En 1997, un pirate fait escale dans le sud de la France, avec à son bord le capitaine Paul Watson. À la télévision française, comme on l'entend dans le montage d'archives en tête d'article, sa présentation est longue : « Deux fois condamné à la réclusion à perpétuité au Portugal, au Canada, au Japon, aux États-Unis, sa tête a été mise sous contrat de mort à Taïwan et en Norvège. Il a coulé huit navires baleiniers, lacéré des milliers de kilomètres de filets dérivants et détruit à l’explosif une raffinerie d’huile de baleine. »
Paul Watson, ancien de Greenpeace, association pas assez radicale à son goût, fonde en 1977 Sea Shepherd, « le berger des mers », une ONG de défense des océans et pire ennemi des baleiniers. Les bateaux de Sea Shepherd vont au contact direct des braconniers des mers, des chasseurs de baleines hors la loi depuis le moratoire de 1986 qui interdit leur pêche à des fins commerciales.
« Nous ne blessons personne »
En 2007, Sea Shepherd barre la route dans le Pacifique Sud, à des baleiniers japonais. Dans cette bataille navale, les méthodes de Paul Watson sont critiquées, jugées trop violentes. En 2012 il s’en défend : « Sea Shepherd a une stratégie très claire, l’agressivité non violente. Nous ne blessons personne, nous n’avons jamais blessé personne et nous opérons dans le cadre de la loi même si nous pouvons avoir l’impression contraire ».
De la « non-violence agressive », c’est le credo de Paul Watson qui lui vaut en 2022 d’être évincé du bureau international de Sea Shepherd. Le mouvement se scinde en deux, les opposants à Paul Watson et les inconditionnels comme Sea Shepherd France. Pirate écolo pour les uns, éco-terroriste pour les autres, ses méthodes lui valent des poursuites judiciaires. « Les Japonais pensent qu’ils peuvent faire taire Sea Shepherd en m’attaquant, mais en fait ils nous rendent plus forts. »
Argument réaffirmé au cours de l'été 2024 par Paul Watson depuis la prison où il était détenu au Groenland. En l’arrêtant, c’est la chasse illégale de la baleine qui est revenue sur le devant de la scène internationale.