1958, élection présidentielle en France. Saviez-vous qu’à l’époque, le chef de l’Etat n’était pas élu par le peuple, mais par un collège électoral de grands électeurs ? Plus de 80 000 au total, composés notamment de députés et de sénateurs. Quatre ans plus tard, le 20 septembre 1962, Charles de Gaulle, alors président, souhaite changer ce mode de désignation, comme il s'en explique à la télévision le 26 septembre 1962 : « Quand sera terminé mon propre septennat, ou si la mort l’interrompait avant le terme, le président de la république sera dorénavant élu au suffrage universel. »
Son but, renforcer la légitimité du président auprès des Français. C’est un coup de tonnerre politique ! Car pour élire le président au suffrage universel direct, il faut modifier une partie de la constitution. Comment ? Soit en organisant un référendum auprès des Français. Soit par l’approbation du Congrès. Mais ce dernier est contre.
Ce sera donc par référendum. L’opposition politique s’insurge ! Elle craint que trop de pouvoir soit entre les mains d’un seul homme. C'est l'argument que présente aux Français le socialiste Guy Mollet, le 22 octobre 1962 : « Si vous vous rendez-compte des dangers dramatiques que cela représente, de l’impossibilité ensuite de défendre vos droits, vos revendications, vos libertés autrement que par la violence, alors dites non ! »
En plus, le président Charles de Gaulle a décidé de ne pas soumettre ce référendum au Parlement français. Ce qui est contraire à la constitution ! Mais du côté du gouvernement, ça n’a pas l’air d’être un problème, comme l'explique le Premier ministre George Pompidou, le 24 octobre 1962 : « En 1958, quand il s’est agi d’abolir la constitution de 1946, celle de la IVème république, et de voter notre actuelle constitution, on s’y est pris par référendum, sans aucun débat parlementaire. »
Finalement, malgré plusieurs semaines de crise politique, le référendum a bien lieu. Le 28 octobre 1962, les Français se rendent aux urnes. Et les résultats tombent : « 62,10% pour le OUI, 37,90% pour le NON. Voilà le général de Gaulle confirmé au pouvoir à une heure où une crise ne pouvait avoir que de fatales conséquences », commentent les Actualités françaises du 31 octobre 1962.
Trois ans plus tard, en 1965, c’est l’heure de la première élection présidentielle au suffrage universel direct. Avec 55,20% des voix au second tour, Charles de Gaulle est réélu à la tête de l’État face à François Mitterrand.