« Nous avons rappelé nos ambassadeurs pour essayer de comprendre et pour montrer à nos pays anciennement partenaires que nous avons un très fort mécontentement, qu’il y a vraiment une crise grave entre nous. » Samedi 18 septembre, sur le plateau du 20h de France 2, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian revient sur la grave crise déclenchée par l’annulation, mercredi 15 septembre, du contrat du siècle par l’Australie. Se sentant lésée et trahie, la France utilise le rappel de ses ambassadeurs comme un geste symbolique pour montrer son courroux.
Pratique ancienne en diplomatie, le rappel d'un ambassadeur a été ordonné déjà à deux reprises par Emmanuel Macron par le passé. Le 24 octobre 2020, sur fond de contexte dramatique avec l'assassinat de Samuel Paty, le président décide du rappel de l’ambassadeur en poste à Ankara, après que le président Recep Tayyip Erdogan a remis en question la "santé mentale" du chef de l'Etat en raison de sa prétendue attitude négative envers les musulmans. Une déclaration qui avait été celle de trop pour la France, après un été déjà marqué par les tensions entre la Grèce et la Turquie, et l’incident entre la frégate Courbet et la frégate turque Oruçreis, survenu le 10 juin 2020.
Série de mesures
En 2019 aussi, l’année a été marquée par un autre rappel d’ambassadeur. Exceptionnellement, c’est l’un des pays les plus amis avec la France, l’Italie, qui en avait fait les frais. Le contexte est alors la crise des Gilets jaunes. Le 7 février 2019, Paris décide du rappel de son ambassadeur à Rome après que le ministre du travail Luigi Di Maio et le ministre de l’intérieur Matteo Salvini ont violemment critiqué la présidence française.
Dans nos archives, nous avons retrouvé un autre rappel d’ambassadeur, plus ancien et quelque peu oublié. C’était en 1985. L’Afrique du Sud vivait alors sous le régime de l’Apartheid, et l’opinion publique critiquait de plus en plus les liens forts qui unissaient toujours les pays occidentaux à l’Afrique du Sud. Le gouvernement de Laurent Fabius fut le premier parmi les grands pays occidentaux à manifester sa profonde désapprobation de la politique suivie par Johannesburg : « La France décide de rappeler aujourd’hui même son ambassadeur en Afrique du Sud ». D’autres mesures étaient également annoncées par le locataire de Matignon : « La France saisit dès aujourd’hui le Conseil de sécurité de l’ONU d’un projet de résolution condamnant les pratiques de l’Afrique du Sud en proposant une série de mesures précises à la communauté internationale. Troisièmement, tout nouvel investissement français en Afrique du Sud, dans quelque domaine, et sous quelque condition que ce soit, sera immédiatement suspendu. »