En 1953, à l'occasion du Salon d'automne où il est exposé, le peintre accorde une interview audio dans laquelle il évoque sa conception du travail de peintre. A l'époque, un an avant sa mort, il dévoile ce qui, à ses yeux, est la qualité essentielle d'un artiste qui veut durer : "Le travail assidu, sans lequel rien n'est possible, même pour un homme très doué ".
Le peintre confie ensuite que son œuvre préférée c'est… "en général, je préfère l'œuvre que je viens de terminer parce que j'ai essayé de donner tout ce que je pouvais. Quand je la déclare terminée, c'est que vraiment, je ne peux pas aller plus loin".
Au journaliste qui lui demande quelle toile il préfère parmi toutes celles qui sont exposées, il déclare : "la nature morte rouge que j'ai appelé, aux magnolias. Là, je pense avoir donné le maximum de ma puissance".
Matisse évoque ensuite la période de sa vie qui a été le plus agréable selon lui. Une réponse surprenante : "La purée ! Celle où je ne vendais pas mes tableaux. Où j'étais tout seul à les aimer, sauf quelques-uns de mes amis. Alors là, j'aimais mes tableaux comme une mère aime ses enfants malheureux. Et puis, ils n'avaient pas d'importance au fond, parce que c'était un jalon sur ma route et que c'était un peu comme un écrivain considère ses brouillons. Une fois qu'il a fait un brouillon et bien, il est remplacé par celui qui succède".
Le 3 novembre 1954, Henri Matisse mourait à l'âge de quelques jours avant ses 85 ans.
À l’occasion du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de l'artiste, le musée national d'art moderne présente 230 œuvres qui devaient être montrées en mai, dont une centaine de ses collections. Mais l'épidémie avait obligé au report de l'exposition. elle durera jusqu'au 22 février.
Pour aller plus loin
Couleurs de ce temps. Georges Charbonnier reçoit Henri Matisse.(Emission audio enregistrée le 8 août 1950 et diffusée le 12 janvier 1951)