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La vie dans les logements précaires mahorais avant le passage du cyclone Chido

La vie dans les logements précaires mahorais avant le passage du cyclone Chido

Samedi 14 décembre 2024, le cyclone Chido a dévasté Mayotte. Le nombre de victimes se compte probablement en centaines de personnes. En particulier parmi les habitants des logements les plus précaires, construits en tôle et représentant près de 40 % des constructions, qui ont été complètement rasés. Retour en archives sur des conditions de vie extrêmement précaires.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 16.12.2024
 

L'ACTU.

Samedi 14 décembre 2024, le cyclone Chido a touché de plein fouet Mayotte. En plus de pluies intenses, des vents d'au moins 220 km/h ont été enregistrés, dépassant les records locaux.

Au 16 décembre, le bilan humain s'élevait à une vingtaine de mort. Mais selon le préfet de l’île, François-Xavier Bieuville, ce décompte est parcellaire : « Je pense que le bilan final est beaucoup plus lourd. Sans doute plusieurs centaines, peut-être un millier, voire quelques milliers » de morts. L'une des explications à la difficulté de compter les victimes est lié à la présence de nombreux habitants illégaux (Mayotte compte 321 000 habitants officiels), dans des logements de fortune. L'archipel est le territoire français avec les plus grands bidonvilles. Ceux-ci, principalement composés d'habitats de tôle, ont été complètement rasés par le cyclone, faisant ainsi de potentielles nombreuses victimes.

Près de 40 % des logements recensés par l'Insee en 2017 étaient ainsi fait de tôle. Une part de constructions fragiles qui est restée plutôt stable depuis 20 ans, comme l'explique l'Institut de statistique : « Moins onéreuses et plus faciles à édifier que les maisons en dur, elles répondent en effet rapidement aux besoins en logements des nouveaux arrivants, en particulier des nombreux immigrants venus des Comores entre 2012 et 2017 ». Et d'ajouter : « Les conditions de logement sont les plus difficiles pour les personnes de nationalité étrangère. Ainsi en 2017, 65 % d'entre elles habitent dans une maison en tôle, contre 25 % des Français nés à Mayotte ou à l’étranger, et seulement 3 % des Français nés en métropole ou dans un autre DOM ».

LES ARCHIVES.

« Ici, la vie est dure, mais c'est encore pire aux Comores. » Un accès à l'eau potable restreint, un taux de pauvreté élevé (77 % des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018), une forte pression démographique, avec des flux migratoires importants depuis les Comores et un très fort taux de natalité, 40 % d'habitats précaires… Mayotte connait de nombreuses difficultés. Dans les journaux télévisés nationaux, où l'on parle assez rarement de Mayotte, l'archipel a notamment été l'objet de sujets lorsqu'il est devenu un département français en 2011. L'occasion d'essayer de résumer en quelques courtes minutes le quotidien mahorais.

Dans l'archive en tête d'article, France 3 abordait son portrait de l'archipel par le biais de l'immigration. « Le niveau de vie est inférieur à celui de la métropole, mais bien plus élevé que dans les pays voisins. Et c'est bien ce qui pose problème. Mayotte est confrontée à une immigration clandestine qui explose. » Les journalistes avaient rencontré Mohammadi, un de ces Comoriens arrivé illégalement à Mayotte. Il vivait dans les hauteurs de Mamoudzou, comme « des milliers de sans papiers (...) réfugiés ici pour fuir la misère des Comores », dans l'un des immenses bidonvilles qui jouxtent la ville. Les maisons y sont faites de tôle, et souvent elles n'ont pas d'eau courante ni de raccordement officiel à l'électricité.

En 2017, selon l'Insee, ces conditions de logement difficiles concernaient les deux tiers des personnes de nationalité étrangère du 101e département français. Mohammadi racontait en faisant visiter son logement : « C'est ici que j'habite. J'ai ma petite télé, mon ventilateur, car il fait chaud, 40 degrés, là, j'ai mon bidon d'eau. Je dors là, toute ma vie est là. C'est dur ici, la vie est dure, mais c'est encore pire aux Comores. Là-bas, il n'y a pas de travail. Aux Comores, un jeune sait d'avance qu'il n'aura pas d'emploi. Moi, ici, j'ai des petits boulots, je suis jardinier. Je peux gagner 150 euros par mois ».

Dans le reste de ce reportage de France 3, une autre face de la vie à Mayotte était montrée : celle des interventions répétées des forces de police pour expulser les Comoriens installés illégalement sur le sol français. Une politique poursuivie, en 2023, avec l'opération Wuambushu, comme on le voit dans l'archive ci-dessous.

Pour lutter contre les logements insalubres, le manque de services publics (au regard de la population), l'insécurité et l'immigration clandestine, en 2023, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin choisissait la force. L'opération Wuambushu visait au démantèlement des bidonvilles et l'expulsion des clandestins.

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