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Le kibboutz, un rêve sioniste, laïc et socialiste

Le kibboutz, un rêve sioniste, laïc et socialiste

Au cours de l'offensive du Hamas contre Israël lancée samedi 7 octobre, deux kibboutz ont fait l'objet de violentes attaques. Des dizaines de civils ont été tués, dont des enfants. Mais que sont les kibboutz, villages communautaires installés pour certains en Palestine depuis le début du XXe siècle ?

Par la rédaction de l'INA - Publié le 11.10.2023
Le Kibboutz - 1963 - 08:51 - vidéo
 

L'ACTU.

Depuis la violente offensive surprise du Hamas contre Israël samedi 7 octobre, plusieurs kibboutz ont été pris pour cible. C'est le cas notamment des kibboutz de Kfar Aza et Bee'ri où des dizaines de civils ont été tués, dont des enfants. Certains observateurs parlent de crimes de guerre, comme Nathalie Godard, d'Amnesty International France. Sur France Inter le 11 octobre, elle soulignait une situation « tragique » et « des lignes rouges qui sont actuellement franchies dans l'atrocité ». Et d'ajouter : « Il n'y a rien qui peut justifier à la fois les attaques contre les civils et les prises d'otages de civil ».

Que sont ces kibboutz, villages communautaires installés pour certains en Palestine depuis le début du XXe siècle ?

LES ARCHIVES.

« Voici 30 ans, ce jardin ombragé était un marécage. Pour y vivre des hommes se sont rassemblés, mettant leurs ressources en commun et se partageant le produit de leur travail. » En 1973, la télévision française se rendait en Israël pour faire le portrait de villages agricoles aux idéaux socialistes. « Ce village collectiviste ou kibboutz est gouverné par l'assemblée générale de tous ses membres. Tout y est collectif, excepté le logement qui est privé. Pour accepter le système du kibboutz, il faut avoir un idéal qui résiste à l'épreuve de la vie communautaire », poursuivait la journaliste en commentaire de cette archive disponible en tête d'article.

Les premières communautés de la sorte en Palestine datent de la fin des années 1900. En 1909, une douzaine de juifs aux origines russes et polonaises créaient Degania Alef, aux abords du Jourdain. Ces structures, défenseures d'un sionisme laïc, se sont développés tout au long du XXe siècle et en particulier après la création de l'État d'Israël en 1948. L'égalité y était une valeur centrale, comme le deux jeunes membres d'un kibboutz, mariés, en 1973. « Ce n'est pas très facile d'expliquer brièvement ce qu'est la vie du kibboutz (...). La vie du kibboutz est basée sur l'égalité de chacun de ses membres. Quiconque peut devenir membre du kibboutz à condition de travailler selon les besoins du kibboutz et de recevoir ce dont il a besoin. » La durée de travail était d'environ huit heures, les repas étaient communs, les salaires égaux.

L'épouse travaillait avec des enfants, le mari était professeur. Ils avaient un fils de 4 ans. Notamment pour permettre le travail des femmes, les enfants étaient éduqués en collectif selon des modalités différentes en fonction du kibboutz. Dans celle de nos deux jeunes mariés, « seulement durant leur travail, les enfants sont dans une maison pour enfants où il reçoit une éducation ». Ils louaient par ailleurs la vie collective de leur kibboutz. « Chaque kibboutz a son comité culturel » qui organisait beaucoup de choses, « ce qui fait différer le kibboutz d'un village agricole ». Et de noter cependant un « style de vie assez simple » où, par exemple, le maquillage féminin n'était pas encore très bien vu.

À l'époque expliquait le reportage, 5 % de la population en Israël appartenait à un kibboutz.

Et finalement, le libéralisme et la propriété privée

« Sous le drapeau rouge qui rappelle à chacun la vocation socialiste du kibboutz, nous avons retrouvés la salle à manger commune déserte. Libérer l'homme de l'obsession du profit, libérer la femme en lui donnant toutes les possibilités d’épanouissement, favoriser l'union libre et rendre au travail manuel toute sa dignité. Tel était au départ les principes. De l'autre côté de la salle, il y a le drapeau de l'état juif. » Dans l'archive de la même époque ci-dessous, un reportage s'intéressait en particulier aux valeurs des kibboutz. « Sous ces deux symboles réunit : est-il en train de naitre en Israël, dans les kibboutz une culture nouvelle ? »

La vie en Kibboutz
1971 - 03:03 - vidéo

Un habitant l'espérait, en tout cas. « Dans la famille traditionnelle, c'était la tradition qui dictait la manière d'agir à chaque heure du jour. Depuis que beaucoup de juifs ont quitté la tradition, il a manqué au judaïsme une nouvelle façon de créer une tradition juive. Je crois que le kibboutz est la renaissance de la traduction juive et peut-être que dans deux ou trois générations s'il y aura un autre mode de vie déjà cristallisé qui fera le modèle d'une famille juive. » Et de conclure : « Ce sera la création d'une nouvelle tradition. »

Malgré l'utopie promise, les kibboutz ont connu des limites. À partir des années 1990, la plupart d'entre eux se sont progressivement libéralisés et individualisés. Les logements se sont privatisés, la propriété aussi. Leurs activités ont aussi évolué, de l'agriculture à l'industrie. Aujourd'hui, des quelque 270 kibboutz, une minorité a conservé le fonctionnement collectiviste historique.

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