Si François Mitterrand n’était pas devenu président, il aurait voulu être écrivain. Autrice de 18 romans, sa fille, Mazarine M. Pingeot, a embrassé sa vocation contrariée. Pourtant, elle explique dans «adn» qu’elle n’a pas pris la plume pour devenir ce qu’il aurait voulu être, mais plutôt parce que c’était pour elle la seule manière de parler. C’est d’ailleurs surtout par des lettres que François Mitterrand exprimait le mieux son amour à Anne Pingeot et son talent d’écrivain à ses lecteurs posthumes. Des trésors de littérature auxquels elle se « confronte difficilement ». Les secrets sont faits pour être gardés.
Car elle ne garde pas un bon souvenir de la révélation de celui de son existence en 1994, à peine sortie de l’adolescence. Face aux archives, elle raconte le choc de la couverture de Paris Match. Comment elle passa de l’ombre à la lumière : d’un seul coup, elle devint la « fille naturelle » de François Mitterrand aux yeux des Français. Comment elle fut aussi la victime collatérale d’un tournant médiatique, celui de la révélation de la vie intime des hommes politiques. Pas vraiment pour le meilleur, considère l’autrice d’un livre intitulé La dictature de la transparence.
Pourtant, c’est dans cette existence si particulière qu’il faut trouver les sédiments de ses œuvres d’écrivain et de philosophe. La dernière en date s’intitule Je suis Gréco, un spectacle sur la chanteuse écrit avec sa cousine Léonie. Une œuvre qui parle de « l’identité éclatée », « d’être interprète » et « d’être une muse », c’est-à-dire une personne sur laquelle on projette des sentiments sans vraiment la connaître. « C’est quelqu’un qui est également sortie du silence, qui était mutique et c’est par la chanson qu’elle est arrivée à dire des choses », explique-t-elle. Le plaisir des lettres pour dépasser les maux.