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«Il suffit d’écouter les femmes» : l’INA donne la parole aux femmes ayant vécu l'avortement clandestin en France

«Il suffit d’écouter les femmes» : l’INA donne la parole aux femmes ayant vécu l'avortement clandestin en France

Impulsé en 2022, le projet «Il suffit d’écouter les femmes» vise à documenter et transmettre le vécu ordinaire de l’avortement avant l’instauration de la loi Veil en 1975 à travers 79 témoignages inédits de femmes et hommes ayant vécu ou assisté à des avortements clandestins. Ces entretiens en libre accès à partir du 21 janvier 2025 se déclinent également sous la forme d’un documentaire, d’une série de podcasts et d’un livre.

Par l'INA - Publié le 11.12.2024

Cette histoire est celle de femmes, mais aussi celle de toute la société : une histoire de droits, de familles et d’humanité partagée. Crédits : Georges Galmiche/1968.

À l’occasion des 50 ans de la loi Veil en janvier 2025, l’Institut national de l’audiovisuel s’inscrit dans sa vocation patrimoniale et distinctive en lançant un programme dédié au vécu ordinaire de l’avortement avant sa légalisation en France. Intitulé «Il suffit d’écouter les femmes» – un titre qui reprend les mots prononcés par Simone Veil devant l’Assemblée le 26 novembre 1974 – ce programme veut faire entendre, avant qu’il ne soit trop tard, les voix de ces femmes dont le vécu douloureux, libératoire ou traumatisant n’a jamais été enregistré et consigné. Ce projet s'inscrit dans la continuité des initiatives précédentes de l’INA telles que «Mémoires de la Shoah» et «En guerre(s) pour l'Algérie», visant à sauvegarder des récits de vie.

Le recueil de 79 témoignages inédits

Encadrés scientifiquement par un comité transdisciplinaire composé par l'historienne Bibia Pavard, ces 79 témoignages traduisent la diversité géographique et sociologique de la réalité d’alors. Ces récits cherchent à refléter la pluralité des méthodes abortives et des parcours : celles qui ont bricolé toutes seules, celles qui ont «débrouillé» leurs amies, celles qui ont pris la route dans la peur, le risque et la douleur. Celles qui ont failli mourir. Celles qui ont perdu leur mère, ceux qui ont perdu leur femme, ceux qui ont défendu les accusées. Des femmes anonymes de toute la France mais aussi des personnalités comme Annie Ernaux et Christiane Taubira qui révèle pour la première fois l’avortement clandestin qu’elle a subi.

Profil des témoins

  • 56 femmes avortées
  • 6 aidants (non proches, non médicaux, non avortées)
  • 6 proches
  • 10 médecins / personnel médical / étudiants médecine
  • 1 avocat et 1 juge d'instruction

La doyenne : Madeleine, 99 ans, travaille dans une maison d'accouchement pendant la Seconde Guerre mondiale où les femmes aisées de Tours venaient avorter.

La benjamine : Michèle, 70 ans, a avorté lorsqu’elle était au lycée avec l’aide de son compagnon.

«Il suffit d’écouter les femmes» porte un message universel, riche de sens et d’humanité, ancré dans notre mémoire commune autant que profondément éclairant pour les générations d’aujourd’hui et de demain.

Laurent Vallet, Président-Directeur général de l’INA

Un programme éditorial ambitieux et singulier

L’INA décline ces entretiens en plusieurs formats pour toucher un large public :

  • Un documentaire réalisé par Sonia Gonzalez et raconté par l’actrice Ana Girardot sera diffusé sur France TV en janvier 2025.
  • Un livre de témoignages mis en récit par Léa Veinstein sera publié en coédition avec Flammarion.
  • Un podcast en cinq épisodes, écrit et réalisé par Julie Auzou, sera disponible sur les plateformes de streaming.
  • Des extraits contextualisés de ces témoignages seront diffusés sur l’ensemble des réseaux sociaux de l’INA.
  • Une masterclass à destination du public lycéen se tiendra le 4 février 2025 au Forum des images à Paris autour des 50 ans de la loi Veil et de son combat pour la légalisation de l’IVG.
  • En prolongation du documentaire, madelen, la plateforme à remonter le temps de l’INA, proposera une programmation spéciale.

En rendant ces récits accessibles à tous, l'INA réaffirme son engagement auprès des générations futures. «Il suffit d'écouter les femmes» ne raconte pas seulement l'histoire des femmes, mais celle de toute la société, soulignant l'importance de préserver cette mémoire pour éclairer les enjeux actuels et préparer l'avenir.