L'ACTU.
Après la mort de Nahel M., 17 ans, lors d'un contrôle policier à Nanterre le 27 juin, des violences urbaines nocturnes ont éclaté dans plusieurs banlieues, dont la cité Pablo Picasso de Nanterre. Pour endiguer ce phénomène, des couvre-feux ont été décrétés par arrêtés municipaux dans plusieurs villes de France comme Colmar (Haut-Rhin).
Notamment pour étendre ce dispositif, plusieurs personnalités politiques de droite et d'extrême droite ont appelé au déclenchement de l'état d'urgence. Le président des Républicains, Éric Ciotti a ainsi demandé « le déclenchement sans délai de l’état d’urgence partout où des incendies ont éclaté ». Éric Zemmour, lui, a réclamé « la mise en place de l’état d’urgence dès ce [jeudi] soir ».
LES ARCHIVES.
« À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. La France est donc officiellement en état d’urgence. » Le 27 octobre 2005, deux jeunes adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré mouraient électrocutés après avoir tenté de d'échapper à un contrôle de police. Cet événement déclenchait, en quelques jours, une vague de révolte et de violences urbaines dans les banlieues françaises. Au bout d'une douzaine de jours, le 7 novembre, le Premier ministre Dominique De Villepin déclenchait l'état d'urgence.
L'archive en tête d'article date de ce moment. David Pujadas décrivait ce régime d'exception, inusité depuis la guerre d'Algérie : « Le gouvernement a décidé de réactiver une loi de 1955, une loi qui permet aux préfets d'instaurer des couvre-feux dès ce soir s'ils le souhaitent. » Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy défendait cette utilisation exceptionnelle : « La politique du gouvernement, c'est la fermeté, le sang-froid et la mesure. » La gauche parlementaire, au contraire, s'y opposait et Claude Bartolone dénonçait une « expression guerrière », qui devrait s'accompagner « de moyens de répondre à la situation en termes de sécurité et sur le plan social », faute de quoi le dispositif n'était pas « adapté ».
Maxime Gremetz du PCF renchérissait : « Si c'était la police qui pouvait ramener le calme, ça se saurait, y aurait déjà le calme, y a plein de policiers partout. »
Un couvre-feu au Raincy
En réalité, en dehors de l'état d'urgence, les maires, en lien avec les préfectures, peuvent prendre des arrêtés pour imposer un couvre-feu. C'était ce qu'avait fait le maire UMP du Raincy, pour les mineurs non accompagnés de l'un de leur parent, avant les annonces de Dominique De Villepin le 7 novembre.
L'archive ci-dessous notait : « Surnommé le Neuilly de la Seine-Saint-Denis, Le Raincy est pourtant une ville calme, mais elle est mitoyenne de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil, ce qui aux yeux d'Éric Raoult, son maire, justifiait une telle mesure. » Il décrivait ainsi un département à « feu et à sang ». L'opposition locale dénonçait une mesure proche « de l’esbroufe », ne voyant pas comment un couvre-feu pourrait arrêter une « horde sauvage ».
Couvre feu Raincy
2005 - 02:07 - vidéo
Peu de villes mirent en place un couvre-feu
Malgré le caractère exceptionnel du déclenchement de l'état d'urgence, seuls cinq départements prirent des mesures de couvre-feu. À la télévision et dans l'archive ci-dessous, David Pujadas faisait le point sur la situation : « Les violences urbaines qui secouent le pays depuis maintenant deux semaines ont une nouvelle fois marqué le pas la nuit dernière, une tendance encourageante observée surtout en région parisienne, mais 482 voitures ont tout de même été brûlées dans quelque 150 villes ». Et d'ajouter : « Les mesures de couvre-feu, elles sont toujours aussi peu nombreuses. Une seule ville a franchi le pas aujourd'hui : Belfort. »
Entré en vigueur le 9 novembre au soir, ce couvre-feu prenait effet alors que les violences urbaines se résorbaient, notamment autour de Paris.
Couvre feu dans les quartiers de Nice et partout en France
2005 - 06:00 - vidéo