation sociale généralisée. Le monde du travail attendait ces mesures et François Mitterrand les a défendues, y compris lors des périodes de cohabitation (de 1986 à 1988, lors du gouvernement Chirac et de 1993 à 1995, lors du gouvernement Balladur. De même, il s'est investi personnellement dans le débat pour la construction européenne.
La construction européenne
Né en 1916 au milieu de la première guerre mondiale, fait prisonnier en 1939, devenu résistant (après un passage à Vichy), François Mitterrand a la conviction que la paix peut se consolider grâce à une grande Europe. Avec Helmut Kohl, il renforce l'axe franco-allemand. En 1984, lors de la cérémonie de commémoration à Verdun, le président français et le chancelier allemand se tiennent la main. Tout un symbole.
François Mitterrand et Helmut Kohl main dans la main
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Soucieux de la mise en place d'une Europe unie, François Mitterrand s'oppose aussi à la vision de Margaret Thatcher et milite pour l'intégration de l'Espagne et du Portugal. Son action sera couronnée par la ratification du traité de Maastricht en 1992 : 51,30% des votants français répondent favorablement au référendum.
François Mitterrand et la ratification du traité de Maastricht par referendum.
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La culture et les grands travaux
Au-delà du chef d'Etat, François Mitterrand est aussi (re)connu en tant qu'homme de lettres. C'est pourquoi il a fait du secteur culturel sa priorité : autorisation des radios locales privées en 1981, création de la fête de la musique en 1982, libération de l'audiovisuel en 1984 (permettant ainsi les premières chaînes privées), instauration du prix unique du livre en 1985, etc. Durant son double septennat, François Mitterrand aura même laissé son empreinte aux quatre coins de Paris.
Dès 1982, le président socialiste décide de la construction d'un nouvel opéra dans la capitale afin de décharger l'Opéra Garnier. Ce nouveau bâtiment trouve sa place près de la place de la Bastille. La même année, un autre chantier ambitieux est inauguré : la Pyramide du Louvre. Le Musée d'Orsay, la Cité de la Musique, l'Arche de la Défense sont également à rajouter aux nombres de ce qu'on appelle les "Grands Travaux" de François Mitterrand. Son dernier ouvrage, lancé en 1988, est celui de l'édification de la Bibliothèque Nationale de France, en plein cœur du nouveau quartier de Tolbiac Rive Gauche.
Démocratiser la culture et en favoriser l'accès : tels sont les principaux enjeux de ces travaux. « La politique est la servante de la science, et l'humble interprète de la philosophie. Elle n'a pas la vertu créatrice de l'art », explique le quatrième président de la Ve République dans son livre Ma part de vérité.
François Mitterrand est mort le 8 janvier 1996.