LE CONTEXTE.
Il y a un an, le dernier survivant des 177 Français à avoir débarqué le 6 juin 1944 en Normandie, Léon Gautier, mourait à l'âge de 100 ans. Un hommage lui avait été rendu par Emmanuel Macron sur la plage de Ouistreham.
L'ARCHIVE.
Le jour du débarquement sur les plages normandes, le 6 juin 1944, l'ancien quartier-maître du Courbet qui était arrivé en Angleterre en juillet 1940, débarquait à Colleville-Montgommery, avec le célèbre commando Kieffer. Ils furent les seuls représentants de la France à débarquer ce jour-là. Léon Gautier avait 21 ans.
70 ans après, le 6 juin 2014, âgé de 91 ans, il revenait avec beaucoup d'émotions sur les lieux. Face à Élise Lucet, les souvenirs du nonagénaire étaient encore très vivaces. Il racontait que le « D Day » avait été très bien préparé en amont et confiait que lui et ses camarades étaient avant tout très concentrés sur leur objectif : « Débarquer rapidement et ne pas traîner sur la plage, ne pas se faire blesser et il fallait aller prendre le bunker rapidement ». Il y avait 15 bunkers sur la plage. Leur objectif suivant était de prendre le casino.
Au cours de l'interview, Élise Lucet cherchait à comprendre ce que ce jeune homme de 21 ans avait ressenti. De la peur ? De l'impatience ? Mais la réponse du vieil homme était différente : « On s'était tellement entraînés avec les forces spéciales, entraînement à balles réelles bien-sûr », que personne n'avait ressenti de peur. Ce débarquement préparé avec minutie ne représentait pour eux qu'une sorte d'exercice grandeur nature. À l'exception des morts et des blessés, dix hommes du commando périrent le 6 juin sous les balles allemandes. 70 ans après, c'était d'ailleurs l'hommage à ses « copains » morts sur la plage qui l'émouvait le plus.
Du devoir de transmettre
Malgré son âge avancé, Léon Gautier regardait vers l'avenir et insistait sur l'importance du mot « vétéran » et sur la notion de transmission. Il était sorti indemne de ce conflit et continuait à transmettre dans les collèges et lycées : « Je leur dis d'être très méfiants dans leur vie. Je leur apprends ce qui s'est passé, bien-sûr, et d'être très vigilant. Et je suis très content de voir cette jeunesse très assidue. ».
Ce jour-là, derrière lui, le vétéran était fier de présenter son petit-fils. Devenu commando de Marine, il avait pris la relève. Et c'était très ému que Léon Gautier confiait que « dès l'âge de 6 ans, il avait mis [son] béret vert sur sa tête et il m'a dit : un jour moi aussi j'aurais le mien ! Et je crois qu'il a tenu parole », concluait-il.
Le jour de la cérémonie cette postérité était au centre des préoccupations du Président de la République qui déclarait : « Quoi qu'il arrive, la flamme de la Résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ».
Le 1er janvier 2021, Léon Gautier a été élevé dans la dignité grand officier de la Légion d'honneur. Emmanuel Macron l'avait décoré publiquement à l'occasion de cette 81e cérémonie du 18 juin.
Un peu d'histoire
Le 6 juin 1944, un commando, composé de 177 Français, débarquait en Normandie aux côtés des Anglo-saxons. Sur les hommes engagés, 75% périrent au terme des opérations. Le commando Kieffer était les hommes du 1er bataillon de Fusiliers Marins Commandos (1er BFMC) créé au printemps 1942 en Grande-Bretagne par la France libre.
Commandée par le capitaine de corvette Philippe Kieffer, l'équipe était intégrée à la Special Service Brigade britannique au sein du Commando Interalliés numéro 10. Détachés au sein du commando britannique numéro 4 avant le D-Day, 177 d'entre eux s'illustraient en participant au Débarquement de Normandie. Ils étaient les seuls représentants de la France à débarquer sur les plages.
Ils participèrent aux combats qui suivirent en Normandie. Le 1er bataillon de fusiliers marins commandos était fort de deux Troops (troupe) de combat (1 et 8) et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns). Sur les 177 commandos qui débarquèrent le 6 juin 1944, 10 furent tués le jour même puis 10 lors des jours suivants. Seuls 24 hommes terminèrent la campagne de Normandie. Ils avaient combattu 78 jours alors qu'ils ne devaient initialement combattre que 3 ou 4 jours.
JT Basse Normandie soir : « Nos histoires du jour J n°1 » : Léon Gautier (commando Kieffer). Témoignage de Léon Gautier qui faisait partie du commando Kieffer. Ces commandos avaient débarqué à Ouistreham le 6 juin 1944. Il explique les conditions du débarquement, « l'eau était noire, le bruit terrible ». Il se souvient des premiers Français rencontrés. (1994)
Pour aller plus loin
1964, des vétérans du commando Kieffer racontent.
« Ici et là » documentaires et magazines normands : Léon Gautier et Le commando Kieffer. A travers des photos, des archives et le témoignage de Léon Gautier, l'histoire du commando Kieffer est retracée depuis le camp d'entraînement en Ecosse. Témoignages de Léon Gautier et d'André Bagot. « On était des frères ». (1 juin 1994)
Normandie première Basse Normandie : rencontre avec Léon Gautier, ancien du commando Kieffer. A l'occasion du 55ème anniversaire du débarquement, rencontre avec Léon Gautier. La mission du commando : prendre Ouistreham, les 10 tués le premier jour et 37 blessés les jours suivants. Le sens de la commémoration : éviter que la guerre ne recommence, préserver le souvenir. (4 juin 1999)
JT Basse Normandie soir : Léon Gautier décoré de l'ordre de l'empire britannique. Léon Gautier est décoré de l'ordre de l'empire britannique. Retour sur son parcours de guerre. (10 février 2010)
12 13 Edition Basse Normandie : portrait de Léon Gautier, 93 ans, vétéran du commando Kieffer. (6 juin 2014)
12-13 Edition Basse Normandie : les hommes du jour J, témoignages... : Léon Gautier. Léon Gautier évoque son engagement à 17 ans, sa formation, son recrutement dans le commando Kieffer,les combats, le débarquement, le jour de la capitulation... (30 mai 2016)