L'ACTU.
« Il y aura un avant et un après "été 2022". » Fin janvier, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, interrogé par Le Parisien, a annoncé s'attacher à améliorer « la quantité et la qualité de l’eau disponible, et la gestion des crises » alors que 2022 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée en France selon Météo-France. À l'été, la quasi-totalité du territoire métropolitain a fait l'objet de restrictions sur l'utilisation de l'eau.
Un été violent et exceptionnel avec d'importantes conséquences sur l'approvisionnement en eau donc, mais que le réchauffement climatique est en train de rendre habituel. Dans les colonnes du Parisien, le ministre confirme : « Cela ne va pas s’arranger : le Giec prévoit entre 10 et 40 % de baisse du niveau de nos cours d’eau d’ici à 2050. La nature ne nous laisse pas le choix. »
Le gouvernement souhaite donc diminuer « de 10 % le volume d’eau prélevée dans nos sous-sols d'ici à la fin du quinquennat ». Parmi les projets de l’exécutif : une forme d'« Ecowatt » de l'eau et améliorer la gestion de l'eau, notamment grâce à des restrictions, et en amont, car, dit Christophe Béchu, « en juillet, on ne peut plus corriger le tir ». Un besoin d'autant plus urgent que la France vient de battre son record hivernal de nombre de jours sans pluie. Avec 31 jours consécutifs depuis le 21 janvier, les 22 jours de l'hiver 1988-1989 viennent d'être battus. Le ministre a donc encouragé, fin février, les préfets à prendre dès lors des arrêtés de restrictions d'eau.
LES ARCHIVES.
« Nous allons bientôt manquer d'eau » alertait René Dumont en 1974. Deux ans plus tard, une première sécheresse hors normes touchait la France. Puis, en 1989 et 1990, la France subissait l'une de ses plus longues et intense sécheresse. À l'époque, des restrictions d'eau disparates et exceptionnelles avaient touché certains départements français jusqu'en plein hiver.
Alors que novembre 1989 allait débuter, les JT locaux poursuivaient leurs alertes sur le manque d'eau dans les réserves. Comme le rapportait l'archive de FR3 Alpes en tête d'article, par exemple, « l'ombre des restrictions plane sur Chambéry et ses environs. » L'été avait été très sec, les deux hivers sans neige : « résultat, la nappe phréatique est mise copieusement à contribution et le pire est encore à venir si le ciel ne se décide pas à mettre du sien. »
Éviter les pénuries avec l'aide des habitants
Les spécialistes de l'eau demandaient alors aux « habitants de faire la chasse au gaspi ». « Consommateurs, cherchez à limiter vos consommations car, par un acte volontaire, vous pouvez diminuer votre consommation de 10 à 20 %, ce qui devrait nous permettre de passer le cap avant la recharge des nappes et des sources », affirmait l'un d'entre eux.
Tout comme dans les années 1970 et que les chocs pétroliers avaient poussé les autorités à demander aux particuliers de faire des efforts pour réduire leur consommation d’électricité, en 1989, les citoyens étaient encouragés à faire des petits gestes. « Il suffit de tirer un peu moins souvent la chasse d'eau, (...) préférer les douches aux bains, éviter de laver les voitures, d'utiliser les Karscher de façon forcenée dans les entreprises de transports. »
Risque de restrictions sérieuses
Début janvier 1990, les journaux télévisés des antennes locales de FR3 poursuivaient leurs alertes quant à l'approvisionnement en eau. Dans l'archive de FR3 Auvergne ci-dessous, le présentateur ouvrait ainsi : « Madame, Monsieur, bonsoir. Pour la seconde année consécutive, la sécheresse d'hiver fait suite à la sécheresse d'été et si le phénomène se poursuit, d'ici à quelques mois la situation pourrait bien devenir catastrophique en ce qui concerne notre approvisionnement en eau. » Comme le montraient les images, les barrages auvergnats étaient bas ou vides et les nappes phréatiques en dessous de leurs niveaux habituels.
Le point sur les problèmes d'eau
1990 - 02:55 - vidéo
Jean Clérin, responsable hydraulique de Somival : « si la sécheresse continue, la catastrophe, peut être, nous n'y sommes pas encore, mais il risque d'y avoir des restrictions sérieuses qui seront envisagées par les pouvoirs publics, (...) au départ sur l'agriculture puis éventuellement sur l'usage industriel de l'eau. » Marc Boissier de l'Agence bassin L.B. encourageait à réduire la consommation d'eau dès l'hiver pour protéger les nappes : « ça peut paraître paradoxal, mais dès le mois de janvier, février, il faut penser à économiser, protéger l'eau dans la nappe alluviale. »
Une parole qui résonne donc aujourd’hui alors que, d'après les annonces de Christophe Béchu, les restrictions en dehors des périodes estivales se généraliseront.