Lundi 11 octobre s’est ouvert à Ouagadougou le procès de quatorze personnes accusées d’avoir contribué à l’assassinat de Thomas Sankara, et de membres de son entourage, le 15 octobre 1987. Thomas Sankara, révolutionnaire et chef d'Etat du Burkina Faso entre 1983 et 1987, s'était attaqué à de nombreux maux de son pays, comme la corruption, la désertification, ou la lutte contre l'assujettissement de son pays aux puissances étrangères. Il s'était également singularisé sur tout le continent africain par une politique très volontariste pour l’émancipation des femmes.
Le 11 septembre 1986, un reportage du journal télévisé d’Antenne 2 rendait compte de cette politique, qui se manifestait notamment par une course de moto cross de femmes à travers le pays. « On avait jamais vu au Burkina Faso des femmes faire une croisière de 2000 km », s’enthousiasmait l’une des participantes ». Cette aventure sportive devait contribuer au « partage des responsabilités, au changement des mentalités », expliquait le commentaire du reportage. A chaque étape, des « palabres et de la fête »., et parfois des discours. Comme celui du président Thomas Sankara, qui déclarait vouloir « donner à chaque femme un emploi, à chaque femme le moyen de gagner honnêtement et dignement sa vie ».
La journaliste Dominique Torres rappelait dans la suite de son reportage la dure condition des femmes africaines : « 14 heures de travail quotidiennes, une espérance de vie de 32 ans, la femme africaine fournit près de 80% du travail agricole, ainsi que la moitié des prestations nécessaires à l'alimentation. Elles s'occupent à la fois du ménage, des enfants, du ramassage du bois, de l'eau à chercher à des kilomètres de distance, de la nourriture de la famille […] ».
Etablissant le constat que l’éducation des femmes était essentielle au développement du pays, le gouvernement Sankara s’attachait à changer les mentalités sur des questions touchant aussi bien le salaire des femmes que l’excision.