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Des années 80 à nos jours, ce que disent les archives sur le Hamas

Des années 80 à nos jours, ce que disent les archives sur le Hamas

Depuis le 7 octobre 2023, Israël et le Hamas sont en guerre. Ce conflit, lancé à la suite de l'attaque du parti islamiste contre Israël, a fait des dizaines de milliers de morts. Portrait en archives du Hamas qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007.

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 10.10.2023 - Mis à jour le 18.09.2024
Le Hamas - 2003 - 02:07 - vidéo
 

L'ACTU.

Le 7 octobre 2023, le Hamas palestinien a lancé une violente offensive contre Israël en lançant plusieurs milliers de roquettes et s’infiltrant sur le territoire depuis la bande de Gaza. Attaque à laquelle Israël a largement riposté, faisant des milliers de morts dans la bande de Gaza. La branche militaire du Hamas avait annoncé avoir déclenché l'opération contre Israël pour « mettre fin aux crimes de l'occupation ». Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, la partie orientale de Jérusalem et impose un blocus à Gaza depuis plus de 15 ans. Ce dernier territoire est contrôlé par le Hamas à la suite des élections de 2006.

LES ARCHIVES.

« Dans cette flambée de violence, Israël semble déterminé à écraser le Hamas, ce mouvement islamiste palestinien, qui revendique le terrorisme comme principal moyen d'action ». Le 13 juin 2003, deux jours après un attentat-suicide revendiqué par le Hamas, le 20 h de France 2 faisait le point sur la situation. Cet attentat, survenu à Jérusalem sur fond de conflit Israélo-palestinien, avait fait 17 morts et une centaine de blessés. Il avait eu lieu quelques heures seulement après la tentative d'assassinat d'un responsable du Hamas par l'armée israélienne.

L'attentat-suicide avait déclenché la riposte d'Israël et, comme on pouvait l'entendre dans cette archive disponible en tête d'article, « le gouvernement d'Ariel Sharon s'est engagé dans une guerre totale avec pour cible désormais les extrémistes palestiniens du Hamas ». L'armée israélienne avait pour consigne « d'écraser totalement » le Hamas. Celui-ci promettait, de son côté, de nouvelles attaques-suicides. Des menaces et une rhétorique également employées par les deux parties en automne 2023.

Une organisation d'abord occultée

Sur place, Charles Enderlin, alors correspondant de France 2 à Jérusalem, décryptait les origines du Hamas, organisation considérée aujourd'hui comme terroriste par de nombreux pays occidentaux et disposant d'une branche armée ainsi que d'une branche politique. On peut retrouver les prémices du Hamas dès les années 1960, dans l'émanation palestinienne des Frères musulmans. Dans la bande de Gaza, ces groupes participèrent à la création de mosquées ou encore d'associations caritatives.

Charles Enderlin expliquait : « Paradoxalement, les Israéliens n'ont pas toujours considéré les Islamistes palestiniens comme leurs ennemis. En 1981, des intégristes expulsés d’Égypte ont été autorisés de revenir à Gaza par un ministre israélien de la Défense qui s'appelait Ariel Sharon. L'année suivante l'administration militaire a même participé à la construction du siège de l'Union islamique dirigée par un cheikh charismatique : Ahmed Yassine. » À l'époque, l'enjeu se trouvait du côté de l'OLP, Organisation de libération de la Palestine, de Yasser Arafat.

Le journaliste de France 2 poursuivait ainsi : « Les dirigeants israéliens de gauche comme de droite jouaient les islamistes contre l'OLP. » Et d'ajouter : « Le tournant interviendra en 1988, lors de la Première intifada. Le cheikh Yassine crée le mouvement Hamas, ce qui signifie "zèle". Il est arrêté l'année suivante. ». Le Hamas développa alors sa branche militaire et se lança « dans une guérilla urbaine et les attentats ». Avec un objectif, selon Charles Enderlin : « Une Palestine islamique de la méditerranée au désert, la disparition d’Israël. » À partir de 1993, l'organisation palestinienne, opposée aux accords d'Oslo, multiplia les attaques-suicides en Israël.

Le cheikh Yassine « à la fois le leader et la conscience des intégristes du Hamas »

« À Gaza, il est aussi populaire que Yasser Arafat, dans cette de terre où 60% de la population est sans travail, le vieillard à la barbe de prophète et à la calotte blanche fait figure d'idole ». En 2003, moins d'un an avant son assassinat par l'armée israélienne, France 2 proposait le portrait ci-dessous du fondateur principal du Hamas, Ahmed Yassine. Le commentaire y décrivait un personnage dont la « haine contre l'État hébreu » avait été « nourrie depuis son enfance ».

En 1948, lors de la guerre israélo-arabe selon le reportage, il avait vu son village rasé par les forces israéliennes et s'était retrouvé dans un camp de réfugié de Gaza. « Au début des années 1980, il fonde sa propre organisation le Al-Moujamma al-Islami et commence à recruter des jeunes Palestiniens épris d'action. Ils deviendront quelques années plus tard les combattants armés du Hamas. » Toléré jusqu'alors, « en 1990, il va trop loin, il est arrêté puis jugé par un tribunal militaire pour sa participation à l'assassinat d'un soldat israélien. Verdict prison à vie ».

Finalement libéré quelques années plus tard, dans le cadre d'un échange de prisonniers, il était « accueilli en héros » à Gaza, disait ce reportage.

Et puis, « le Hamas est renforcé en 1997 par la libération d'un dirigeant dur, Abdel Aziz al-Rantissi, puis du cheikh Yassine qui retourne à Gaza. Une décision du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou. » Et de conclure : « L’échec des négociations, la seconde intifada, la destruction systématique des services de sécurité israéliens permettent au Hamas de prendre le contrôle d'une partie de la rue en Cisjordanie et à Gaza. » On était en 2003 et le commentaire mentionnait la popularité du Hamas auprès des Palestiniens, qui « dépasserait aujourd'hui celle du Fatah de Yasser Arafat ».

Le retrait d'Israël et la division palestinienne

Poussé par une seconde Intifada (2000-2005), en décembre 2003, le gouvernement israélien d'Ariel Sharon se résolvait à se retirer de Gaza, occupé depuis la fin de la Guerre de six jours. Une décision effective à partir d'août 2005. La dizaine de milliers de juifs présents dans la région quittèrent la bande de Gaza.

Dès 2005, le Hamas entrait en politique avec des candidats aux élections municipales palestiniennes. Et puis, en 2006, l'organisation que Charles Enderlin disait dès 2003 plus populaire que le parti nationaliste palestinien historique le Fatah, remportait les élections législatives. Dans l'archive ci-dessous, France 2 racontait. « Le drapeau vert flotte ce soir sur les territoires palestiniens. Vert c'est la couleur des islamistes du Hamas. Tout le monde s'attendait à leur percée aux élections, mais personne n’avait prévu l'ampleur de leur triomphe. »

Victoire du Hamas
2006 - 02:09 - vidéo

Sur le reportage, la joie des vainqueurs. L'un deux expliquait : « Ce n'est pas seulement une victoire du Hamas, c'est aussi une victoire la rue (...) se débarrasser de la corruption. Le Fatah n'a plus de crédibilité ». En face, les opposants déçus déploraient : « Le Hamas ne travaille pas, ne sait faire que la lutte armée ». Le Fatah refusa alors toute participation à un gouvernement de coalition.

« Gaza est ce matin une île »

Une guerre civile s'en suivit en Palestine, faisant des dizaines de morts à Gaza. Et puis, en 2007, annonçait-on à la télévision française, le Hamas, avait « désormais pris le contrôle de la bande de Gaza et les Palestiniens sont divisés en deux entités territoriales ». « Gaza est ce matin une île », ajoutait-on sur TF1 dans l'archive ci-dessous. Une scission sans surprise pour les commentateurs, « la guerre fratricide entre le Fatah laïque et le parti islamiste dure depuis des mois, depuis la victoire indiscutable, mais contestée du Hamas aux dernières élections législatives ». Le Fatah dirige depuis l’Autorité palestinienne en Cisjordanie et le Hamas contrôle la bande de Gaza.

Israël et l'Égypte imposèrent à partir de là un blocus à la bande de Gaza et le Hamas remplaça ses attentats-suicides par des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza. Une première guerre éclata entre Gaza et Israël en 2008. Puis une autre en 2009, mais aussi en 2012, en 2014, en 2021 et enfin, en 2023.

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