LE CONTEXTE.
Pendant trente ans, les Haïtiens ont vécu sous la coupe des Duvalier. D'abord « Papa Doc », François Duvalier (1957-1971) , titulaire à vie de ce poste, puis Jean-Claude, son fils, arrivé au pouvoir après que son père ait fait modifier la Constitution par voie de référendum pour que son fils lui succède à la tête de l’État.
Le 7 février 1986, les Haïtiens pensaient sortir de la dictature alors Jean-Claude Duvalier, dit « Bébé Doc » remettait le pouvoir aux mains des militaires et quittait l'île à bord d'un avion C 141 affrété par l'US Air Force. Direction la France. Jean-Claude Duvalier était à la tête du pays depuis 1971. Dans un pays ravagé par la misère, c'est (toujours) l'un des plus pauvres des Amériques, le dictateur maintenait un train de vie fastueux tout en exploitant et en terrorisant la population. L'archive ci-dessous décrit sa gouvernance d’austérité mise en place en accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et la montée du mécontentement populaire.
Haiti
1984 - 01:54 - vidéo
Tout au long de son règne, il n'a jamais été question d'élections. Mais en 1986, face à la misère et aux exactions du régime, le désespoir du peuple populaire allait prendre de d'ampleur jusqu'à devenir une véritable insurrection populaire. Les États-Unis, plutôt conciliants jusqu'alors, puisqu'ils avaient placé son père « Papa Doc » au pouvoir dans les années 50 pour contrecarrer l'expansion communiste dans la région, décidaient de retirer leur soutien au dictateur en fin de course et l'incitaient à quitter le pays. Ce qu'il fit le 7 février 1986.
LES ARCHIVES.
Le reportage disponible en tête d'article montre la joie de la communauté haïtienne de Miami, où 92 000 Haïtiens avaient fui les exactions de la famille Duvalier. « Pour eux, la chute de Baby Doc, c'est maintenant la possibilité de retourner chez eux sans risquer ni torture ni prison, traitement qui leur était réservé par les tontons macoutes », ces tortionnaires et assassins, des hommes de mains sanguinaires à la solde des Duvalier.
« Alors que la tension montait dans son pays, il avait demandé à plusieurs pays de l'accueillir, sans succès », précisait le commentaire. Après le départ du président déchu, un couvre-feu était établi par le gouvernement de transition, car la population pillait les maisons des tontons macoutes.
Le reportage du magazine « Résistances » ci-dessous revient aussi sur le soulèvement populaire et sur les jours qui suivirent la chute du dictateur, avec la reprise en mains par une junte militaire. Elle promettait des élections démocratiques et libres, une Constitution libérale, mais les Haïtiens se montraient méfiants. En effet, certains de ces militaires étaient d'anciens proches des Duvalier. La population réclamait des hommes nouveaux.
Haiti
1986 - 05:41 - vidéo
Contraint de quitter son pays, Jean-Claude Duvalier se réfugia en France. Il y vécut 25 ans. En janvier 2011, il était retourné en Haïti « pour aider le peuple haïtien », selon ses dires, mais avait été arrêté par la police haïtienne. Le 18 janvier 2011, l'exilé de retour était accusé de corruption et assigné à rester dans le pays en attendant son procès à Port-au-Prince. En février 2014, la cour d'appel de Port-au-Prince décida de le juger pour « crimes contre l'humanité ». Le procès n'aura jamais lieu, car en octobre 2014, Jean-Claude Duvalier décéda d'une crise cardiaque. Il n'aura jamais été jugé pour ses crimes.
Pour aller plus loin
Résistances : reportage sur la situation en Haïti où la dictature menée par le président Jean-Claude Duvalier fait rage. (9 janvier 1986)
Antenne 2 Le Journal de 20h00 : Haïti, un an après le départ de Jean Claude Duvalier. Rien ou presque n'a changé… (6 février 1987)