Peintre et sculpteur italien, Amadeo Modigliani est venu s'installer à Paris en 1906. Entre Montmartre et Montparnasse, l'artiste modèle de la bohème fréquente les plus grands noms de l'époque, tels Utrillo, Picasso, Max Jacob, ou Soutine. De santé fragile, souffrant de problèmes pulmonaires, il meurt à 35 ans d'une tuberculose mal soignée. Entre succès et déchéance, il croise le chemin de Blaise Cendrars, écrivain suisse établi à Paris dans les années 1910. En 1953, dans l'émission Leur peintre préféré, l'écrivain se souvient du charisme du jeune peintre.
"Modigliani, c'est un jeune Italien que j'ai rencontré en 1907. Il arrivait de Livourne, de son pays. Il était riche. Il était beau. Divinement beau ! Il était gai, bien portant et ne pensait qu'à jouir et à découvrir Paris."
L'auteur évoque ensuite son œuvre : "Sa peinture était comme celle de van Dongen [1877-1968] quand il est arrivé à Paris. C'était une peinture que je baptiserais aujourd'hui, peinture prolétarienne, socialisante. Tout à fait à l'opposé de ce qu'il a peint par la suite et qui l'a rendu célèbre."
Blaise Cendrars se livre ensuite à une description bigarrée et presque envieuse de son ami, au temps de sa splendeur : "Il était habillé comme le sont les jeunes Italiens qui sortent des mains d'un tailleur italien : d'une gabardine cousue main, pincée à la taille, avec le bout des manches allant en s'évasant, pour laisser place aux manchettes qui papillonnaient chaque fois qu'il gesticulait beaucoup. Avec ça, il séduisait toutes les femmes qu'il rencontrait !"
Il termine par le constat de sa déchéance précoce : "Nous avons bien ri ensemble et je l'ai perdu de vue quand son fric a été bouffé et qu'il est parti comme un pauvre vivre au Bateau-Lavoir à Montmartre."
Modigliani est enterré au cimetière du Père-Lachaise, le 27 janvier 1920. Dans le cortège funéraire, ses amis de Montmartre et Montparnasse, Picasso, Soutine et Cendrars bien-sûr...
Pour aller plus loin
Les heures chaudes de Montparnasse : Enquête sur la vie, l'oeuvre et le destin de Modigliani (1981)