L’ACTU
Piche, Nicky Doll, Paloma…, vendredi 26 juillet, les drag-queens françaises étaient présentes lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024. En défilant sur un podium installé sur la passerelle Debilly, au-dessus de la Seine, les artistes ont assuré le spectacle. Derrière les platines, un personnage central du tableau imaginé par Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie et ses équipes : la DJ et militante Barbara Butch.
Mais, depuis cet événement diffusé en direct sur France 2 avec plus de 23 millions de téléspectateurs, l’artiste fait face à des menaces « de mort, de torture et de viol », ainsi que « de nombreuses injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste et grossophobe », détaille son avocate, citée par Franceinfo. Face à cette « campagne de cyberharcèlement », la DJ a annoncé porter plainte le 29 juillet.
Les drag-queens aussi ont aussi été vivement critiquées, particulièrement par l’extrême droite. Leurs détracteurs les soupçonnent d’avoir parodié la Cène, le tableau de Léonard de Vinci mettant en scène le dernier repas du Christ. Thomas Jolly s’est défendu en assurant avoir voulu recréer le Festin des Dieux du peintre néerlandais Jan Harmensz van Bijlert.
Déjà en 2000, la communauté drag avait reçu un accueil mitigé avant même sa performance lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Sydney.
L’ARCHIVE
Un stade en folie pour un spectacle haut en couleur. Le 1ᵉʳ octobre 2000, plus de 110 000 spectateurs sont venus assister à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Sydney, au Stadium Australia. Au rythme dansant de « Finally » interprété par CeCe Peniston, des drag-queens défilent à bord de chaussures à talons géantes devant un immense char, comme on le voit aux alentours de 2 h 17 de la vidéo ci-dessous. Un hommage au succès du box-office en 1995 : Priscilla, folle du désert.
Deux jours avant l’événement, sur France 3, le présentateur Laurent Luyat décrivait l’ambiance : « Certains participants [à la cérémonie de clôture] font grincer des dents, à tel point que certains spectateurs se sont déjà fait rembourser leurs billets. En effet, des drag-queens vont défiler dans le stade olympique. » Dans l'archive en tête d’article, il concluait : « Nous sommes allés à leur rencontre [...] dans la boîte de référence des drag-queens. »
Le public faisait la connaissance de plusieurs artistes, « John, Peter et Jimmy », qui « la nuit, deviennent Vanity, Maxi et Joyce, trois drag-queens et fières de l’être ».
Bis repetita
Ces trois artistes devaient participer à la cérémonie de clôture des Jeux de 2000. « Je pense que c’est fantastique que la communauté gay soit enfin reconnue et montrée au monde entier à l’occasion de cette cérémonie », commentait l’une d’elles dans le reportage. « C’est un merveilleux pas en avant », ajoutait une autre.
Même réaction vingt-quatre ans plus tard. Interviewée par 20 minutes fin juillet 2024, l’artiste Big Bertha, star de l’émission Drag Race France, commentait : « Avec toute cette équipe de Thomas Jolly, de Daphné Bürki, etc., ils nous ont montré qu’on existe, on est là, on fait partie de la France et on va le montrer à des milliards de personnes à l’international. C’était un acte très fort. Ça fait du bien. »
Après la cérémonie de Sydney, Les Echos félicitait l’Australie pour ce « gigantesque bal de village », Le Monde évoquait « Un joyeux happening » et Le Nouvel Obs commentait : « L'Australie s'est une nouvelle fois présentée à la planète avec succès ».
Faut-il s’étonner des réactions après la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris ? « L’art, ça divise toujours ! », a répondu la drag-queen Piche au micro de BFMTV.