En 2012, l'Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 21 mars «Journée internationale des forêts ». Cette journée est l'occasion de rappeler leur importance capitale dans la préservation de la biodiversité et dans l'équilibre de la biosphère et de célébrer la diversité des multiples essences d'arbres. ce peuple des forêts a été étudié par un forestier allemand. En 2017, le livre de Peter Wohlleben, La vie cachée des arbres, remportait un succès mondial auprès des lecteurs. Dans ce livre, fruit de trente ans d'étude du comportement des arbres, il dévoilait un monde secret et fascinant, très peu étudié jusqu'alors.
Dans son ouvrage, Peter Wohlleben, ingénieur-forestier expliquait que les arbres aimaient vivre en société, communiquer et échanger des informations, grâce à leurs racines. Au fil des pages, il dévoilait un monde solidaire insoupçonné.
Des « êtres exceptionnels »
Avant de partir à la rencontre de cet amoureux des bois, l'archive en tête d'article résume son propos. Dans le journal du 20h00 de France2 diffusé le 29 mars 2017, Nicolas Châteauneuf, aidé d'une animation 3 D, résumait les grandes découvertes décrites dans ce livre et montrait de manière très pédagogique la gamme des moyens de communication utilisée par les arbres. Un incroyable « réseau racinaire » où circule des « impulsions électriques ».
Nicolas Châteauneuf décrivait les multiples stratégies mises en place par les arbres pour s'entraider, se soigner et survivre aux agresseurs : « Pour certaines espèces, même si l'arbre malade finit par mourir, son compagnon va continuer à l'aider. Les arbres restent solidaires même au-delà de la mort. », expliquait-il. Leur autre botte secrète : des techniques d'autodéfense sophistiquées : « Par exemple, si c'est une biche, ils envoient dans leur rameaux des tanins toxiques qui vont rendre les feuilles amères. »
Le journaliste racontait ensuite comment les arbres pouvaient contrôler leur démographie et développer une forme de mémoire.
Dans la forêt « solidaire » de Peter Wohlleben
Dans l'archive ci-dessous, en mai 2017, Peter Wohlleben nous guide au cœur de la forêt qu'il a étudiée durant plusieurs années : « Dans cette forêt de hêtres on peut voir comment vivent les arbres depuis 4000 ans. C'est l'une des rares forêts primaires d'Allemagne. »
Sur le chemin, il marque une pause près de trois chênes qui ont grandi ensemble et vivent enlacés. C'est grâce à ces « triplés» que le forestier a compris quelque chose de fondamental, que les arbres formaient une communauté, «ici c'est comme une petite famille, il est fort possible que ce soient des frères et sœurs », affirmait-il, alors, ajoutant que les mères pouvaient reconnaître « leurs propres enfants. Elles les font grandir en leur donnant des substances nutritives comme si elles les allaitaient».
Dans la suite de la promenade, le garde-forestier présente une souche d'arbre tombée près d'un autre géant de la forêt, mais qui continue toujours à vivre : « Cela fait 200 ans que l'arbre est tombé mais l'arbre voisin continue à nourrir la souche par les racines… l'arbre donne sans aucune condition. C'est un être social, c'est comme de l'aide sociale. Celui qui ne va pas bien, on s'occupe de lui, jusqu'à ce qu'il aille mieux."
Selon lui, les arbres communiqueraient à l'aide de substances chimiques, ils pourraient compter les jours plus chauds qui annoncent le printemps et donneraient le signal du bourgeonnement. En conclusion, Peter Wohlleben souhaitait qu'on les considère comme des êtres vivants : « Respecter les arbres, c'est aussi nous respecter nous-même. Nous sommes la nature, et quand on protège la nature, on se protège d'abord nous-même, ce que beaucoup de gens ne comprennent pas. »
La vie secrète des arbres
2017 - 03:19 - vidéo
Une société connectée en réseaux
Dans cette autre archive extraite du magazine « Envoyé spécial», en octobre 2017, Peter Wohlleben utilisait une magnifique métaphore du couple amoureux pour parler de deux arbres : « Ils prennent soin l'un de l'autre et poussent de façon à ne pas se gêner. Ici les branches les plus hautes ne vont pas vers son ami mais dans la direction opposée, vers l'extérieur, comme s'il respectait l'espace de l'autre. Et au niveau des racines, à l'inverse, ils sont complément entrelacés, comme si ils ne formaient qu'un. Et si l'un des arbres venaient à tomber, l'autre mourait très vite ensuite. C'est comme un vieux couple qui a passé sa vie ensemble, celui qui reste n'a plus envie de vivre. »
Cette vision des arbres, Peter Wohlleben avouait ne pas l'avoir toujours eu. Au départ, il les voyait comme un gagne-pain, mais, « peu à peu, j'ai appris à regarder les arbres » jusqu'à comprendre qu'ils formaient une société, avec ses couples, ses amis et ses familles. Le forestier montrait ensuite ce qu'il appelle « l'Internet de la forêt » : « des filaments blancs, ce sont des champignons, il y en a partout dans la forêt. C'est ça qui relie les arbres entre eux . Et à travers ce réseau, ils échangent des informations... »
A la fin du reportage, Peter Wohlleben confiait que son rêve serait de comprendre ce que les arbres se racontaient.
Peter Wohlleben, ingénieur forestier
2017 - 06:00 - vidéo
Pour aller plus loin :
D'autres extraits du magazine Envoyé spécial : Le monde secret des arbres. La sensibilité des arbres (26 octobre 2017); les bains de forêt du Japon (26 octobre 2017)
Des arbres remarquables :
Pays Salonnais : le platane de Lamanon Une légende affirme que Catherine de Médicis qui rendait visite à Nostradamus aurait planté ce platane de Lamanon, qu'on appelle sur place « la platane ». Personne ne connaît l'âge du platane, mais on sait que c'est le premier platane planté sur une place en Provence. Il fait 40 mètres de diamètre, couvre au sol 1600 mètres carrés, 20 mètres de haut, et n'a jamais été taillé. (21 janvier 2000)
Les arbres remarquables de l'agglomération tourangelle. Au même titre que les châteaux et autres monuments historiques, certains arbres font partie de notre patrimoine. Sur les 8.200 hectares de forêt que compte l'agglomération tourangelle, la Société d'horticulture de Touraine a choisi de rendre hommage à certains de ces monuments naturels, et de les valoriser dans une plaquette de présentation. (21 août 2012)
Les arbres remarquables des Côtes d'Armor (19-20 Edition Bretagne Pays de la Loire, 04 avril 2016)
Ginkgos bilobas de St Sulpice Laurière (19 20 Edition Limousin, 06 août 2017)
D'autres programmes sur les arbres :
C'est mieux ensemble : la sylvo-thérapie. A la Vieille Loye, l'association des Villages de la forêt de Chaux organise des visites afin de faire connaître les arbres et leurs vertus. Découverte de la sylvo-thérapie que pratiquaient les druides. (30 avril 2004)
David Lefort nous parle des forêts et des arbres, notamment de cette capacité qu'ils ont à communiquer entre eux et à se défendre. (12 novembre 2013)
Il était une forêt. Reportage consacré à la sortie au cinéma du documentaire "Il était une forêt" de Luc Jacquet. Le cinéaste a filmé les forêts vierges et primaires tropicales entre Congo et Pérou accompagné par le botaniste Francis Hallé (12 novembre 2013)
Grand Format : La mémoire végétale. La Grande Guerre a fait des millions de morts, elle a aussi détruit des milliers d'hectares de forêt. Aujourd'hui encore des arbres centenaires portent les stigmates de la guerre et constituent ainsi une mémoire végétale de cette période. (26 décembre 2015)