Une trentaine de décès depuis le début de 2023 sont imputés à Marseille aux règlements de comptes liés au trafic de drogue. Dernière victime : un homme de 27 ans a été tué d'une balle de Kalachnikov en pleine tête mardi 15 août.
Ce phénomène d'ultra violence dans les cités marseillaises s'est amplifié au début des années 2010. Le 9 janvier 2012, un long reportage de France 2 menait l'enquête dans une cité des quartiers nord de Marseille. Selon Gilles Tachon, major de police à la retraite et grand connaisseur des trafics de drogue, la violence avait explosé depuis quelques années : « Avant, le trafic était tenu de mains de fer par des gens [...] qui arrivaient à tenir leurs troupes. Maintenant, c'est fini, il n'y a plus de territoire, il n'y a plus rien du tout. Chacun fait ce qu'il a envie, comme il a envie. Et si vous n'êtes pas d'accord, il fera parler la puissance des armes, ça se réglera à coup de kalachnikov. »
Engrenage
2011 aura été une année noire, une année de rupture, annonciatrice de la violence endémique qui gangrène Marseille depuis 10 ans. Une trentaine de règlements de compte sont recensés cette année-là. Rien qu'au mois de décembre, un snack sera le cadre de sept fusillades différentes : « Ensuite, un homme de 18 ans abattu à la kalachnikov dans une cage d'escalier. Quatre jours plus tard, 3 jeunes hommes de 19 ans abattus puis brûlés dans une voiture. Et finalement un véhicule est pris pour cible au fusil d'assaut, deux personnes de 18 et 23 ans sont gravement blessées. Au total, 14 personnes tuées en un an et des habitants déboussolés par cette violence. »
Les bénéfices colossaux engendrés par le trafic de drogue expliquent cet engrenage. Dans le carnet de commande d'un dealer retrouvé dans une cave, les enquêteurs tombent sur les bénéfices hors normes qui remplissent les poches des délinquants : « Les bénéfices pour un seul point de vente s'élèvent à 110 000 euros par mois. Dans ce carnet on apprend également combien sont payés les uns et les autres : un guetteur, 200 euros par jour. La nourrice, la personne qui cache la drogue à son domicile, 4775 euros par mois. Le gérant du réseau empoche 9 000 euros par mois. »
En 2011, sur les 150 cités que compte l'agglomération marseillaise, la préfecture estimait qu'une sur six était gangrenée par ce nouveau banditisme.
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