L'ACTU.
Dans un communiqué diffusé le 18 décembre, l’Élysée, l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris et l’archevêché de Paris ont dévoilé le nom de l’artiste qui va réaliser un nouvel ensemble de vitraux pour la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il s'agit de Claire Tabouret, 43 ans, internationalement reconnue pour ses œuvres figuratives expressionnistes. Elle travaillera avec l'atelier de maîtres verriers Simon-Marq qui est expert en création et en restauration de vitraux anciens.
Claire Tabouret artiste contemporaine de renommée mondiale
La peintre et plasticienne est devenue la nouvelle star de l'art contemporain. Elle est cotée parmi les 10 meilleurs artistes français et a été choisi parmi les candidatures de confrères prestigieux : Buren, Yan Pei-Ming ou encore Alberola.
Claire Tabouret "Neptune" : les tragédies migratoires
2017 - 01:30 - vidéo
Juillet 2017. À Thiers, dans le Puy-de-Dôme, à l'occasion d'une exposition "Neptune" au Creux de l'Enfer, découverte d'une série de tableaux de Claire Tabouret consacrés aux tragédies migratoires et à l'eau.
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, elle est notamment connue pour ses œuvres figuratives expressionnistes qui sont régulièrement exposées en France et à l’international, certaines ont été acquises par des prestigieuses collections (Centre Pompidou, LACMA, Collection Pinault, etc.).
Les autoportraits de Claire
2021 - 00:58 - vidéo
La jeune artiste plasticienne Claire Tabouret, née en 1981 à Pertuis, dans le Vaucluse, et installée depuis 2015 à Los Angeles, exposait ses œuvres à Paris à l'occasion d'une triple exposition en décembre 2021. Ses tableaux représentent des autoportraits et des portraits de groupes de jeunes enfants et adolescents inspirés de photos de famille, ainsi que des sculptures exposées alors au musée Picasso, Galerie Perrotin.
La présentation de son projet dans la base vie du chantier de la cathédrale le mercredi 18 décembre a suscité l'enthousiasme du comité de sélection présidé par Bernard Blistène, séduit par « sa très grande qualité artistique de la proposition et son insertion architecturale » en adéquation avec le programme figuratif choisi par le diocèse de Paris.
Claire Tabouret va créer les cartons de 6 nouvelles verrières pour les chapelles du bas-côté sud de Notre-Dame qui seront ensuite réalisées en collaboration avec l’atelier de verrerie Simon-Marq de Reims.
De l'ONU à New-York à la cathédrale de Reims, en passant par une demeure de Brad Pitt... l'atelier Simon-Marq possède une renommée mondiale et un savoir-faire ancestral. Douze générations de maîtres verriers se sont succédé dans cet atelier depuis 1640, date de sa création par Pierre Simon, avant sa reprise en 2019 par une nouvelle équipe.
L'ARCHIVE.
L'archive disponible en tête d'article est extraite d'un reportage de France 3 de 2011 intitulé « Notre-Dame de Reims : La cathédrale qui sourit à la vie ». Il s'agit d'une évocation du prestigieux atelier de verriers rémois. Il est notamment question de son travail sur les magnifiques vitraux de la cathédrale de Reims qui a contribué « de façon déterminante au pouvoir d'attraction et à la magie de la cathédrale ».
Les images dévoilent les vitraux aux mille tons et reflets infinis « éblouissants, sans équivalent au monde ». La variété des motifs est un autre aspect de la splendeur de ces vitraux si fameux : motifs pieux, scènes de la vie des rois de France, mais aussi de la vie des champs et du quotidien champenois, sont les témoins colorés et lumineux de la vie des époques qui se sont succédé.
Dans ce reportage réalisé dans les emprises de l'atelier, Stéphanie Marq, maître verrier, évoque la longue tradition familiale de sauvegarde et de restauration des vitraux, depuis Pierre Simon au milieu du XVIIe siècle (1640), jusqu'au chantier de restauration de la cathédrale de Reims après la Première Guerre mondiale, mené par Jacques Simon qui permit de déposer tous les vitraux indemnes et encore en place pour les sauver de la destruction.
Les maitres verriers de la cathédrale de Reims
Ces siècles d'intimité avec la cathédrale ont créé une relation presque intime entre les maîtres verriers et l'édifice sacré, un lien puissant décrit avec amour par Stéphanie Marq à l'issue de l'interview de l'archive en tête d'article : « Cette cathédrale, ce ne sont pas des pierres, c'est une âme. C'est une personnalité, on lui parle. On peut même s'adresser à elle comme on s'adresserait à un parent, mais en même temps qui garde sa distance, sa majesté. Et on comprend que ça ait pû être le lieu du sacre des rois de France. »
À l'occasion de la visite de l'atelier et de la présentation des techniques du vitrail en 2000, Stéphanie Marq évoquait le poids de l'héritage générationnel.
Création et restauration de vitraux au sein des ateliers des maîtres-verriers Simon
2000 - 04:32 - vidéo
« Cette entreprise, cet atelier, ce savoir-faire, c'est 12 générations ! Malgré tout, ça a un poids, une exigence, aussi, je pense. On ne peut pas se dire qu'on n'a pas de devoir vis-à-vis de ça. Ce poids du passé, des gens qui ont vécu ici, qui ont imprégné ces lieux de leur présence, de leur savoir, de leur amour aussi, ça exige un engagement vraiment presque total. »
Innovation et tradition : des vitraux inspirés par des artistes peintres
« Qu'il s'agisse de sauver, de rénover ou de créer de nouveaux vitraux, l'atelier n'est pas près de manquer de travail ». L'art des maîtres verriers a évolué avec le temps, laissant place à des créations plus modernes, voire à des collaborations avec des artistes contemporains. Ainsi, apprend-on dans l'archive à suivre, qu'en 1960, le maître verrier Brigitte Simon avait imaginé de nouveaux vitraux abstraits pour la cathédrale rémoise.
En 1971, d'autres vitraux réalisés cette fois en collaboration avec Marc Chagall, étaient installés dans les 3 chapelles axiales, se fondant avec grâce dans l'ensemble.
Brigitte Simon, première femme, maître verrier de sa famille
1981 - 04:15 - vidéo
Interview de Brigitte Simon qui avec son époux Charles Marq était à la tête de l'atelier. En 1981, première femme maître verrier de sa famille, elle expliquait comment les vitraux modernes de la cathédrale de Reims s'adaptaient très bien avec ceux du Moyen-Âge et ce qu'elle pensait du vitrail de Marc Chagall. Charles Marq s'exprimait également sur le travail avec les artistes contemporains.
Le vitrail a évolué au fil des siècles, s'inspirant d'artistes peintres sensibles à la magie des couleurs et de la lumière. Il n'est donc pas étonnant que le vitrail ait séduit de nombreux peintres. Dans l'archive ci-dessous le maître verrier Benoît Marq décrit cette proximité des deux univers artistiques. Au moment du reportage, en 2000, il travaillait d'ailleurs sur des vitraux inspirés par son oncle le peintre Luc Simon (1924-2011).
"Instants d'été" : Maîtres-verriers de l'atelier Simon
2000 - 03:41 - vidéo
Benoît Marq : « C'est un peu comme dans la musique, l'interprétation d'une partition peut être faite de mille façons différentes, aussi bien par le musicien que par le chef d'orchestre, on retrouve un peu ça dans la traduction d'un vitrail avec un peintre. »
Exemples de collaborations entre Simon-Marq et les artistes contemporains
La maison Simon-Marq a régulièrement travaillé avec des artistes contemporains, ainsi la collaboration avec Claire Tabouret s'inscrit dans une longue tradition artistique chère à l'atelier. Nos archives recèlent de nombreux témoignages de ces collaborations artistiques. Voici quelques exemples célèbres, à commencer par celui entre Charles Macq, maître verrier avec le peintre Jacques Villon (1875-1963) à la fin des années 1950.
Charles Villon
Dans le reportage (en couleur) ci-dessous, extrait du magazine « L'Art et les hommes » du 7 décembre 1958, il est question de la création des vitraux d'une chapelle de la cathédrale de Metz.
En préambule le maître verrier Charles Marq donne sa définition du vitrail et explique les principes de la polychromie et la difficulté d'obtenir des couleurs équilibrées sur un vitrail, une recherche, avec les mêmes contraintes, et assez similaire à celle d'un peintre, explique-t-il. Il évoque aussi son travail avec l'artiste Jacques Villon « disponible et jeune de l'œil et du cœur », pourtant âgé de 84 ans.
Puis, Jacques Villon, à l'occasion de sa venue dans les ateliers Simon-Marq, supervise la préparation des vitraux, prodigue des conseils à Brigitte Marq montée sur une échelle. Suivront des images de la peinture et de la découpe du verre et sa mise en plomb. Enfin, découverte à la cathédrale de Metz les vitraux réalisés et installés.
Collaboration entre Jacques Villon et Charles Marq pour la réalisation de vitraux à Metz
1958 - 07:40 - vidéo
Charles Marq donne sa définition du vitrail : « Qu'est-ce que c'est qu'un vitrail, sinon un grand mur de verre traversé par la lumière et assez puissamment coloré. »
Joseph Sima et Maria Helena Vieira Da Silva
En 1966, l'atelier collaborait avec le peintre Joseph Sima (1891-1971) sur des vitraux destinés au chœur de l'église Saint Jacques de Reims. Dans cette archive passionnante, nous retrouvons le maître verrier Charles Marq et le peintre pour « le sablage et l'enfournement » de leurs vitraux.
Dans cette visite de l'atelier, grâce aux explications fournies par Charles Marq, le téléspectateur découvre les différentes étapes du travail depuis la maquette jusqu'au dessin grandeur nature, la mise en plomb, le choix des plombs, des couleurs, la fabrication de verres spéciaux (le verre mousse du centre de l’abside), les techniques utilisées (le plaquage à l'acide chlorhydrique).
Le peintre évoque son travail avec sa consœur Maria Helena Vieira Da Silva (1908-1992) qui réalise les vitraux de l'abside de gauche dans les couleurs claires (gris et beige), Sima se chargeant des couleurs plus marquées (vert et bleu). Les verres peints « à la grisaille » par Joseph Sima allaient être vitrifiés et bientôt installés.
Vitraux de l'Atelier Simon
1966 - 04:47 - vidéo
Charles Marq : « Comme dans toute réalisation entre un peintre et un peintre verrier, il faut une grande collaboration pour bien s'entendre. »
Joan Miró
En 1987, Charles Marq réalisait un vitrail contemporain, comme « un grand rideau bleu » inspiré d'un dessin de l'artiste catalan Joan Miró réalisé avant sa mort. Le reportage présente le travail réalisé par l'atelier autour du dessin original, avec des techniques ancestrales qui ont peu évolué. La fabrication des vitraux prendra 6 mois.
Dans cette archive, Charles Marq, maître verrier, nous raconte sa première rencontre avec Miro en 1959 lors de la réalisation d'un premier triplet réalisé aussi, à partir de l'une de ses œuvres, pour l'église de la collégiale Saint-Frambourg de Senlis, et l'attirance du peintre catalan pour l'art du vitrail.
Charles Marq maître verrier créateur des vitraux de Miro à St Frambourg de Senlis
1987 - 07:53 - vidéo
David Tremblett
En 2005, le village de Villenauxe-la-Grande (Aube) inaugurait les 24 nouveaux vitraux de son église. Un des plus gros travaux autour des vitraux des 20 dernières années pour un budget d'un million d'euros. La réalisation des nouveaux vitraux avait été confiée à l'atelier Simon-Marq et à l'artiste britannique David Tremblett. Les « 200 mètres carrés de verre et de lumière » mêlaient l'art contemporain abstrait au patrimoine.
Inauguration des nouveaux vitraux contemporains de l'église de village, réalisés par l'atelier Simon
2005 - 02:30 - vidéo
Benoît Marq : « C'est un travail sur la couleur (...) on a fait un travail très poussé avec des chimistes (...) ça a été un travail presque d'alchimie. Il y a un travail sur le vert qui est tout à fait passionnant, parce qu'il y a beaucoup de verts dans ces vitraux qui n'avaient jamais été fabriqués. »
À la découverte du métier de vitrailliste
Un reportage de TF1 réalisé dans les ateliers Simon-Marq de Reims le 26 janvier 2021.
« On part toujours d'une œuvre fournie par un artiste, mais qui est une oeuvre sur papier. Elle n'a donc pas cette transparence. Ça va être le jeu du maître verrier de savoir traduire cette oeuvre. Et comme elle va profiter de la lumière, ça va lui donner une espèce de vie supplémentaire ». Bruno Paupette, vitrailliste.