«Des hommes aussi peuvent être enceints». Une campagne du Planning familial fait polémique depuis le 19 août. Cette affiche réalisée par le dessinateur Laurier The Fox met en scène un homme transgenre qui attend un enfant. En exergue cette phrase : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». Cette campagne avait débuté en mai sans soulever de réactions, c’est le tweet de son auteur, le 17 août, qui a suscité la polémique. Certains arguant que l’association sortait de son cadre habituel de promotion de la contraception et de gestion du contrôle des naissances
Le Planning familial est issu d'un mouvement associatif né en 1956, avec un slogan devenu célèbre : « Un enfant si je veux, quand je veux ». L’archive en tête d'article, diffusée en 1981 dans le JT de 13h00, à l’occasion des 20 ans du Planning familial, revient sur les différentes étapes qui menèrent à l’ouverture du premier centre en 1961.
C’est en effet le 10 juin 1961 qu’allait s’ouvrir, à Grenoble, le premier centre du Planning familial. L’objectif de cette nouvelle structure d’accueil était de promouvoir la régulation des naissances en développant et en dédramatisant la contraception, tout en offrant la possibilité de s’informer librement en matière d’éducation sexuelle. En 1961, la contraception était encore interdite, à cause de la loi de 1920 qu'allait abolir Lucien Neuwirth en 1967.
Ouverture du premier centre de planning familial à Grenoble
1961 - 00:45 - vidéo
Inauguration du premier centre du planning familial.
Retour sur un combat sociétal
Dans l'archive en tête d'article, plusieurs pionnières du Planning familial relatent leur combat de la première heure. En particulier la fondatrice du mouvement, le docteur Marie-Andrée Lagroua Weil-Hallé, première présidente du mouvement. Elle évoque ici les débuts de l'association avec la création de Maternité heureuse, qui allait oser parler de contraception à une époque où elle était encore interdite. « Une association sans aucune implication ni politique ni religieuse », précisait-elle. En 1958, l'association changeait de nom pour devenir le Mouvement français pour le planning familial, avec la création des premiers centres d'accueil trois ans plus tard.
Dans ce reportage, des femmes de terrain, complétaient. Andrée (responsable d'un centre) et Françoise et Nicole, bénévoles et militantes, revenaient sur le développement des centres en France. L'une d'elles précisant que la loi Neuwirth de 1967, si elle avait suscité de grands espoirs, n’avait pas changé grand-chose dans le traitement de la contraception, « faute de décret d'application », la loi était quasiment restée « lettre morte ». Voyant que les moyens n'arrivaient pas, elle expliquait que c’est là qu’avait germé l'idée de lutte et de mouvement féministe. Elles évoquaient aussi l'importance des subventions qui se firent longtemps attendre. Pour elles, les lois de 1975 et 1979 n'avaient pas vraiment amélioré la situation financière des centres.
A l'époque de cette archive, en 1981, le bilan était encore négatif à leurs yeux car seulement 30% des femmes suivaient une contraception efficace. Pour les 70% restant, le planning souhaitait continuer son effort notamment en matière d'information. Pour mieux la diffuser, le Planning comptait sur une aide réelle des pouvoirs publics.
L'importance d'informer
Cette archive de 1966 ci-dessous montre l'ambiance qui régnait dans les deux premiers centres ouverts. Elle donne la parole à plusieurs femmes, ou couples, qui décrivent leurs motivations personnelles à avoir franchi le seuil des centres. Ils racontent leur parcours et comment le Planning familial les a aidés. Parmi les interviews de ce reportage, à noter celle du professeur François Jacob, prix Nobel de médecine, à propos de l'importance de l'information au public concernant l'avortement, alors qu'il est hors la loi.
Planning familial : 10 ans d'expérience
1966 - 13:30 - vidéo