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Landru, le « Barbe-Bleue de Gambais »

Landru, le « Barbe-Bleue de Gambais »

Le 25 février 1922, après quatre mois de procès, Henri-Désiré Landru était condamné à mort. Accusé de 11 assassinats, il allait devenir l'un des plus célèbres tueurs en série français de l'histoire. Retour sur cette affaire qui défraya la chronique.

Par Florence Dartois - Publié le 05.11.2021 - Mis à jour le 23.02.2022
L'affaire Landru, il y a 40 ans - 1961 - 02:36 - vidéo
 

Le 7 novembre 1921 s'ouvrait à Versailles le procès de Henri-Désiré Landru. Celui que la presse surnommait le « Barbe-Bleue de Gambais » était accusé d'avoir assassiné dix femmes et le fils de l'une d'entre elles. Victimes qu'il avait fait disparaître après les avoir dépecées, en les brûlant dans son poêle à bois.

L'archive en tête d'article retrace cette affaire criminelle qui fascina la France entière.

L'affaire débute en 1915. A cette époque, Landru, escroc notoire possède déjà un casier judiciaire bien fourni puisque ses multiples condamnations pour escroqueries qui ont lui valu de passer plus de six ans en prison. A sa sortie, il se fait discret mais entreprend dans l'ombre d'escroquer des femmes esseulées, très nombreuses au sortir de la guerre. Il s'intéresse aux veuves ou vieilles filles en quête de mariage. Alors qu'il est marié, il se fait passer pour un veuf vivant dans une maison qu'il loue à plusieurs endroits, mais notamment à Gambais en Seine-et-Oise (actuel département des Yvelines). Mais l'escroquerie va se transformer en boucherie. Sa première victime se nomme Jeanne Cuchet. Il vole son argent puis brûle le corps dans le four de sa maison. Pendant plusieurs années, sous de nombreux pseudonymes, Landru va piéger de nombreuses femmes, les séduire pour s'emparer de leurs économies. Il fera disparaître 10 d'entre elles définitivement.

De l'enquête à l'arrestation

En 1918, plusieurs de ces disparitions sont signalées à la police. Deux des affaires semblent liées et l'inspecteur Jules Belin ordonne l'ouverture d'une enquête qui aboutira en avril 1919 à l'arrestation du suspect.

Dans cette archive audio de 1964, des témoins ayant côtoyé Landru racontent comment ils ont contribué à son arrestation. Monsieur Fouillard raconte comment sa femme a identifié M. Freymier alias Landru, dans un magasin, l'a suivi et est allée à la police. L'inspecteur Belin en charge de l'enquête dévoile les détails de l'arrestation d'un certain Guillet, qui n'était autre que Landru, la nuit du 12 avril 1919. Il parle des carnets découverts à son domicile.

Landru
1964 - 08:47 - audio

« Devant son immeuble, mon cœur s'est mis violemment à battre. [...] En accord avec le concierge, je pénètre dans l'immeuble. [...] Lucien Guillet refuse de me suivre. Je le dépose de force dans un taxi. [...] Dans son veston, je retrouve dans un carnet les onze noms des victimes de ce misérable. »

Dans sa villa de Gambais, on retrouve des restes d’ossements humains calcinés, on trouve également des agrafes, des épingles, des morceaux de corset, des boutons en partie brûlés. La police récupérera aussi des os calcinés et des bouts de dents. Sa cheminée avait d'ailleurs déjà attiré à plusieurs reprises l’attention du voisinage, gêné par l’odeur pestilentielle qu’elle dégageait, certaines nuits. En 1976, sur Antenne 2, un habitant de Gambais détaillait la perquisition.

Landru, l'assassin de Gambais
1976 - 06:10 - vidéo

« Ce jour-là, je suis rentré dans la maison de Landru lors des recherches. C'est à ce moment-là que j'ai vu la cuisinière. J'ai participé au ramassage des os. Il y avait une vingtaine de tas d'os ».

Un procès retentissant

Inculpé et écroué, Landru doit répondre de 11 assassinats devant la cour d’assises de Seine-et-Oise (10 femmes et le fils de l'une d'entre elles). L’instruction de l’affaire ayant été largement relayée par la presse, le procès du "Barbe-bleue de la villa de Gambais" est attendu avec impatience. Le procès s’ouvre le lundi 7 novembre 1921, à Versailles. Des personnalités se pressent aux audiences.

Défendu par maître Moro-Giafferi, Landru entend prendre part aux débats, niant jusqu'au bout être l'auteur des crimes dont on l'accuse, mais concédant toutefois avoir escroqué ses supposées victimes. Il fera preuve d'une éloquence souvent provocante devant la Cour. Après 20 audiences, l'accusé est condamné à mort sur un faisceau de présomptions convaincantes. Il fait appel. Le 3 février 1922, la cour de cassation rejette le pourvoi de Landru. Le 16, le ministre de la justice Louis Barthou rejette la demande de révision. Le 24, le président de la République Alexandre Millerand rejette le recours en grâce.

Landru est exécuté, à l’aube, le samedi 25 février, devant la prison Saint-Pierre de Versailles, sans faire de révélations ultimes.

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