L'ACTU.
Le 14 mai 2024, l'Assemblée nationale adoptait le projet de loi constitutionnelle sur l'élargissement du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Déjà au cœur des violences qui avaient eu lieu sur l'archipel entre 1984 et 1988, la question du corps électoral a rapidement provoqué une nouvelle vague d'émeutes sur ce territoire français du Pacifique.
Six personnes sont mortes et une centaine a été blessée depuis le début de la crise. Emmanuel Macron a déclaré l'état d'urgence sur l'archipel le 15 mai et devait s'y rendre mercredi 22 mai.
L'ARCHIVE.
« Brève rencontre en Nouvelle-Calédonie : la visite de François Mitterrand n'a duré que douze heures et ne s'est conclue par aucune déclaration spectaculaire. » Le 19 janvier 1985, une semaine après avoir déclaré l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie, le président de la République atterrissait sur l'archipel. Depuis quelques mois, le climat politique s'y était tendu et les relations entre partisans et opposants à l'indépendance du territoire se faisaient plus violentes. Le président n'avait annoncé son départ que la veille de son embarquement dans le DC8 présidentiel.
Au cours de son séjour de 12 h sur place pour un voyage qui « aura duré plus de 25 heures » entre Paris et Nouméa, le chef de l'État avait voulu, selon l'archive en tête d'article, entendre de vive voix « toutes les parties en cause dans le débat qui divise ce territoire ». À son arrivée, le représentant de l'État en Nouvelle-Calédonie, monsieur Pisani, avait le « visage des moments graves ».
Un président qui écoute
À l'issue de cette courte visite, « tous dirons que François Mitterrand a beaucoup écouté et questionné », rapportait l'envoyé sur place du «Soir 3», même si ces discussions n'avaient pas apporté de nouvelles idées. Jean-Marie Tjibaou (FLNKS), figure du nationalisme kanak, se montrait ainsi satisfait : « Je pense que le déplacement du président est aussi important pour la région, la région prend en compte ce déplacement comme une prise en considération peut-être plus importante du problème posé par la revendication d'indépendance du peuple kanak en Nouvelle-Calédonie ».
« Vu de Paris, avec tout ce qui s'est passé, des incidents, des drames aussi, on pouvait avoir le sentiment qu'il faudrait encore beaucoup de temps (...) pour pouvoir retrouver un langage », résumait le président. Ce matin et cet après-midi, ce langage, je l'ai entendu. (...) Il y a encore tout ce chemin à faire, mais seul le dialogue permettra d'aller au terme que nous nous sommes fixés. »
En dépit de l'optimisme présidentiel, les violences s'étaient poursuivies encore de longs mois, atteignant un pic avec la prise d’otages d'Ouvéa en 1988.