Les commémorations du débarquement allié en Normandie, le 6 juin 1944, n'ont pas toujours eu le retentissement médiatique et international qu'elles ont aujourd'hui, nous explique le sujet placé en tête d'article et diffusé sur France 3 le 5 juin 2020.
Au lendemain de la Libération, les premières commémorations, le 6 juin 1945, sont naturellement empreintes d'émotion et de recueillement. Cérémonies strictement militaires, et anglo-saxonnes, elles sont dirigées vers le souvenir récent des milliers de disparus, principalement Américains, Anglais et Canadiens, dans une région de Normandie ravagée par la guerre, et qui commence tout juste à se reconstruire. Une reconstruction sous l'égide du premier sous-préfet de la France Libre, Raymond Triboulet, nommé par le général de Gaulle à Bayeux le 15 juin 1944.
Le sujet de France 3 explique que le général de Gaulle aura toujours boycotté ces commémorations, qu'il jugeait celles des Anglo-Saxons. Une façon de marquer aussi sa désapprobation de la façon dont s'était réalisé le débarquement en Normandie, comme il devait l'expliquer à son ministre de l'information Alain Peyrefitte en 1964, année du vingtième anniversaire du débarquement. Des confidences sur sa dispute avec Winston Churchill et la stratégie des Américains que Peyrefitte révélait dans son C'était de Gaulle, publié en 1997. En 1964, le général commémorait ainsi le débarquement allié en Provence, le 15 août 1944, pour bien marquer que le débarquement de Provence était le débarquement des Français (la grande majorité des troupes alliées étant constituées des Français de la 1ère armée du général de Lattre de Tassigny), par opposition au débarquement anglo-saxon de Normandie.
Une commémoration internationale
C'est en 1984 que les commémorations du 6 juin 1944 prennent le visage international qu'on leur connaît aujourd'hui. François Mitterrand invite pour la première fois sur les plages normandes la reine Elizabeth II et le président américain Ronald Reagan. Le président de la République reconnaît aussi les Français du débarquement, les 177 membres du commando Kieffer, en déposant une gerbe à leur monument, à Ouistreham. En 1994, les commémorations incluent également le rappel du martyr des populations civiles normandes, 20 000 morts comptabilisés pour la première fois par des historiens caennais.
En 2004, pour les 60 ans du débarquement, grande première avec une cérémonie franco-allemande : Jacques Chirac et Gerard Schröder sont réunis au mémorial pour la paix de Caen. Pour la cérémonie internationale à Arromanches, aux côtés de 21 souverains, chefs d’État et de gouvernement, Vladimir Poutine est également invité pour ne pas oublier les 20 millions de morts côté soviétique de la Seconde Guerre mondiale.
2014, les 70 ans du débarquement sont célébrés avec encore plus d'ampleur à Ouistreham, alors que la situation internationale se tend avec la crise ukrainienne. « Plus que jamais, explique le sujet de France 3, le D day est une plateforme pour la vie politique et diplomatique du monde. Obama et Poutine sont presque côte à côte pour la cérémonie, mais ils se sont parlés quelques heures auparavant au déjeuner donné au château de Bénouville, où le président russe a aussi rencontré pour la première fois le nouveau président ukrainien » Petro Porochenko.
Enfin, 2019 marque le 75e anniversaire du débarquement. Nouveauté de cette édition, c'est le secteur canadien qui pour la première fois est mis à l'honneur, et c'est donc le Premier ministre Justin Trudeau qui symboliquement accueille son homologue français, Édouard Philippe, sur la plage de « Juno Beach », la plage dévolue aux Canadiens en 1944.
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