L'ACTU.
Le Rassemblement National a dénoncé le 2 janvier 2024 «une cabale» après l'enquête du Washington Post l'accusant de liens persistants avec Moscou en vue d'affaiblir le soutien à l'Ukraine. L'accusation est récurrente depuis l'annexion de la Crimée en 2014, après un référendum controversé que Marine Le Pen avait jugé «sans contestation possible», six mois avant de contracter le prêt auprès de la banque tchéco-russe, que son parti a finalement remboursé en septembre 2023.
Un rapport de la Commission d’enquête parlementaire relative aux ingérences étrangères avait déjà relaté la relation « privilégiée » qui lie la Russie de Vladimir Poutine et le Front national, aujourd'hui Rassemblement national. Ce rapport, qui a fuité le 1er juin 2023, fait état, selon Médiapart, d'un lien qui est « ancré dans la durée ». Dès les années 1960 rappelle le média, Jean-Marie Le Pen avait « noué des contacts avec des nationalistes russes », qui reposaient sur des visions politiques similaires. Mais l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti d'extrême droite en 2011 a été un tournant dans la proximité avec la Russie. Le rapport note que le parti est ainsi devenu une « courroie de transmission efficace ». Au point que les votes au Parlement européens des élus RN « s’alignent systématiquement sur l’intérêt du régime russe ». Et ce notamment lors de l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014, année au cours de laquelle le parti avait obtenu un prêt russe de 9 millions d’euros.
Marine Le Pen avait estimé que ce rapport était « malhonnête et tout à fait politisé ».
LES ARCHIVES.
Marine Le Pen entretient des relations amicales depuis plusieurs années avec la Russie au point d’être l’une des seules responsables politiques françaises à avoir été reçue en tête-à-tête par Vladimir Poutine en mars 2017, quelques semaines avant la présidentielle.
Cette visite avait été largement relayée et commentée. Dans l’archive en tête d’article, la candidate s’affichait tout sourire aux côtés du maître du Kremlin. Leur poignée de main avait précédé un entretien de plus d'une heure au cours duquel ils avaient évoqué plusieurs affaires internationales comme la lutte contre le terrorisme ou la situation en Syrie.
À l'époque, Vladimir Poutine ne s’en cachait pas, c’était elle sa favorite pour l’Élysée, mais il se défendait de toute ingérence dans la campagne française déclarant devant les caméras : « Nous ne voulons d’aucune manière influencer les événements mais nous nous accordons le droit de rencontrer tous les représentants du pouvoir politique, tout comme les Etats-Unis et les partenaires européens le font ».
La crise ukrainienne de 2014
Entre Marine Le Pen et la Russie, tout avait débuté par une visite officieuse en 2013. En 2014, la cheffe du RN avait pris plusieurs fois position en faveur de la Russie. Elle avait notamment pris la défense de Vladimir Poutine lors de son intervention en Ukraine, et commenté son intervention déclarant sur France 3 le 24 février 2014 : « Vladimir Poutine s'est plutôt mis en retrait depuis un certain nombre de jours (...) Historiquement, Kiev est le berceau de la Russie, un tiers des habitants d'Ukraine est russophone, l'économie du pays est en grand partie liée à la Russie. C'est ainsi, il faut que tout le monde puisse être à la table des négociations. » Une déclaration à visionner ci-dessous.
Marine Le Pen sur Poutine et l'Ukraine
2014 - 00:54 - vidéo
En mai 2014, Marine Le Pen s’était aussi exprimée sur la crise en Crimée, prenant à nouveau le parti de la Russie, notamment en critiquant la position de l’UE : « Je pense qu’il est stupide de la part de l’Union européenne d’être entrée dans une sorte de guerre froide contre la Russie, rien ne le justifie. » Elle ajoutait qu’il fallait « avoir des relations équilibrées avec tous les grands pays » et que la Russie était « incontestablement un grand pays ». À l’époque, elle déclarait reconnaître la Crimée comme territoire russe si elle était élue.
Marine Le Pen reçue par Vladimir Poutine
2017 - 02:02 - vidéo
Le prêt russe
La même année, le parti de Marine Le Pen avait bénéficié d’un prêt de 9 millions d’euros auprès d’une banque russe, la « First Cezch Russian bank » dont le siège se situe à Moscou, pour rembourser les 40 millions d'euros de dépenses de campagne. Exhibant le dossier des refus de prêt des banques françaises, Marine Le Pen déclarait que c’était la seule banque à avoir accepté de leur prêter cet argent.
Prêt de banque russe au FN - Schaffhausser a empoché 100 000 euros
2014 - 01:43 - vidéo
En 2018, à l’occasion de la visite officielle de Vladimir Poutine en France à l’invitation d’Emmanuel Macon, Marine Le Pen avait réitéré son soutien à la Russie regrettant la position de l’UE qui a « claqué la porte au nez » à la Russie « un pays européen » traité « comme un[e] ennemi[e] ».
Marine Le Pen : la Russie "un pays européen"
2018 - 02:18 - vidéo
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, Marine Le Pen a dénoncé les livraisons françaises d'armes à l'Ukraine, «cela fait de nous des cobelligérants». Et maintenu un discours fait de sous-entendus.
Pour aller plus loin
20 heures de F2 : le Front national a emprunté à une banque russe. Compte rendu d'enquête concernant les prêts contractés par le "Front national" auprès d'une banque russe. (24 novembre 2014)
13h15 le dimanche : Aymeric Chauprade, missionnaire pour le FN en Russie. Gros plan sur Aymeric Chauprade, conseiller spécial de Marine Le Pen pour les relations internationales en déplacement à Moscou pour promouvoir les idées de la candidate en Russie. Sa rencontre avec l'oligarque russe Konstantin Maloveef, qui soutient Marine Le Pen et décrit ce que les russes aiment chez elle. (4 octobre 2015)
Vladimir Poutine : la fermeté affichée d'Emmanuel Macron. La rencontre à Versailles entre le président français et le président russe a soulevé de nombreux sujets sensibles. La visite de Marine Le Pen au Kremlin pendant la campagne présidentielle et le traitement d'Emmanuel Macron par les médias russes durant cette campagne ont été abordés. (29 mai 2017)
19-20 de F3 : Justice : Le RN face à ses créanciers. Le Rassemblement National poursuivi pour ne pas avoir remboursé un prêt de plus de 9 millions d'euros emprunté en Russie. (6 février 2020)