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La crise récurrente du manque d’eau à Mayotte

La crise récurrente du manque d’eau à Mayotte

À Mayotte, une enfant de trois ans est morte du choléra, alors qu'une épidémie y touche désormais 65 personnes. Cette maladie se développe notamment là où l'assainissement de l'eau est insuffisant. En 2023, l'alerte était donnée sur les restrictions d'eau massives subies par les habitants de Mayotte depuis plusieurs mois. Cette situation existe depuis longtemps sur place et elle est dénoncée depuis les années 1980.

Par Ludivine Lopez - Publié le 04.09.2023 - Mis à jour le 10.05.2024
 

Mayotte fait face à une pénurie d’eau potable récurrente depuis 1997. Coupures et restrictions font partie du quotidien des 300 000 habitants du département français. Mais nos archives montrent que c'était déjà le cas dès la fin des années 1980 comme le montre le montage disponible en tête d'article.

« Un réflexe devenu complètement inutile et qu’on a presque oublié sur la petite terre à Mayotte. Les 10 000 habitants de cette île (...) ont connu une saison sèche pénible. L’eau était coupée trois à quatre jours par jour par semaine. »

À Mayotte, la réserve en eau dépend majoritairement des retenues d’eau de pluie. Alors, si la saison des pluies est peu abondante, le stock manque. Comme en 1993 : pour alimenter la population, la préfecture affrétait déjà des camions citernes. Dans certaines villes, ils avaient du mal à arriver. À Mamoudzou, la capitale, les riverains s'impatientaient : « Nous entamons notre deuxième semaine d’attente, ces camions citernes annoncés ne sont toujours pas là. C'étaient vraiment des promesses bidons, ces camions n'arriveront peut-être jamais dans ce village. » Une autre femme s'insurgeait : « Tout le monde est responsable, le maire, le Conseil général ainsi que les conseillers municipaux. Tous ces gens pendant la campagne électorale, donne des promesses, mais une fois élus ils disparaissent. »

Un problème de qualité de l'eau

Sans solution, les Mahorais se ruaient vers les puits et dans les rivières où les bactéries prolifèrent. En 2001, une épidémie de choléra touchait l'île. La Dass appelait les riverains à la plus grande vigilance. Jean-Jacques Coiplet, directeur adjoint Dass de 2000 à 2002 : « Il est effectivement recommandé de ne pas utiliser l’eau de la rivière à des fins domestiques, ainsi que de laisser les enfants jouer dans cette rivière. »

La qualité de l’eau. C'est l’autre problème à Mayotte. L’île manque de réseaux d’assainissement et de stations d’épuration. Face à l’urgence, l'État promettait des investissements en 2008 et en 2017, le gouvernement engageait 17,3 millions d’euros dans le cadre d’un plan eau. Mais deux ans plus tard, la situation n’avait pas changé : « Cette rivière pleine de détritus est polluée, elle est pourtant censée alimenter en eau potable une large zone du centre de Mayotte. Les mauvaises pratiques et les rejets d'une station d'épuration sont pointées du doigt par un collectif d'habitants indignés aujourd'hui par une situation qui dure depuis trop longtemps. »

Aujourd’hui, la crise de l’eau perdure et s’est intensifiée.

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