« À 10 000 kilomètres de la France, sur 90 000 kilomètres carrés, voici la jungle guyanaise. C'est là, au bord de la mer, à 60 kilomètres au nord de Cayenne, que le Centre national d'étude spatial a décidé d'implanter le Centre spatial guyanais, champ de tir entièrement civil pour les expériences spatiales françaises. »
En avril 1968, la télévision française se rendait en Guyane pour filmer le tout nouveau centre de spatial français et le lancement de la première fusée, Véronique. Au journal de 20h, un long reportage permettait aux téléspectateurs de découvrir ce projet d'envergure mené par le pays. Cette archive est disponible en tête d'article.
Le choix de la Guyane
« Pourquoi cet endroit ? », interrogeait le commentaire. Réponse : « Parce qu'il a une situation remarquable, tout près de l'équateur grâce à l'appui donné par la rotondité de la Terre par la vitesse de rotation de la Terre, on peut gagner 20 à 30 % de charge supplémentaire sur orbite. En plus, liberté totale de tir vers l'est puisqu’il n'y a que l'océan atlantique et d'autre part, c'est une région calme à l'abri des tornades et des ouragans. »
Une autre raison plus politique expliquait l'arrivée d'un centre spatial en Guyane. En 1958, le Général de Gaulle, de retour au pouvoir, avait, à l’instar des États-Unis et de l’Union soviétique, lancé la France dans la recherche spatiale dans le but d’assurer une indépendance nationale dans le secteur. Et en 1961, le chef du gouvernement Michel Debré, faisait adopter une loi créant le Centre national d’études spatiales (CNES).
Les premiers essais spatiaux s’effectuèrent en Algérie à Hammaguir en 1961. Avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, le CNES rechercha dont une nouvelle base de lancement. Au total 14 sites furent étudiés dont l’archipel des Seychelles, Djibouti ou encore à Belem au Brésil. Mais la Guyane avait retenu particulièrement l’attention du CNES. Le reportage résumait : « La décision de construction a été prise en 1964, les débuts des travaux en 1966. » Et de conclure : « C'est un véritable pari. »
Le lancement de la fusée Véronique
Le 9 avril 1968, la fusée Véronique était prête à être lancée. Elle devait principalement être utilisée pour placer des charges en orbite ou envoyer des animaux dans l’espace. « C'est une fusée-sonde qui pèse 1,5 tonne, qui fonctionne à l’essence de térébenthine et à l'acide nitrique. Elle mesure 8 mètres de haut et peut monter à l'altitude de 150 kilomètres », décrivait le journaliste au journal de 20h. Sur les images, les derniers préparatifs avaient lieu, le compte à rebours était lancé et enfin la fusée décollait. « Tous les techniciens du Centre spatial guyanais et leurs directeurs peuvent être heureux de ce tir », félicitait le commentaire. « Voici donc Kourou devenu enfin ville spatiale. »