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Entre le Maroc et la France, une histoire en partie conjointe

Entre le Maroc et la France, une histoire en partie conjointe

Les relations entre la France et le Maroc sont notamment marquées par le protectorat français entre 1912 et 1956. 

Par Romane Laignel Sauvage - Publié le 12.12.2022 - Mis à jour le 11.09.2023
Signature de l'indépendance du Maroc - 1956 - 00:26 - vidéo
 

L'ACTU.

Le Maroc a été secoué dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023 par le plus important séisme de son histoire. Ressenti dans les régions autour de Marrakech, le dernier bilan faisait était lundi 11 septembre de plus de 2000 morts et autant de blessés. L'aide internationale s'organise, la France se montrant disposée à apporter son soutien et sa logistique pour tenter de retrouver des survivants. Le Maroc n'avait pas encore accepté cette aide lundi 11 septembre au matin.

LES ARCHIVES.

Le Maroc et la France ont une histoire en partie conjointe. Entre 1912 et 1956, le Maroc fut sous domination de l'empire colonial français, sous statut de protectorat.

Contrairement à l’indépendance de l’Algérie qui donna lieu à une violente guerre de 1954 à 1962, la décolonisation de la Tunisie et du Maroc fut moins brutale et plus courte. L’archive en tête d’article, issue des « Actualités françaises » montrait le moment solennel de la signature qui permit l’indépendance du Maroc : « À Paris, la France et le Maroc ont ouvert une nouvelle page de leur histoire. M. Christian Pineau, au nom de la France et Si Bekkaï, au nom de l'empire chérifien, ont apposé leur signature sur la déclaration commune qui constate la fin du traité de Fez et confirme solennellement la reconnaissance de l'indépendance marocaine. »

Dans cette séquence datant du 2 mars 1956, Christian Pineau, alors ministre des Affaires étrangères, mettait fin au traité de Fès, qui permettait l’organisation du protectorat français au Maroc, aux côtés de Mbarek Bekkaï, président du Conseil de gouvernement du Maroc. Ce dernier fut également signataire de l’acte d’indépendance du Maroc vis-à-vis de l'Espagne, un mois plus tard le 7 avril.

Le traité de Fès acte le protectorat français au Maroc

Depuis le XIXe, la France montrait une ambition coloniale au Maroc. Ambition qui fut renforcée par des accords avec le Royaume-Uni et l’Italie en 1904. Les trois puissances se divisèrent le Maghreb en sphères d’influence, sans consultation des dirigeants locaux. Il permit à la France de s'octroyer une grande partie du royaume chérifien, l'une des dernières zones non colonisée d'Afrique et également convoitée par l'Allemagne.

Divers événements géopolitiques liés aux rivalités des impérialismes européens en Afrique du Nord menèrent la France à asseoir son ascendant sur le pays. Suite à l'incident militaire d'Agadir en 1911, un traité franco-allemand laissa ainsi les mains-libres aux Français.

Le sultan Moulay Abdelhafid fut ainsi contraint de signer le traité de Fès le 30 mars 1912, traité qui formalisa le protectorat français au Maroc. Avec ce traité, le gouvernement local perdait sa souveraineté sur une grande partie de son territoire, désormais sous la dépendance de la France. Dans la ville de signature du traité, des émeutes sanglantes et des mutineries de soldats marocains eurent lieu en réponse. En octobre, l'Espagne obtint également un sous-protectorat dans le nord et le sud du pays.

La France représentée par ses militaires

La figure de sultan fut maintenue et l'autorité française au Maroc fut incarnée par un résident général.

Dans l'archive de 1951 ci-dessous, l'un de ces généraux était nommé, le général Guillaume. Il prenait la parole : « Appelé à l’honneur de représenter la France au Maroc, j'ai conscience de l'ampleur et de la difficulté de cette mission. Si je l'ai acceptée, c'est que, assuré de la confiance du gouvernement de la République, je sais pouvoir compter sur le concours de l’immense majorité de la population marocaine. »

Assuré, il ajoutait : « Le Maroc, auquel j'ai consacré vingt années de ma vie, est devenu pour moi une seconde patrie. Ma seule ambition est de développer, dans l'ordre et dans la paix, l'œuvre de la France-marocaine, dont la France porte aux yeux du monde la responsabilité. »

L'archive, issue des « Actualités françaises », construite sans mise en perspective, mettait en avant les actions de la France pour le développement du protectorat et montrait les honneurs auxquels avait droit le nouveau résident général. « C'est une foule enthousiaste qui l'accueille et l'accompagne », énonçait par exemple l'archive sur des images de milliers de Marocains.

Le général Guillaume au Maroc
1951 - 14:50 - vidéo

Une présence française jamais acceptée

Les présences françaises et espagnoles furent combattues, comme lors de la Guerre du Rif, entre 1921 et 1927, au nord du Maroc. Avec la seconde guerre mondiale et la défaite de la France en 1940, le mouvement indépendantiste s'affirma, notamment via le parti nationaliste l'Istiqlal, et réclama l'indépendance. Des soulèvements furent réprimés par les représentants français au Maroc.

Peine perdue, cela renforça les mouvements indépendantistes, notamment soutenus par le sultan et futur roi Mohammed V. Pour preuve de son soutien aux mouvements nationalistes, en 1947, celui-ci omit volontairement de rendre hommage à la France lors d'une cérémonie officielle.

L'archive des « Actualités françaises » ci-dessous montrait en novembre 1951 la position encore ferme de la France envers son empire. À l'Assemblée des Nations unies, Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, était venu « réaffirmer les droits imprescriptibles de la France en Afrique du Nord et plaider l'incompétence de l'ONU dans les problèmes tunisiens et marocains. »

Il rappelait la tâche que « la France a entrepris, continue et poursuivra en Afrique du Nord. »

Une résistance marocaine qui s'étend

Ce fut dans ces années-là que le Maréchal Juin et le général Guillaume furent nommés résidents généraux. Ils s'opposèrent au sultan, qui fut exilé et déporté au Madagascar en 1953. Les mouvements de révolte se poursuivirent.

En témoigne l'archive ci-dessous, qui rapportait la position de la France. Le résident général s'exprimait sur les « événements du Maroc », suite à un attentat nationaliste qui avait fait 6 morts le 14 juillet 1955 : « Ma première réaction a été de courir au plus pressé, c'est-à-dire au rétablissement de l'ordre. Je me suis trouvé en présence d'un problème excessivement délicat. (...) J'ai décidé de transformer la région de Casablanca en région militaire afin de pouvoir confier à un général le soin d'y rétablir l'ordre et la sécurité. »

Les évènements du Maroc
1955 - 11:40 - vidéo

Tandis que la situation se dégradait parallèlement en Algérie, la France accepta de négocier avec les Marocains. En 1955 d'abord le retour du sultan fut acquis, ce qui permit la construction d'un gouvernement marocain de transition autour de Si Bekkaï. L'indépendance fut finalement prononcée le 2 mars 1956.

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