L'ACTU.
Créée en 1977 par les Nations unies, la Journée internationale des droits des femmes est célébrée dans de nombreux pays chaque 8 mars. Cette journée met en avant la lutte pour les droits des femmes et notamment pour la fin des inégalités par rapport aux hommes. Derrière son adoption en France en 1982 se cache l'action du Mouvement de libération des femmes (MLF) auprès du président de la République de l'époque. C'est aussi le combat d'une femme en particulier, Antoinette Fouque, figure historique du mouvement féministe. Dans l'archive disponible en tête de cet article, elle raconte comment elle parvint à convaincre François Mitterrand d'instituer cette journée dédiée aux femmes en France.
L'ARCHIVE.
La 12 décembre 1981, dans le JT d'Antenne 2 Midi, Antoinette Fouque, psychanalyste et présidente du MLF, révélait que son groupe venait d'écrire au président de la République, François Mitterrand, pour lui demander la création d'une fête nationale des femmes à la date du 8 mars, comme ailleurs dans le monde. Elle expliquait qu'elle aurait souhaité aller plus loin : que ce soit « un jour férié, chômé et payé » et ajoutait pourquoi cette journée se devait d'être différente du 1er mai, fête du travail. Antoinette Fouque insistait sur l'importance de mettre toutes les femmes en valeur le 8 mars, et pas seulement « les travailleuses officielles », tenant notamment à réhabiliter la notion de « femme au foyer ».
Les femmes, travailleuses invisibles
Pour la militante, il s'agissait pour la société de prendre conscience que « le travail domestique », étaient un travail, au même titre qu'une activité salariée, mais non reconnu. Elle le comparait à « un travail au noir, non rémunéré ». Elle ajoutait que les femmes avaient « produit » cette année-là « plus de 800 000 enfants », dénonçant un travail invisible. La militante affirmait : « Les femmes sont des travailleuses à la puissance 3. Et cette journée leur est due ! »
Antoinette Fouque confiait ensuite que François Mitterrand s'était montré tout de suite réceptif à cette idée : « Non seulement il ne s'est pas montré hostile, mais le Président de la République, à qui nous avons écrit directement, nous a répondu dans les trois jours. Ce qui est extrêmement bienveillant et attentif de sa part, avec un avis très favorable, sympathique. »
Le gouvernement socialiste allait officialiser la journée de la femme quelques mois plus tard, le 8 mars 1982, cinq ans après sa reconnaissance officielle par les Nations unies.
Qui était Antoinette Fouque ?
Diplômée universitaire, Antoinette Fouque s’engage activement dans la défense des droits des femmes. Elle cofonde en 1968 le Mouvement de libération des femmes (MLF), et les éditions Des Femmes en 1973, afin d’encourager les femmes à écrire.
À travers le MLF et l’association Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD) créée en 1989, elle étend son combat en développant une politique de solidarité active, autour des femmes en lutte à travers le monde. C’est dans ce cadre qu’elle rencontre l’anti-franquiste espagnole Eva Forest, la Birmane Aung San Suu Kyi, la Bangladaise Taslima Nasreen ou encore la Turque Leyla Zana.
Élue députée au Parlement européen de 1994 à 1999, elle poursuit son combat pour les droits des femmes, tourné vers l’Europe et l’international, à travers des commissions et des conférences organisées par les Nations Unies.
Antoinette Fouque décède le 20 février 2014 à Paris. Elle était Commandeure de la Légion d’honneur, Grand officier de l’Ordre national du Mérite et Commandeure des Arts et des Lettres.
Crédit photos : AFP