Le 3 novembre 2014, trois jours après avoir reçu son prix littéraire, l'écrivaine haïtienne était en duplex de la librairie Massena à Nice, dans le « 19-20, édition Côte d'Azur », pour évoquer son roman, une saga familiale sur quatre générations qui se déroule à Haïti sur une toile de fond historique.
Au début de l'interview, elle confie que le prix Femina est une « très belle surprise ». Par son écriture, Yanick Lahens plonge le lecteur dans le quotidien des Haïtiens. Son roman est avant tout « un récit avec des intrigues, avec des rebondissements et beaucoup d'émotions que j'offre aussi aux lecteurs et aux lectrices. », précise-t-elle.
« Je crois que nous sommes en marche, avec une histoire qui a ses hauts et ses bas, mais il y a aussi des hauts. » Le roman se déroule dans le monde paysan, un univers peu connu des lecteurs, mais qu'elle côtoie, elle qui vit à Haïti. Dans ses livres, pas de misérabilisme, ni d'idéalisme : « Dans mes œuvres, j'essaye toujours d'être sur cette ligne un peu délicate de ne présenter Haïti, ni comme un cauchemar, ni comme une carte postale. Simplement un lieu, où des hommes et des femmes vivent à leur manière la condition humaine. Et c'est un peu la même chose que je reprends avec ce roman. »
Sur son pays, elle porte un regard objectif. Ses mots décrivent la complexité et les contradictions de son île : « On ne perçoit à l'étranger que les événements qui peuvent faire l'objet de scoops, mais c'est un pays qui a ses mutations et quand il y a des choses positives qui arrivent, elles font rarement le scoop. (...) Malheureusement, ses aspects positifs sont rarement mis en lumière. » Déplore-t-elle.
Pour aller plus loin :
Yanick Lahens : la spécificité de la littérature haïtienne. Lors d'un festival à Rochefort, l'écrivaine Yanick Lahens parle de la spécificité de la littérature haïtienne qui se diffuse sur trois continents et en quatre langues. (L'hebdo de RFO, 2 mai 1998)
Haïti : Projet culturel d'une écrivain à Haïti. Yanick Lahens a réalisé un documentaire avec les enfants de l'institution Saint Vincent de Paul dans le bidonville Cité Soleil et ceux du Collège privé Esmé, dans un quartier chic de Port-au-Prince. Il s'agit en fait de plusieurs courts métrages sur les thèmes de l'environnement, l'immigration ou la culture industrielle. Interview de l'écrivain sur ce projet. (19/20, JT soir Pays de la Loire, 22 novembre 2008)