Le temps de parole des femmes dans les médias
2019 - 03:25 - vidéo
Les femmes n’occupent en moyenne qu’un tiers du temps de parole à la télévision et à la radio : c’est grâce à la détection automatique des voix d’hommes et de femmes – appliquée pour la première fois à la description du taux d’expression féminine – que le service de recherche de l’INA a pu quantifier scientifiquement un fort déséquilibre dans les médias audiovisuels, dans une exhaustivité inégalée et à l’aide de méthodes d’intelligence artificielle.
> Télévision : les femmes parlent moins que les hommes sur l’ensemble des chaînes, malgré une hausse du taux d’expression de 4,7% de 2010 à 2018.
Quelle que soit la chaîne considérée, les femmes ne s’expriment en moyenne jamais plus que les hommes. La parité de temps de parole est quasiment atteinte sur les chaînes visant un public féminin (Téva, Chérie 25) tandis que les chaînes sportives sont associées aux taux de parole des femmes les plus faibles (17 % pour L’Équipe, 7,73 % pour Eurosport).
Ce sont sur les chaînes publiques que l’augmentation du temps de parole des femmes est la plus visible (+7,2%). Sur les chaînes généralistes, les plus forts taux d’expression des femmes s’observent sur M6 (40,5%) et TF1 (35,6%).
Sur France 24, le temps de parole est presque équilibré (le taux d’expression des femmes atteint presque 45%). Paradoxalement, la chaîne la plus paritaire peut donc donner à l’étranger une image faussée de la réalité au sein des médias français.
> Radio : une hausse de 9,2% du temps de parole des femmes à la radio entre 2001 et 2018, mais des disparités toujours visibles surtout aux heures de forte audience.
Dans le cas des stations de radio diffusant plus de parole que de musique, les femmes parlent davantage sur les stations publiques comme le montre le taux d’expression des femmes maximal sur Radio France International (33,2%). Les deux « mauvais élèves » en termes d’égalité de temps de parole à la radio sont Skyrock (16,2 %) et RMC (16,9%).
La seule station accordant plus de temps de parole aux femmes qu’aux hommes est Chérie FM, ce qui reste toutefois marginal sachant que cette station diffuse plus de 80 % de musique.
> L’INA, observatoire de l’écosystème médiatique contemporain
Contribuer à une meilleure compréhension du fonctionnement des médias, enjeu clé de nos sociétés contemporaines, est l’une des vocations de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’étude réalisée par David Doukhan, ingénieur en recherche et innovation au sein du département « Recherche et Innovation Numérique » de l’INA.
Les indicateurs générés lors de cette étude à l’aide du logiciel d’analyse acoustique INASpeechSegmenter – issu d’une collaboration entre le service de recherche de l’INA et le laboratoire d’information de l’Université du Mans – ont été mis à disposition sur data.gouv.fr et pourront être utilisés par l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel et des citoyens.