Amazon a annoncé mardi 5 avril avoir signé des accords avec trois opérateurs de fusées pour son projet Kuiper, destiné à mettre en orbite basse (à 550 kilomètres de la Terre) 3.236 satellites et faciliter ainsi l'accès sur toute la planète à un Internet haut débit. Parmi les trois entreprises de lanceurs retenues, deux américaines, United Launch Alliance (ULA) et Blue Origin, la filiale espace d’Amazon, ainsi que l’européenne Arianespace.
« Ce contrat, le plus important que nous ayons jamais signé, est un grand moment dans l'histoire d'Arianespace », s’est félicité Stéphane Israël, son président exécutif. Selon Les Echos, « la valeur du contrat n'a pas été rendue publique mais elle est supérieure à celle du précédent méga contrat conclu avec la constellation OneWeb (à bord de 21 fusées Soyouz commercialisées par Arianespace) et qui selon les estimations dépassait 1,2 milliard de dollars.»
Ce méga contrat réjouit d’autant plus Arianespace que les lancements seront effectués sur sa nouvelle fusée, la Ariane 6, qui n’a encore jamais volé. Et c’est les 1er et 2 décembre 2014 que les 20 ministres européens de l'Espace, réunis à Bruxelles, ont entériné la décision de doter l'Europe d’un nouveau lanceur pour affronter les concurrents russes et américains.
Coup de tonnerre spatial
C’est cette grande nouvelle dans le domaine de l’espace qu’annonce le lancement du journaliste David Pujadas au journal télévisé de 20h, le 2 décembre 2014, dans l'archive placée en tête d'article : « Grand projet industriel : l'Europe décide de prolonger et d'amplifier l'aventure Ariane. La construction d'une nouvelle fusée plus compétitive a été annoncée aujourd'hui, un investissement de 4 milliards d'euros. » Le sujet, réalisé par la journaliste Isabelle Sabourin, détaille ce « coup de tonnerre dans l’industrie spatiale », avec « à la place d'Ariane 5, une nouvelle fusée [qui] décollera du pas de tir de Kourou. Plus légère, moins chère, voici Ariane 6, taillée sur mesure pour la compétition spatiale de plus en plus rude. Après des mois de débats cet après-midi, les 20 ministres de l'Espace ont doté l'Europe de ce nouveau lanceur pour affronter des concurrents russes et américains devenus très agressifs. » Cette décision, nous montre le reportage de France 2, est accueillie avec une grande satisfaction par Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’agence spatiale européenne : « C’est une nouvelle étape et à mon avis, c'est un tournant pour les 30 ans qui viennent. »
Le choix de passer à une nouvelle génération de lanceur n'est pas un désaveu pour la fusée Ariane 5, qui « n'a pas démérité avec 62 lancements d'affilée sans un seul échec et un carnet de commande complet », comme l'explique le reportage d'Isabelle Sabourin. « Mais l'actuelle fusée, trop puissante, était devenue trop chère, à l'heure où l'enjeu n'est plus de mettre en orbite de lourds satellites, mais de réduire les coûts au maximum. Et sur ce terrain là, l'Américain Space X a cassé le marché avec ses prix 30 moins cher. L'opérateur privé était une menace pour l'Europe spatiale. »
La réponse de l'Europe, en 2014, c'est donc Ariane 6. Huit ans plus tard, en 2022, le méga contrat passé avec Amazon confirme la stratégie des acteurs européens de l'espace.
