L'ACTU.
Mercredi 14 décembre, les joueurs de l'équipe de football marocaine ont eu tout un continent derrière eux lors du match de demi-finale de la Coupe du monde au Qatar contre la France. C'était la première fois qu'un pays du continent africain se qualifiait pour les demi-finales de cette compétition.
LES ARCHIVES.
Qualifiés pour la demi-finale contre la France, les Lions de l'Atlas n'avaient jamais été aussi loin lors d'une Coupe du monde. Leur meilleure performance jusqu'alors datait de 1986, où ils avaient été sortis en huitièmes de finale par l'Allemagne. Mais le Maroc a une longue histoire avec le football, « comme partout les gosses sont attirés par ce jeu qui fait courir le monde entier » appuyait l'archive de 1963 en tête d'article.
Déjà présent sur le sol marocain, notamment avec la création en 1902 à Casablanca du Club athlétique marocain, le football se développe avec le protectorat français. La Ligue du Maroc de football, organisée par la Fédération française de football, permettait la rencontre des équipes de football marocaines pour toutes les catégories d'âge. Une sélection régionale avait lieu pour représenter le territoire régionalement, À l'indépendance du pays, elle fut remplacée par le Championnat du Maroc de football, aussi appelée Botola.
Larbi Ben Barek, joueur franco-marocain de niveau international
C'est dans ce cadre qu'émergent des joueurs de grande qualité, tels que Larbi Ben Barek. Le franco-marocain fut sélectionné dans l'équipe marocaine, recruté par l'Olympique de Marseille en 1938 et fit partie de la sélection en équipe de France entre 1938 et 1954. L'archive en tête d'article, faisait le portrait de la star du ballon rond, surnommé la « perle noire ». Il avait quitté le football international depuis 1956. Il revenait sur la fin son parcours : « après 6 ans passés en Espagne [de 1948 à 1953, il remporte deux titres de champion d'Espagne], je suis retourné à l'Olympique de Marseille (...) ils avaient besoin de quelqu'un pour les renforcer. » Il fut sélectionné une dernière fois pour jouer avec l'équipe nationale : « J'ai eu le plaisir de jouer dans l'équipe de France, c'était mon dernier match, que j'ai joué à Hanovre. À 38 ans et demi, je suis représentant de l'équipe de France. » Sur des images, on le voit recueillir l'engouement des spectateurs, alors qu'il est sur le terrain.
Il poursuivait : « C'est grâce à la France que j'ai obtenu mon niveau international, au niveau des grands joueurs internationaux. » Un parcours impressionnant, « le tout jalonné par 16 sélections en équipe de France dont il fut pendant de longues années, l'une des plus grandes vedettes. »Il était désormais responsable d'initier les jeunes au football, comme les images le montraient.
Vers la professionnalisation des grands clubs
Le football marocain continua de se professionnaliser. En 1976, les Lions de l'Atlas remportèrent la Coupe d'Afrique des nations. Et l'équipe fut ensuite la première équipe d'Afrique à se qualifier pour les phases de poule de la Coupe du monde. À l'occasion de la qualification du Maroc pour la Coupe du monde 1994, RFO consacrait un long reportage au football marocain. Et notamment à ses clubs, porte d'entrée vers le football professionnel.
Dans l'extrait ci-dessous, le WAC, le Wydad Athletic Club, basé à Casablanca, ville qui abritait un quart des 16 clubs de National 1, intéressait le journaliste. « Le Wydad a ouvert une section football en 1939, son palmarès est le plus étoffé du royaume, 10 titres de champion, 5 coupe du trône, une coupe Arabe et une coupe d'Afrique des clubs champions. » Sur les images, les joueurs s’entraînaient, dans « un complexe sportif digne d'un club professionnel. »
Le WAC, l'image du football marocain sur le chemin du professionnalisme
1994 - 01:59 - vidéo
Le commentaire détaillait : « ici le professionnalisme, on y pense depuis longtemps. » Abdelmalek Sentissi, président du WAC, considérait son club comme « pratiquement mûr » : « nous avons pratiquement la structure d'un club presque professionnel. Je parle du WAC mais je pourrais en dire autant d'une dizaine d'autres clubs de première division. » Les joueurs disposaient d'une indemnité ainsi qu'une prime de signature en début d'année, en fonction de l'importance du joueur.
À l'époque, 27 000 licenciés étaient recensés. Aujourd'hui, grandement financée, la Fédération royale marocaine de football permet de faire vivre le football au Maroc, mais ne compte encore qu'environ 100 000 licenciés pour 37 millions d'habitants. L'objectif est donc le développement du football sur le sol marocain.