« Les Israéliens ont décidé la construction d’un mur qui va les séparer des territoires de Cisjordanie palestiniens, 120km de long dans un premier temps, un moyen décidé par Ariel Sharon pour mettre un terme aux attaques terroristes, pour autant, son efficacité n’est pas prouvée et de toute façon elle concrétise une triste réalité, la politique n’a pas pour l’instant une solution à proposer pour faire vivre côte à côte Israéliens et Palestiniens ». Ainsi commente le 17 juin 2002 dans le JT de 13h de France 2 le journaliste Daniel Bilalian la construction par Israël du mur qui va désormais séparer l’état hébreu de la Cisjordanie palestinienne.
Le reportage, placé en tête d’article, est réalisé par le journaliste Charles Enderlin. Il rappelle qu'une « telle barrière de sécurité existe déjà mais sur 10 km seulement à l’ouest de la ville palestinienne de Tulkarem », mais que la décision importante que prend Israël en ce mois de juin 2002 est de la « prolonger de 105km ». « Le budget a été débloqué, 110 millions d’euros, et les travaux ont commencé [hier]. Officiellement il ne s’agit pas de construire une frontière mais d’empêcher les kamikazes palestiniens de pénétrer en Israël.» Le contexte sécuritaire de l’époque est indissociablement lié à la seconde Intifada qui voit les attentats se multiplier sur le territoire israélien.
Prisonniers
Dès l’annonce de la construction de ce qu’Israël nomme une «barrière de sécurité», les réactions sont vives. Déjà, parce que comme l’explique Charles Enderlin, «le tracé de cette barrière ne suivra pas exactement l’ancienne ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie. Par endroits elle passera en territoire palestinien pour laisser côté israélien pas moins de neuf colonies construites en zone occupée.» Ce tracé à l’avantage territorial d’Israël ne suffit pas à calmer le courroux de l’extrême droite israélienne, représentée dans le reportage par le ministre de l’habitat du gouvernement d’Ariel Sharon, Effy Eitam : « De fait nous traçons la frontière de l’état terroriste. Le gouvernement prépare l’abandon des localités juives de Judée Samarie. Il enfermera l’Etat d’Israël dans une cage ».
Côté palestinien, l’impression est qu’ils seront « prisonniers du mur construit par Israël », explique Charles Enderlin. Saeb Erekat, ministre du gouvernement local de Palestine, traduit ainsi le sentiment des Palestiniens : « Cela ne marchera pas, et ne fera que jeter de l’huile sur le feu. Cela ne fera que renforcer le cycle de violence. Les mauvaises frontières font les mauvais voisins. »
Conclusion du reportage de Charles Enderlin en Israël : « cette longue clôture de sécurité est une nouvelle preuve de l’échec du processus de paix commencé à Oslo. Face à l’intifada, face aux attentats, le gouvernement Sharon aborde le problème palestinien uniquement sous son aspect sécuritaire ».
Vingt ans plus tard, le mur est long de plus de 700 km, et suit un tracé complexe entre Israël et Cisjordanie.
Sur Lumni enseignement
Sur le site de l'INA édité pour les enseignants et leurs élèves, retrouvez en accès libre deux dossiers complets sur l'histoire d'Israël et la situation géopolitique locale :