Tout a commencé avec Bouge de là ! Lorsque le grand public regarde le premier tube de MC Solaar à la télévision, il découvre en même temps une musique, le rap, qui allait devenir quelques décennies plus tard, le genre le plus écouté en France. En écrivant ce morceau en une seule journée, le jeune Claude Honoré M'Barali décide, pour faire simple et efficace, de raconter son itinéraire en métro. Il était loin de se douter qu’il allait rencontrer un public aussi large. La recette du succès s'explique, comme souvent avec les tubes, un peu par le hasard, la chance et beaucoup par le talent. «Au départ quand je rappais cette chanson, c’était sur une rythmique assez speed. Le 'bouge de là' était plutôt virulent pour quelqu’un de 17, 18 ans. Puis on a écouté une musique plus smooth qui s’appelait "Cymande", on s’est adapté et ça a donné un truc rond», raconte-t-il. Par la suite, il rappe Caroline sur le même tempo. Mc Solaar a trouvé son flow qui lui permettra de devenir aujourd’hui le deuxième plus gros vendeur d’albums de rap en France (derrière Jul).
Pour lui, le succès de Bouge de là s'explique également parce que le morceau s’inscrit aussi dans la tradition du théâtre français classique avec «une unité de temps, de lieu et d'action». Car dans ses morceaux, MC Solaar n’a pas seulement repris les codes de ses idoles du rap américain Afrika Bambaataa, LL Cool G ou Sugar Hill Band. Il les a adaptés aux codes de la poésie française dont il apprécie la définition de Jean Cocteau : «La rencontre du conscient et de l’inconscient».
Les filiations
Mais c’est dans la variété française que MC Solaar assume surtout ses filiations. Avec Bobby Lapointe dont les paroles de Victime de la mode, «ma tactique attaque tous tes tics avec tacts, Dominique pas de panique écoute bien ce funky beat», rappellent fortement Ta Katie t’a quitté. «Le lien qu’on aurait, c’est la contrainte qui nous pousse à créer des choses que l’on n'aurait pas créé», explique-t-il.
Et puis, il y a une autre grande filiation, avec Serge Gainsbourg. Tout a commencé lorsque quelqu’un a fait le rapprochement entre les paroles «elle emmagasine des magazines» (du titre Victime de la mode, NDLR) et la formule "gainsbourienne" «en repliant des dépliants» (de Aéroplane, NDLR). «Une fois que j’ai été étiqueté fan de Gainsbourg, on nous a apporté ce super sample (celui de Bonnie and Clyde pour le morceau Nouveau western, NDLR). On a cette façon de parler au-dessus, de ne pas trop pousser la voix et de tenter de raconter des histoires, de créer un univers, faire une prise d’otage pour amener les gens quelque part». Solaar, Gainsbourg, mains en l’air !